La banque des banques (BIS) présente son « système financier pour l’avenir » inspiré de la blockchain
L’internet de la finance : Finternet. Voici le néologisme créé par la banque des règlements internationaux (BRI) et qui va désigner le « nouveau système financier pour l’avenir ». Après avoir largement critiqué les cryptomonnaies décentralisées et les stablecoins privés, la banque des banques a tout de même décidé d’utiliser la technologie blockchain pour réfléchir à un nouveau système basé sur des « registres unifiés » : Finternet. Le directeur général de l’institution a esquissé les contours de son projet et on a lu le document pour vous.
La Banque des règlements internationaux veut lancer son internet de la finance : Finternet
La Banque des règlements internationaux (BRI), qui s’appelle en anglais la Bank for International Settlements (BIS), est une institution financière internationale créée en 1930 qui est contrôlée par les grandes banques centrales du monde. Chargée de la stabilité monétaire et financière du monde, cette « banque des banques » vient donc de livrer quelques pistes sur son nouveau projet d’internet de la finance appelé Finternet dans un article co-signé par le patron de l’institution Agustin Carstens.
Il s’agit grosso modo d’un système de registres unifiés (unified ledger) inspirés de la technologie blockchain qui va permettre d’améliorer le système financier mondial actuel. Voici ce qu’on peut lire dans le document :
« Des registres unifiés pourraient éliminer une multitude de problèmes du système financier actuel en améliorant la rapidité, la conformité et la confidentialité du système financier. Ces registres unifiés rassembleront plusieurs marchés d’actifs financiers […] en tant qu’objets exécutables sur des plateformes programmables communes. »
Agustin Carstens, directeur général de la BRI – Source : document de travail de l’institution
Conscient des limites techniques actuelles, la BRI voit de nombreux avantages à la mise en place d’un tel système :
« Même lorsque les individus utilisent des interfaces frontales sophistiquées pour effectuer des transactions soi-disant numériques, en coulisses, les mouvements d’argent et d’autres actifs financiers dépendent souvent des propriétaires de bases de données privées et cloisonnées pour initier et traiter les transferts. »
Agustin Carstens, directeur général de la BRI – Source : document de travail de l’institution
Plusieurs réseaux unifiés pour interagir avec le système financier traditionnel
Cependant, il n’est pas question de mettre en place un seul registre, mais plutôt un ensemble de réseaux communicant entre eux, mais aussi avec le système financier traditionnel, selon Agustin Carstens. L’idée est d’utiliser ce Finternet via des applications qui permettront d’interagir avec l’ensemble des différents systèmes existants et à venir. Comme on peut le voir sur l’illustration ci-dessus, l’utilisateur serait au cœur de ce Finternet qui lui permettra d’interagir avec des applications financières, des banques centrales et commerciales, des compagnies privées et différents protocoles.
Enfin, la tokenisation des différents actifs financiers sur ces réseaux se fera sous la supervision d’une entité chargée du contrôle des exigences règlementaires dont la création est également proposée dans le document. La BRI veut évidemment garder la main sur ce qu’il se passera sur son réseau auquel elle réfléchit depuis plusieurs mois maintenant. Agustin Carstens en avait déjà parlé en février de l’année dernière dans son rapport 2023 et plusieurs banques centrales travaillent déjà en concertation pour mettre au point les futurs échanges d’argent tokenisé.
Ce type de système ayant pour but d’unifier différents réseaux est déjà dans les cartons du géant des paiements SWIFT et même dans ceux du FMI. Tous deux réfléchissent à la manière d’unifier les différentes monnaies numériques de banques centrales (MNBC) au sein d’un seul et unique réseau. Et au rythme où tout cela évolue, il y a fort à parier qu’on voit très prochainement les premiers tests à grande échelle de ce Finternet, ou d’un projet à peu près équivalent.