Russie : la première banque du pays va quitter le projet blockchain de sa Banque Centrale
Sberbank, premier établissement bancaire russe, vient d’annoncer qu’il quittera incessamment le projet Masterchain porté et mis en place par sa propre Banque Centrale il y a 2 ans.
Basé sur fork Ethereum, Masterchain, trop lent, trop archaïque et trop…centralisé, n’a toujours pas été en mesure de convaincre son consortium d’utilisateurs, et ce en dépit des sommes importantes injectées dans le projet.
Sberbank souhaite dorénavant se tourner vers des leaders de la blockchain d’entreprise afin de s’assurer prendre ce tournant stratégique dans les meilleures conditions.
Un projet blockchain ambitieux
C’était en juin 2017, pour ainsi dire il y a deux ans, jour pour jour : La Banque Centrale russe indiquait prévoir de déployer un fork de la blockchain Ethereum au profit d’un consortium bancaire national. L’ambition : permettre aux adhérents d’une association FinTech créée ad hoc, Fintechru de bénéficier des bienfaits de la blockchain pour leurs activités financières.
Si les responsables indiquaient alors que l’architecture Ethereum nécessiterait de larges adaptations afin de se conformer aux usages cryptographiques nationaux russes, une feuille de route ambitieuse était alors annoncée : des cas d’utilisations et de productions devraient commencer à être présentés mi-2018.
Malheureusement, conformément à la règle en matière de projet blockchain – fussent-ils portés par une Banque Centrale d’envergure – non seulement le planning n’a pas été respecté, mais bien pire ; il semble qu’en dépit d’une débauche de moyens et de financements, le produit soit bien en deçà des attentes, poussant certains acteurs majeurs à s’en désolidariser !
Masterchain, ou comment faire du vieux avec du neuf
Actant officiellement sa déception, c’est ainsi Sberbank, la principale banque russe et membre de Fintechru, qui indique qu’après avoir expédié les affaires courantes, elle s’en ira disrupter la blockchain sous d’autres cieux. Raison invoquée : Masterchain serait trop lent, peu souple, pas franchement fiable et surtout… trop centralisé ! Et quand une Banque Centrale vous dit que quelque chose en rapport avec la blockchain est trop centralisé, il faut vraiment se poser des questions.
C’est par la voix d’Oleg Abdrashitov, chef du laboratoire blockchain de l’institution qu’il est possible d’avoir plus de détails. Ainsi, dressant une sorte de liste de tout ce qu’un projet blockchain ne devrait PAS être il est reproché à Masterchain :
- Une blockchain trop centralisée. Masterchain est opéré par la Banque Centrale et quelques partenaires dans le cadre d’une blockchain privée.
- Pas de registre distribué. La structure est intégralement hébergée sur un serveur de l’association Fintechru, on repassera pour la distribution…
- Masterchain exige que les participants payent le GAS (on n’oubliera pas qu’on est sur un Ethereum-like), contrairement aux usages dans le cadre de blockchains d’entreprises.
- La gouvernance n’est pas claire. Les représentants de Sberbank indiquent que personne ne leur a clairement expliqué selon quelles mécaniques s’effectue la distribution des jetons ou la gestion des portefeuilles.
- Le système est lent. Un fichier de 30 ko demande de longues minutes à être chargé sur la blockchain. Bienvenue en 1998.
- Rigide et pas adaptable. Un tâche unique à la fois et la nécessité de redéployer une branche intégrale du réseau pour effectuer d’autres opérations.
- La possibilité de réécrire le registre. Péché capital s’il en est dans ce contexte, le nombre de nœuds est si bas (le nombre de 5 est évoqué), que réécrire le registre est bien trop facile pour inspirer confiance.
Sberbank a donc statué : l’établissement quittera Masterchain à l’issue des opérations actuelles et se tournera vers des solutions de blockchain d’entreprises telle que celles proposées par Hyperledger Fabric ou Quorum (respectivement développées par IBM et JPMorgan).