Banque Centrale de Finlande : les cryptos sont une “erreur”

Le rapport récemment publié par la Banque Centrale de Finlande et rédigé par le directeur du département de la Digitalisation, Aleksi Grym, est loin d’être anodin. Nommé « La grande illusion des cryptomonnaies », le directeur explique sur 18 pages en quoi la nature fondamentale de l’argent est toujours mal comprise, et comment Internet ainsi que les réseaux sociaux ont ”brouillé notre sens de la réalité et de la fiction”.

La monnaie ne peut pas être digitalisée

Récemment classé comme le « pays le plus heureux au monde » en 2018 par une organisation proche des Nations Unies, la Finlande ne semble pas être une terre d’accueil pour les cryptomonnaies. Plus que le pays nordique lui-même, c’est plutôt la Banque Centrale de Finlande qui n’est pas très partisane de ces monnaies alternatives.

L’année 2008 fut une année de premier choix pour l’inventeur de Bitcoin; mais cette année en particulier est marquée dans l’esprit des économistes finlandais par un choc terrible qui affecta l’économie du pays. Le secteur de la métallurgie, les exportations, l’industrie technologique et bien d’autres encore avaient été affectés lourdement, faisant chuter l’économie finlandaise de 8,5 % l’année qui suivit. La banque centrale se protégerait-elle donc contre une quelconque bulle spéculative ?

Selon le directeur de la digitalisation, les cryptomonnaies ne sont pas de véritables monnaies à proprement parler, mais plutôt des « systèmes de comptabilité pour des actifs inexistants« . Aleksi Grym avance que les technologies de « registres distribué » (distributed ledgers, DLT), comme la blockchain, sont les mêmes que d’autres systèmes d’archivage : « sans rapport avec les caractéristiques fondamentales de l’argent”.

Il continue :

« À toutes fins pratiques, ce registre est un registre centralisé. Le fait qu’il y ait plusieurs copies synchronisées, réparties sur un réseau, n’est pas pertinent, car chacune d’entre elles a les mêmes données ».

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Une monnaie numérique pourrait-elle vraiment exister ?

L’étude mentionne de nombreuses analyses sur Bitcoin (BTC) et sur les cryptos en général, mais toutes présentent une vision des plus négatives. Ces dernières sont décrites comme des instruments spéculatifs où une bulle s’est déjà formée et dont la « valeur fondamentale est nulle« . Concernant l’éventualité que des monnaies numériques soient émises par une institution gouvernementale, Grym stipule qu’elles « constitueraient principalement des comptes bancaires centraux pour le grand public » et dans la foulée, les discréditent. Son rapport souligne qu’ « il est douteux d’avancer que la décentralisation d’une nouvelle infrastructure de paiement présentera d’importants avantages comparativement à celle qui est utilisée aujourd’hui. »

Plus loin dans son rapport, le directeur en charge de la digitalisation note que la définition de l’argent a changé avec le temps, mais qu’il est normalement décrit comme une unité d’échange, une réserve de valeur, mais aussi une unité de compte. Grym affirme que l’argent n’est pas créé « à partir de rien » mais provient plutôt de la transformation de la liquidité, contrairement aux cryptomonnaies (ce qu’il sous-entend bien évidemment).

Aux dernières nouvelles, la Finlande et ses chercheurs penchaient plutôt vers une approche plus positive envers ces monnaies alternatives. Pourrait-on dire maintenant que le vent a tourné ?

Sources : Bank of Finland ; CoinTelegraph || Image from Shutterstock

Jean-Armand Figeac

Jean-Armand est basé à Zürich et travaille depuis 2018 comme Consultant Blockchain pour l’entreprise phare du marché suisse des télécommunications . Son parcours dans la Fintech a débuté en 2016 comme analyste risque de crédit au sein d’une start-up Zurichoise. Il a oeuvré de nombreuses années pour diverses entreprises internationales de renom, des PME et TPME sur trois continents durant ces dix dernières années. Diplômé d’un Master en Banque et Finance de l'Université de Lucerne, Jean-Armand passe la majeure partie de son temps libre à perfectionner ses connaissances dans les langues étrangères telles que le russe, le swahili, l’arabe et l’allemand.