Retour sur le discours très politique de Javier Milei au Forum Économique Mondial (WEF)
Dangereux fasciste ou héros de la liberté ? Le moins qu’on puisse dire, c’est que le nouveau président argentin fraichement élu ne laisse personne indifférent ! À l’heure des réseaux sociaux qui ont la fâcheuse tendance à polariser les débats, les déclarations clivantes de Javier Milei déchirent les rédactions des grands médias, divisent les familles et déclenchent des réactions souvent épidermiques. Il faut dire que le monsieur n’a pas l’habitude de la langue de bois et qu’on l’aime ou pas, il faut lui reconnaitre une certaine fraicheur qui dénote dans un monde politique souvent trop lisse.
À l’occasion d’un discours au Forum Économique Mondial (WEF), le président argentin s’est livré à une plaidoirie pour la liberté d’entreprendre et a dénoncé, avec véhémence, les positions étatistes, voire liberticides, des grandes démocraties du monde. Retour sur une intervention très politique que certains ont considérée comme un pied-de-nez au parterre de dirigeants qui assistaient, médusés, à la conférence.
Un président détesté par la gauche progressiste et adulé par les anti système
Avant d’aller plus avant dans l’analyse du discours du Président Milei, un mot d’abord sur les réactions politiques suscitées par son élection et notamment en France. Il ne nous appartient pas de déterminer si les électeurs argentins ont fait le bon choix pour leur pays, mais attardons-nous un instant sur les déclarations d’une partie de la classe politique française, vent debout comme ce « fasciste des temps modernes ». Du Parti Socialiste aux Écologistes en passant par la France Insoumise et même par le parti présidentiel Renaissance, de nombreuses personnalités s’accordent à dire que Javier Milei représente le mal incarné. Voici un florilège des épithètes trouvés dans la presse hexagonale : « réactionnaire, misogyne, anti-IVG, climatosceptique, homophone, transphobe, ultralibéral et populiste d’extrême droite ». Voilà, le décor est planté, à vous de vous faire un avis.
Mais retour maintenant sur son intervention au WEF qui a secoué la cryptosphère, attirée par ses diatribes anti élite et anti système et par son discours libertarien où Bitcoin pourrait même pointer le bout de son nez à tout moment. Car les valeurs défendues par le M. le Président font évidemment écho aux cypherpunks de la première heure qui voulaient moins d’État, moins de contrôle des institutions gouvernementales et plus de liberté au sens large. En cela, Javier Milei représente un petit espoir pour une partie non négligeable de la communauté crypto qui a tendance à le soutenir malgré ses excès verbaux et sa tronçonneuse à idées !
Javier Milei remet en question la place de l’État dans nos sociétés modernes
Dans son discours d’environ vingt minutes, il a multiplié les critiques ouvertes contre les démocraties modernes et contre un Occident qui sabote le futur de ses propres peuples. La preuve avec sa première phrase :
« Aujourd’hui, je suis ici pour vous dire que le monde occidental est en danger. Et il est en danger parce que ceux qui sont censés devoir défendre les valeurs de l’Occident sont récupérés par une vision du monde qui conduit inexorablement au socialisme et donc à la pauvreté. »
Javier Milei, Président de l’Argentine, discours au WEF – Source : weforum.org
Puis il va se livrer à une relecture de l’histoire mondiale pour montrer et prouver que c’est le capitalisme qui a mis fin à des siècles de pauvreté et de misère dans le monde :
« Loin d’être la cause de nos problèmes, le capitalisme de libre-échange en tant que système économique est le seul instrument dont nous disposons pour mettre fin à la faim, à la pauvreté, voire même à l’extrême pauvreté sur notre planète. Les preuves empiriques sont incontestables. »
Javier Milei, Président de l’Argentine, discours au WEF – Source : weforum.org
Une ode aux entrepreneurs, seuls vrais héros de notre époque
Ensuite, il est temps de désigner les coupables de tous les malheurs du monde et surtout de ceux de son pays :
« Aujourd’hui, les États n’ont plus besoin de contrôler directement les moyens de production pour contrôler tous les aspects de la vie des individus. Avec des outils tels que l’impression de monnaie, la dette, les subventions, le contrôle des taux d’intérêt, le contrôle des prix et des réglementations pour corriger les soi-disant défaillances du marché, ils peuvent contrôler la vie et le destin de millions d’individus (…).
Ils [journalistes, penseurs, politiciens, etc…] disent tous que l’État devrait diriger tous les aspects de la vie des individus. Ils défendent tous un modèle contraire à celui qui a conduit l’humanité aux progrès les plus spectaculaires de son histoire. »
Javier Milei, Président de l’Argentine, discours au WEF – Source : weforum.org
Il poursuivra en saluant le courage, la pugnacité et l’importance des chefs d’entreprises dans son discours. Il les exhorte à ne pas se laisser « intimider par la caste politique ou par les parasites qui vivent aux dépens de l’État », à ne pas « céder à une classe politique qui veut seulement rester au pouvoir et conserver ses privilèges », avant de conclure de la façon suivante :
« Ne cédez pas aux avancées de l’État. L’État n’est pas la solution. L’État est le problème lui-même. Vous êtes les véritables protagonistes de cette histoire et soyez assurés qu’à partir d’aujourd’hui, l’Argentine est votre alliée fidèle et inconditionnelle.
Merci beaucoup et vive la liberté ! »
Javier Milei, Président de l’Argentine, discours au WEF – Source : weforum.org
Au milieu d’un Forum Économique Mondial historiquement convaincu de l’importance des institutions internationales, ces mots ont résonné comme une petite révolution ! Il faut dire que la trajectoire économique de l’Argentine ne plaide pas en faveur des politiques financières internationales mises en œuvre par le FMI et la Banque Centrale locale en concertation avec les gouvernements successifs. Inflation hors de contrôle, dévaluation de la monnaie, dette abyssale, exode de la jeunesse, le Président Milei a trouvé un pays à genoux qu’il essaye de relever. Y arrivera-t-il avec sa méthode très personnelle ? On le souhaite ardemment. Pas forcément pour lui, mais surtout pour les Argentins.