EOS : possible collusion entre producteurs de blocs chinois ?
Quand 21 gros bonnets dirigent un système ploutocratique, la blockchain ne change pas grand chose au problème. Comme souvent, c’est sur Twitter qu’a émergé l’info : un utilisateur a signalé qu’un document interne à Huobi, l’un des 21 block producers d’EOS, circulait dans la communauté chinoise. Ce document présenterait la démonstration d’une collusion d’ampleur entre Huobi et d’autres BP, dans un système de votes en vase clos à l’aide duquel certains BP se maintiendraient à leur poste… Touchant ainsi les émoluments liés à leur rôle central.
Remarque : depuis la publication de l’article, EOS Alliance a publié un communiqué de presse pour donner sa position sur cette affaire de collusion. Si cela était avéré, le comité d’arbitrage (avec l’assentiment de la communauté) et les producteurs de blocs prendront des dispositions – car de telles pratiques sont interdites par la Constitution d’EOS. |
De gentils Block Producers pas du tout centralisés
Je précise tout de même dès le départ que je n’ai pas eu accès au document originel. Je me limiterai à vous présenter les accusations portées par l’utilisateur qui se trouve derrière le compte Twitter « Maple Leaf Capital », se présentant comme un investisseur détenant des EOS.
Recently, an internal excel document from Huobi (one of the BPs) is circulating in the Chinese community. This file documents the collusion, mutual voting, and pay-offs that occur amongst the Chinese BP community. I’ m working on getting the file.
— MapleLeafCap 📜👟🀄️🔫 (@MapleLeafCap) September 26, 2018
S’appuyant sur un article en chinois, disponible ici, il attaque en détaillant par le menu une probable collusion de Block Producers, au premier titre desquels on trouverait Huobi, BP qui se serait livré à des achats de vote ainsi qu’à des échanges de vote avec d’autres BP, afin que tout ce petit monde se maintienne aux commandes de la blockchain EOS.
D’après lui, le tableau précédent démontrerait qu’Huobi aurait voté pour près de 20 BP, tandis que 16 de ces 20 auraient, en contrepartie, voté pour Huobi.
Fournissant ensuite cette capture d’écran, le lanceur d’alerte croit savoir qu’Huobi aurait touché des rétrocommissions en récompense de son aide au maintien du statut de ces BP. Par exemple, sur leurs revenus ensuite touchés du fait de leur position, l’auteur pense que les BP eospaceioeos, cochainworld et eosiosg11111 auraient consenti à verser respectivement 170%, 150% et 70% de leurs revenus à Huobi.
…with an additional point, currently at least 12 of the top 21 BPs are effectively controlled by China. This in my opinion could increasingly compromise the integrity of the network.
— MapleLeafCap 📜👟🀄️🔫 (@MapleLeafCap) September 26, 2018
Une situation ubuesque qui conduit l’accusateur à se questionner sur le degré réel de concentration des BP, avec de possibles BP répartis géographiquement en plusieurs endroits de Chine mais qui pourraient servir de “proxies” à paiements.
Une situation déjà prévue, une constitution impuissante
Pour rappel, dans un système en DPoS, une telle situation pourrait tout à fait être avérée, en cela qu’elle n’aurait rien de bien exceptionnel. C’était même une des premières critiques adressés à EOS par Vitalik Buterin, fondateur d’Ethereum. Il envisageait le DPoS comme une “porte ouverte à la création de cartels ploutocratiques” dans son article de blog “La ploutocratie reste mauvaise” (Ploutocracy is still Bad) en date de fin mars 2018.
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Cet article, qui détaillait déjà de façon assez prophétique la probable situation dans laquelle le réseau EOS se trouve aujourd’hui, avait entraîné une réponse assez surprenante de la part d’Evolution OS, groupe de développeurs EOS : sommairement, ils ne contestaient pas la validité des critiques de Buterin et la faisabilité d’une telle coalition malveillante de BP, mais espéraient l’éviter dans l’avenir.
« Blockchainiser » une organisation sociale en imposant que le hash d’une “constitution” serve d’en-tête à tous les blocs de ladite blockchain ne réglerait donc en définitive aucun des problèmes déjà observés dans une organisation humaine collective classique. S’il faut encore savoir raison garder, c’est peu dire que de reconnaître que la situation semble peu reluisante pour EOS. Affaire à suivre, à n’en pas douter, lorsque nous aurons d’autres éléments à vous communiquer.
Sources : Trustnodes ; Chepicac ; Medium ; Vitalik Buterin’s Website || Images from Shutterstock & Giphy