Ethereum en 2024 : entre ETF, défis réglementaires et succès fulgurant des rollups

Ethereum est un protocole en perpétuelle évolution. Que ce soit au niveau de son layer-1, que du côté de son écosystème DeFi. Ainsi, l’année 2024 fut sans grande surprise riche en évolution et défis pour le réseau. Entre adoption des rollups, défis réglementaires et adoubement institutionnel, le réseau a consolidé son rôle central dans l’écosystème crypto. Revenons ensemble sur les différents évènements qui ont marqué Ethereum en 2024.

Hard fork Cancun-Deneb : l’ère du proto-danksharding

En 2024, Ethereum a été témoin d’une seule mise à jour majeure, ou hard fork. Le 13 mars 2024, le hard fork Cancun-Deneb a été déployé sur le mainnet d’Ethereum.

Dans les faits, il s’agit d’un hard fork majeur dans la stratégie de scalabilité d’Ethereum. En effet, le réseau mise sur ses solutions de seconde couches et autres rollups pour assurer sa scalabilité. En pratique, le hard fork Prague-Electra aurait dû être déployé au dernier trimestre de 2024, mais a été reporté à 2025 face à sa complexité.

Ainsi, le hard fork Cancun-Deneb a introduit une évolution majeure à travers l’EIP-4844. Cet EIP introduit les Blobs, un nouvel espace de stockage dans les blocs. Concrètement, ces espaces de stockage permettent aux rollups de stocker leurs données à moindre coût.

Il s’agit d’un mécanisme central, car les L2 dépendent de ces données pour assurer la vérification des preuves qui sont publiées on-chain. Ainsi, cela permet de limiter le coût de publication des L2 sur le L1, améliorant par la même occasion les performances. Une aubaine pour les utilisateurs qui ont vu les frais de transactions sur les rollups s’effondrer.

Les résultats ne se sont pas fait attendre. Dès les premières 24 heures qui ont suivi l’activation de Cancun-Deneb, le layer-2 Base a enregistré pas moins de 2 millions de transactions.

Adoption massive des rollups : la tendance Ethereum de 2024

Voici une transition toute trouvée pour parler du grand phénomène de 2024 sur Ethereum : les layers-2 et autres rollups.

Depuis l’annonce de la roadmap « rollup-centric » par Vitalik Buterin en 2022, les layers-2 ont bien évolué. En effet, en 2022, ils n’en étaient qu’à leurs balbutiements.

Après un premier essor en 2023 de solutions telles qu’Arbitrum ou Optimism, les layers-2 ont continué leur essor en 2024.

La TVL (Total Value Locked) des rollups a ainsi plus que doublé, passant de 21 milliards en janvier à 58 milliards en décembre, selon les données compilées par L2Beat.

Base, le rollup développé par Coinbase, s’est positionné comme le grand gagnant de cette année. Le rollup a enregistré des pics d’activité avec jusqu’à 11 millions de transactions journalières fin novembre.

Base a même réussi l’exploit de dépasser Arbitrum en TVL, en atteignant 5,16 milliards de dollars, un record historique pour un layer-2 aussi jeune.

Approbation des ETF Spot Ethereum début 2024

L’année 2024 restera également marquée par l’approbation tant attendue des ETF Spot Ethereum par la SEC américaines. 

Après des années de refus, l’autorisation de ces produits financiers a permis à de nombreux investisseurs institutionnels de s’exposer directement à l’ETH, sans avoir à détenir directement l’actif sous-jacent.

Il aura cependant fallu attendre le mois de juillet pour que les ETF soient officiellement ouverts.

Depuis, ces derniers ont connu des hauts et des bas. Toutefois, la récente hausse généralisée des marchés crypto a impacté positivement les ETF Spot Ethereum. Ainsi au début du mois de décembre, ces ETF ont enregistré pas moins de 1,7 milliard de dollars de volume en l’espace de 48 heures.

Procès Tornado Cash : les défis réglementaires

Côté régulation, Ethereum a dû composer avec un environnement toujours plus exigeant, notamment aux États-Unis.

