Un réseau pour les connecter tous. Le clin d’œil au Seigneur des Anneaux est facile mais il n’en reste pas moins pertinent tant Swift cherche à rester au centre des systèmes de paiement internationaux. Alors que les monnaies numériques de banques centrales (MNBC) fleurissent aux quatre coins du monde, mais que l’ancien monde existe bel et bien toujours, la Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication (SWIFT) veut jouer un rôle dans la future transition monétaire en connectant le passé et le futur. C’est pourquoi elle mène deux expérimentations en parallèle qui concernent à la fois des banques centrales, des autorités monétaires nationales, mais aussi des banques commerciales.
Fort des 11 500 institutions qu’il connecte quotidiennement, le réseau SWIFT veut réussir à faire cohabiter MNBC et monnaies traditionnelles de manière efficiente et sécurisé tout en restant au centre du jeu. Direction la capitale belge qui abrite l’organisation depuis sa création en 1973, pour faire le point sur l’avancement des expérimentations.
Le projet d’interopérabilité entre les MNBC passe en phase bêta…
Avant d’aller plus loin, quelques chiffres pour cerner les enjeux autour de ces MNBC et des systèmes de paiements internationaux. Selon The Atlantic Council, think tank américain spécialisé dans les relations internationales, 130 pays expérimentent actuellement une MNBC, ce qui représentent tout de même 98% du PIB mondial. Ainsi, parmi les pays du G20, ils sont 19 a être à un stade avancé de développement et neuf sont en phase pilote. Le hic ? Au delà des considérations éthiques, politiques ou philosophiques à propos du bien fondé des ces MNBC, chacun s’occupe dans son coin de son projet sans se préoccuper de ce que fait le voisin. Or, ceci pourrait mener à un paysage fragmenté où les connexions entres ces différentes MNBC serait compliquées. Et c’est là que SWIFT entre en jeu.
L’organisation développe ainsi depuis quelques mois un système d’interopérabilité entre différentes MNBC qui va entrer dans une nouvelle phase. Plus précisément, ce sont deux expérimentations qui sont menées en même temps mais qui portent sur ce même principe de communication entre différents systèmes : MNBC-MNBC mais aussi MNBC-monnaie fiat. C’est ainsi que le 13 septembre, on a appris que trois banques centrales, dont celle du Kazakhstan, et l’autorité monétaire de Hong Kong étaient passées à la phase bêta de la « solution de connecteur de MNBC ». Ces institutions vont intégrer ce nouvel outil à leurs systèmes et devraient mener des tests de transactions dans les semaines à venir.
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…pendant que 30 institutions de premier plan poursuivent ses expérimentations élargies
Dans le même temps, l’autre versant des expérimentations se poursuit dans le « bac à sable » développé par SWIFT. Lancé en mars dernier avec 18 institutions financières dont la Banque Royale du Canada, la Banque de France, la Société Générale, BNP Paribas, l’Autorité monétaire de Singapour, HSBC, la Deutsche Bundesbank et NatWest, ces tests grandeur nature vont se poursuivre et même s’étoffer puisque ce sont maintenant 30 organisations qui sont concernées. L’idée est de tester les paiements numériques via des plateformes de commerce international, de créer des modèles de taux de change, de mettre en place de nouveaux systèmes de « livraison d’argent » et donc de paiements transfrontaliers.
Car il faut savoir qu’actuellement 89% des transactions sont traitées en une heure environ selon les données de SWIFT. L’objectif est d’améliorer ces performances tout en garantissant le même niveau de sécurité. Voici ce qu’en dit Tom Zschach, directeur de l’innovation chez Swift :
« Nous nous concentrons sur l’interopérabilité en veillant à ce que les nouvelles monnaies numériques puissent coexister de manière transparente entre elles mais aussi avec les monnaies fiduciaires et les systèmes de paiement actuels. La communauté financière a déjà reconnu le fort potentiel de nos innovations MNBC pour prévenir les îlots numériques tout en reliant en toute sécurité les systèmes de paiement d’aujourd’hui et de demain. Cette prochaine phase de tests et d’exploration nous aidera à affiner davantage la solution pour garantir qu’elle est aussi efficace que possible et à grande échelle. »
SWIFT intègre également les actifs tokenisés dans ces différents tests pour qu’ils puissent circuler également entre les différents systèmes coexistant le jour où ils seront déployés massivement. Si on en croit les travaux de l’organisation belge et ceux des banques centrales concernées, la question n’est plus « est-ce que les MNBC vont exister » mais plutôt «quand » ! Car tout est question de timing dans cette affaire…
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