La Bible du non-fongible – Chainalysis détaille la folie NFT en chiffres

Un engouement enfin expliqué – Le secteur des NFT affole les compteurs depuis 2020. Les opportunités en or se mélangent aux projets plagiés, transformant les places de marché en véritables foires d’empoigne. La firme spécialisée dans l’analyse des données on-chain vient de publier son rapport sur les NFT. Quelques semaines après son rapport sur le blanchiment d’argent, Chainalysis tire la sonnette d’alarme sur le wash trading, une pratique qui s’est largement installée dans le secteur.

Le marché des NFT en quelques chiffres

Dans son rapport de 24 pages, Chainalysis détaille l’émergence, puis l’explosion du secteur des NFT au cours des 2 dernières années. Et les chiffres ont de quoi faire tourner la tête.

  • En 2020, 106 millions de dollars ont été envoyés vers les smart contracts Ethereum (ETH) liés à des plateforme NFT ;
  • En 2021, ce volume 44 milliards de dollars ;
  • 80 % des NFT mis en ligne grâce à l’outil de mint gratuit d’OpenSea sont des plagiats d’oeuvres originales ou du spam ;
  • Dans 28,5 % des cas, les NFT achetés sur OpenSea pendant le mint donnent lieu à une plus-value ;
  • Contre 65,1 % réalisant une plus-value en achetant puis revendant sur le marché secondaire.

On constate donc un volume d’échange en constante augmentation depuis 2 ans, et ce, malgré la correction générale des crypto-actifs depuis novembre 2021.

Nombre de collections de NFT actives sur la plateforme d'échanges de tokens non fongibles OpenSea en 2021
Nombre de collections actives sur OpenSea en 2021 – Source : Chainalysis

Derrière les gros chiffres, des pratiques pas très nettes

Comme nous vous l’expliquions, il est primordial de bien choisir sa plateforme NFT. Mais cela ne suffit pas à éviter les projets vides, douteux ou tout simplement plagiés à partir d’œuvres originales. N’est pas Disney qui veut ! Bien que la folie NFT soit indéniable, certains chiffres sont à nuancer. En effet, ce rapport pointe également une pratique nocive pour l’écosystème.

La principale alerte sonnée par Chainalysis concerne le wash trading. Cette technique consiste à faire monter artificiellement la valeur d’un NFT. Débusquée il y a quelques mois déjà, cette stratégie a largement participé au gonflement des volumes sur les différentes plateformes.

« En utilisant le logiciel Chainalysis, nous sommes en mesure de voir si une personne achète un jeton en utilisant les fonds de la personne qui a vendu ce même jeton. Voici la définition du wash trading. »

Kim Grauer, directeur de la recherche pour Chainalysis

Chainalysis a mis au point un logiciel permettant d’identifier cette pratique. Les résultats de son enquête indiquent en avant que cette technique n’est pas rentable. Enfin, seulement pour une petite poignée d’individus. En effet, les frais de transaction limitent les profits potentiels. Étant donné que la personne faisant du wash trading est à la base des 2 transactions, elle paie les frais 2 fois.

Pour autant, certains (peu nombreux) parviennent à tirer leur épingle du jeu pour être rentables. Chainalysis a identifié 110 adresses ETH qui se sont ainsi partagés 8,9 millions de dollars. Du fait des frais engagés, cette pratique est surtout accessible aux très gros portefeuilles.

Le secteur NFT est encore une zone grise en termes de régulation (un peu plus encore que les cryptos au sens large). Comme Grauer le souligne, « l’art est largement connu pour sa contribution au blanchiment d’argent », ce qui devrait alerter les législateurs au sujet des NFT. Elle estime également que cette tendance va continuer, malgré les outils mis en place, ce qui précipiterait probablement la régulation de ce secteur.

Jeff Makvs

Enfant d’internet, j’essaie de me coucher chaque soir moins bête que la veille, notamment en observant la blockchain et ses acteurs. Je me réjouis de partager mes découvertes dans cet écosystème fascinant et avant-gardiste dès que j’en ai l’occasion : avant j’écrivais dans mon journal, maintenant j’écris dans le vôtre !