Ainsi, l’affaire Tornado Cash, qui oppose les développeurs du protocole à la justice américaine, a fait état de plusieurs développements. Cette affaire qui a commencé en août 2023 avec l’arrestation des deux développeurs a connu un important rebondissement.

En effet, au début du mois de novembre, la justice américaine a désavoué l’OFAC dans l’affaire Tornado Cash. Une décision perçue comme une petite victoire pour la décentralisation et l’open source, mais qui ne marque pas pour autant la victoire des deux développeurs.

L’essor de la DeFi : Lido, Aave et EigenLayer

En parallèle des avancées techniques, la DeFi sur Ethereum a continué son expansion en 2024. Parmi les protocoles emblématiques de cette année, nous retrouvons le trio de tête des protocoles DeFi en termes de TVL : Aave, Lido et Eigenlayer.

Lido, leader du staking liquide, a vu sa TVL atteindre 30 milliards de dollars, un nouveau record pour le protocole.

Toutefois, cette domination croissante dans le monde du Liquid Staking n’est pas sans poser quelques questions au sein de la communauté Ethereum.

Aujourd’hui, Lido contrôle plus de 28% des ETH déposés en staking, ce qui en fait le premier opérateur de nœuds validateur du réseau.

En cas de faille critique, les conséquences pourraient être dramatiques. Un bug affectant Lido pourrait entraîner une perturbation massive du réseau, voire mettre en danger sa stabilité et les fonds des utilisateurs. Cette crainte a failli se concrétiser en novembre 2023, lorsqu’une faille potentielle dans les validateurs Lido a été découverte. Heureusement, celle-ci a été détectée et corrigée avant d’être exploitée, évitant ainsi un scénario catastrophe.

De son côté, Aave, le géant des prêts décentralisés, a franchi la barre symbolique des 33 milliards. Une hausse qui permet à Aave de devenir le plus gros protocole DeFi de l’industrie. Désormais, la plateforme flirte avec les 40 milliards de dollars de TVL et semble inarrêtable.

Enfin, comment parler de 2024 sans aborder l’essor du restaking et du protocole EigenLayer. Pour rappel, le restaking vise à réutiliser les ETH déposés en staking pour sécuriser d’autres chaînes ou protocoles.

Ainsi, EigenLayer comptabilise désormais près de 20 milliards de dollars de TVL. Il a notamment fait parler de lui en mai dernier avec la distribution d’un airdrop massif à ses utilisateurs.

Solana : le Némésis d’Ethereum en 2024

Évidemment, les blockchains concurrentes à Ethereum ont, elles aussi, évolué en 2024.

Ainsi, Solana, souvent présenté comme le challenger le plus sérieux, a multiplié les records face à l’essor de l’écosystème des memecoins. 

Si bien, que les volumes d’échange sur les DEX du réseau ont explosé pour atteindre 116 milliards de dollars au mois de novembre.

Du côté de l’activité on-chain, même constat. En effet, Solana a su attirer plus de 100 millions d’utilisateurs actifs mensuels. D’une part, du fait de son expérience utilisateur souvent plus agréable que celle sur Ethereum. D’autre part, grâce à l’explosion des memecoins sur Solana grâce à Pump.fun.

Perspectives pour 2025

L’année 2025 démarrera sur les chapeaux de roues avec le hard fork Prague Electra, prévu pour le premier trimestre. En pratique, les développeurs ont décidé de scinder la mise à jour en deux pour faciliter son déploiement. De ce fait, elle sera déployée en deux mises à jour distinctes au début de l’année 2025.

Une des évolutions les plus attendues de Prague-Electra concerne l’augmentation du solde effectif maximal des validateurs. Ainsi, l’EIP-7251, également appelé MaxEb permettrait de réduire l’augmentation du nombre de validateurs sur le réseau, qui aurait pu engendrer de nombreux problèmes de stabilité.

Entre l’implémentation de Cancun-Deneb, l’explosion des rollups et les défis posés par Solana et la régulation, 2024 a prouvé qu’Ethereum n’a rien perdu de sa superbe. Mais la compétition est rude, et le réseau devra continuer d’innover et de développer ses L2 pour conserver son avance.