Forum de Davos : cryptomonnaies et banques centrales, mode d’emploi
L’empire contre-attaque – Le Forum économique mondial de Davos est une réunion annuelle des plus influents leaders politiques et financiers de la planète. Il était donc assez évident que le sujet des monnaies numériques de banques centrales (MNBC) allait forcément être abordé. Une « boite à outils » a ainsi été imaginée, pour faciliter la création de MNBC dans tous types de pays !
Un « toolkit » à monnaie numérique pour tous
Ce 22 janvier, les organisateurs du Forum économique mondial (WEF) – en association avec pas moins de 40 banques centrales – ont révélé un long rapport de 28 pages sur leur « réveil » face aux monnaies numériques.
Ce rapport se veut comme une boîte à outils pour les décideurs politiques, afin de les aider à mettre en place des monnaies numériques de banques centrales dans leurs nations respectives.
« (…) toute mise en œuvre de monnaies numériques par les banques centrales, y compris éventuellement avec la technologie des blockchains, aura un impact profond au niveau national et international (…) Il est impératif que les banques centrales procèdent avec prudence », Sheila Warren, responsable blockchain et DLT du WEF
Selon le WEF, cette boîte à outils couvre toutes les catégories de pays : petits ou grands, émergents ou développés. Tout le monde aurait ainsi plus de faciliter à concevoir sa monnaie numérique étatique sur mesure.
MNBC de détails, de gros, hybride, transfrontalière : il y en aura pour tous les goûts !
Le rapport du WEF détaille également les différentes sortes de monnaies numériques de banques centrales. L’occasion de passer en revue les festivités potentielles qui nous attendent au coin de la rue.
Entre celles destinées aux particuliers (de détails), celles uniquement prévus pour les banquiers (de gros) ou pour les échanges transfrontaliers, l’on peut également retrouver une MNBC dite « hybride ». Dans ce dernier modèle, une banque centrale ne serait pas émettrice de la monnaie numérique mais seulement gardienne des réserves de banques de détails, qui assureraient l’émission auprès des particuliers (à droite ci-dessous).
On apprend également qu’en plus de la Banque populaire de Chine (et son DCEP) ou de la Banque centrale européenne, d’autres banquiers centraux se sont précipités dans la course aux MNBC. Ainsi, la Banque centrale des Caraïbes orientales, la Banque nationale du Cambodge, la Banque centrale de l’Uruguay et la Banque de Thaïlande auraient déjà commencé à exploiter cette boîte à outils pour accélérer leurs études d’une monnaie numérique d’État.
Quant aux registres distribués et une hypothétique composante blockchain, si ces briques potentielles devaient être exploitées, elles devraient rester contrôlables par la banque centrale :
« (…) La Banque centrale pourrait déléguer l’approbation des transactions à un réseau plus décentralisé, (…) mais l’approbation des transactions (…) devrait inclure des privilèges pour la banque centrale, tels que des pouvoirs de « veto » sur les transactions, ou leur visibilité ».
Les décideurs politiques et financiers du monde entier semblent (enfin) réaliser la portée révolutionnaire de Bitcoin et des cryptomonnaies. Malheureusement, quand on consulte ce rapport sur les monnaies numériques de banques centrales, on se dit surtout que leur réponse est de « faire du neuf avec du vieux ». Pour le meilleur ou pour le pire ?