Vitalik Buterin s’interroge sur les applications crypto associées à l’IA
Intelligence cryptographique. La plupart du temps, l’innovation se perd dans l’élan qu’elle s’impose à elle-même. Une dynamique instable trop peu souvent accompagnée d’une prise de recul nécessaire. Car les adeptes de cette course en avant voient ce genre de pause indispensable comme une volonté de leur barrer la route. Pourtant, le fait même d’avancer nécessite à chaque fois de se demander où l’on va, au risque de se retrouver nulle part… dans le meilleur des cas. Un exercice d’auto-analyse dans lequel excelle le fondateur du réseau Ethereum, Vitalik Buterin. Et il est cette fois question de l’interconnexion – jugée par certains comme inévitable – entre cryptomonnaies et intelligence artificielle (IA).
Crypto et IA : quelques points de convergence, mais…
Depuis l’apparition historique de ChatGPT, le secteur de l’intelligence artificielle (IA) s’impose sur le devant de la scène. Une innovation au sein de laquelle les cryptomonnaies tentent de se trouver une place. Certains voyant dans cette rencontre numérique l’émergence d’une utilisation du Bitcoin comme monnaie native de ce nouveau paradigme.
Mais il existe deux approches résolument distinctes au sujet de l’intelligence artificielle. Car face à l’euphorie que cette technologie déclenche chez certains, d’autres tentent de voir comment la blockchain pourrait sauver l’humanité de ses dérives éventuelles.
Deux salles, deux ambiances. Et finalement des avis bien souvent soutenus par des convictions personnelles trop rarement soumises à l’exercice de la prise de recul nécessaire. C’est la raison pour laquelle Vitalik Buterin vient de publier un article sur le sujet sur son blog personnel. Au programme : « La promesse et les défis des applications crypto + IA. »
« Il est facile de créer des synergies à un niveau superficiel : la décentralisation des cryptomonnaies peut équilibrer la centralisation de l’IA , l’IA est opaque et la crypto apporte de la transparence, l’IA a besoin de données et les blockchains sont bonnes pour stocker et suivre les données. Mais au fil des années, lorsque les gens me demandaient d’approfondir et de parler d’applications spécifiques, ma réponse était décevante : « oui, il y a quelques éléments mais pas tant que cela ». »
Vitalik Buterin
Des applications prometteuses en lien à la blockchain et aux cryptomonnaies
Vitalik Buterin se présente lui-même comme un techno-optimiste convaincu. Mais cela ne l’empêche pas de prendre le temps d’essayer de voir plus loin. Comme par exemple en pointant avec fermeté les risques et défaillances possibles en lien aux innovations actuelles… cryptomonnaies incluses.
Toutefois, le fondateur du réseau Ethereum estime qu’il « existe en effet des applications prometteuses de l’IA au sein des écosystèmes blockchain, ou de l’IA associée aux cryptomonnaies. » Mais ce simple constat ne doit pas rayer trop rapidement de l’équation le fait de « faire attention à la manière dont l’IA est appliquée. »
« Un défi particulier est le suivant : dans le secteur des cryptomonnaies, l’open source est le seul moyen de sécuriser quelque chose. Mais en ce qui concerne l’IA, le fait qu’un modèle (ou même ses données d’entraînement) soit ouvert augmente considérablement sa vulnérabilité aux attaques adverses d’apprentissage automatique. »
Vitalik Buterin
Car l’un des principaux projets actuels, alliant intelligence artificielle (IA) et cryptomonnaie, n’est autre que le très controversé Worldcoin. Un système d’identité numérique basé sur le fait de prélever et de stocker des données biométriques, sous la forme d’une photo de votre iris. Autant dire que Vitalik Buterin est loin d’être un grand fan de cette rencontre au sommet de l’innovation, dont il a déjà pointé les nombreux risques.
Crypto et intelligence artificielle : une seule partie, mais 4 scénarios possibles
Afin de clarifier sa position sur le sujet, Vitalik Buterin détache 4 grandes catégories au sujet de la rencontre possible entre intelligence artificielle et blockchain. Ces dernières agrémentées d’un niveau de risque établi en fonction d’un degré d’humanité plus ou moins élevé :
- L’IA en tant qu’acteur dans un jeu (viabilité la plus élevée) : l’intelligence artificielle participe à des mécanismes où la source ultime des incitations provient d’un protocole avec des apports humains.
- L’IA comme interface avec le jeu (à fort potentiel, mais avec des risques) : les intelligences artificielles aident les utilisateurs à comprendre l’univers des cryptomonnaies et à garantir que les messages et transactions signés correspondent à leurs intentions. Utile pour lutter contre les arnaques.
- L’IA comme règle du jeu (à suivre très prudemment) : l’intelligence artificielle est au centre des blockchains, DAO et autres mécanismes similaires.
- L’IA comme objectif du jeu (à plus long terme, mais intrigant) : concevoir des blockchains, des DAO et des mécanismes similaires dans le but de construire et de maintenir une IA qui pourrait être utilisée à d’autres fins. Cela pourrait permettre d’empêcher l’IA de divulguer des données privées ou d’être utilisée à mauvais escient.
Mais ces deux écosystèmes évoluent très rapidement, au point d’acquérir une puissance toujours plus importante. C’est la raison pour laquelle Vitalik Buterin envisage « un nombre croissant de cas d’usage à l’intersection de ces deux domaines. »
« En général, les cas d’usage dans lesquels le mécanisme sous-jacent continue d’être conçu à peu près comme avant, mais où les acteurs individuels deviennent des IA, permettant au mécanisme de fonctionner efficacement à une échelle beaucoup plus microscopique, sont les plus immédiatement prometteurs et les plus faciles à mettre en œuvre. »
Vitalik Buterin
Car Vitalik Buterin envisage la meilleure version possible de l’intelligence artificielle comme décentralisée à l’aide d’une blockchain. Cela afin d’y apporter une « amélioration de la sécurité de l’IA de manière à éviter les risques de centralisation associés aux approches plus traditionnelles. » Mais, quoi qu’il en soit, « il convient d’y aller avec prudence ».