« Spéculation et Blanchiment » Le Boss final de Bitcoin prêt à en découdre
Ambiance chapelets et gousses d’ails à la BIS, la « Banque des Banques », ou décidément on a aussi peu le sens de l’Histoire que celui de la mesure dès lors qu’il s’agit d’appréhender les grands changements économiques. Le grand patron de la Bank of International Settlements Agustin Carstens a – encore – fait état de tout le mal qu’il pensait de Bitcoin et de la crypto-économie dans son ensemble, à grands renforts d’arguments que même les autres organes majeurs de décisions bancaires et financiers internationaux commencent à hésiter à utiliser.
Bitcoin, vecteur de blanchiment, instrument de pure spéculation, soutien du terrorisme…Tout y passe à tel point qu’on en vient à se demander si l’incarnation vivante du grand capitalisme bancaire ne serait pas prisonnier du rôle de méchant de l’Histoire.
Agustin Carstens, Meilleur ennemi de Bitcoin
D’aucuns diraient que s’il ne doit en rester qu’un, ce sera lui.
Lui, c’est Agustin Carstens, patron de la BIS dont l’imposante silhouette règne en maître dans les couloirs de l’équivalent de l’Olympe dans la dramaturgie des banquiers, l’endroit où se décide et se coordonne l’ensemble de la politique monétaire et financière mondiale.
On pourrait supposer qu’arrivé à ce pinacle de la toute-puissance économique, membre du 1% de l’élite internationale, des méta-individus comme Agustin ne traitent qu’avec beaucoup de distance, voire un certain mépris, l’émergence dérisoire des cryptoactifs, et la trajectoire de leur aîné commun, Bitcoin. C’est pourtant tout le contraire, Bitcoin hante les jours et les nuits du patron de la BIS et rares sont désormais les interventions publiques du caïd du cartel bancaire d’où la création de Satoshi Nakamoto soit complètement absente.
Comprenez-le bien, la chose a tout du mécanisme de défense, du réflexe organique de survie, tant Bitcoin a été parfaitement perçu par l’intelligentsia financière mondiale pour ce qu’il est : une menace existentielle, mais également protéiforme, insaisissable, et (difficilement) manipulable.
Ainsi, tel une sorte de mantra incantatoire, l’imposant Agustin le martèle : Bitcoin est la monnaie du crime, Bitcoin est la monnaie du blanchiment, celle de la spéculation...
Et même si la narrative prend de plus en plus difficilement, face à un monde économique qui se laisse progressivement convaincre par les qualités évidentes de ces nouveaux modèles qui émergent, Agustin Carstens demeurera jusqu’au bout inflexible. Un peu comme le vilain des contes modernes, dont la radicalité et l’obstination ne sont là que pour révéler la pureté des intentions du héros.
BIS repetita, la boucle éternelle des arguments anti-Bitcoin
Le chef de la BIS intervenait il y a peu devant les micros de la CNBC. Sur le fonds, la même rengaine donc, qu’on reportera néanmoins afin de documenter l’histoire :
« Je ne vois pas de domination des cybermonnaies (sic), les crypto n’ont fait aucune percée en termes de fonctionnement en tant que monnaie.
Agustin Carstens
Les monnaies stables n’ont aussi quelques applications limitées. Elles ont leur propre rôle à des fins très spécifiques. Par conséquent, je ne vois pas de concurrence des monnaies fiat émanant de ces monnaies à usage privé. »
Au-delà de ces affirmations péremptoires, il n’est pas inintéressant de reprendre également des propos datant de janvier dernier. Saint Agustin n’annonçait alors rien moins qu’une apocalypse biblique s’abattant sur Bitcoin, prophétisant qu’il « s’effondrerait totalement ». Il ajoutait par ailleurs :
« (…) Mais pour rester crédibles, elles doivent être strictement réglementées et supervisées. Elles doivent s’appuyer sur les fondations et la confiance que leur accordent les banques centrales existantes et, par conséquent, faire partie du système financier existant. »
Ces quelques mots résument à la fois la pensée profonde de l’internationale bancaire que le patron de la BIS incarne jusqu’à la caricature, tout autant que l’impossibilité de trouver un terrain d’entente, faute de grille de lecture commune. En effet, ils sont nombreux ceux qui regardent avec dépit les « fondations » du système économique global, construites sur le sable de l’hyper-inflation et de la production d’argent magique à l’infini. Quant à la « confiance »…. si l’idée est noble, encore faut-il être en capacité de savoir à qui on l’accorde et de s’assurer que le pacte social qu’elle implique soit respecté.
En instaurant des mécaniques économiques et de gouvernances nouvelles, forgées sur de nouveaux standards, Bitcoin et les crypto-actifs apportent une idée de remède à la maladie financière chronique. Et en excluant carrément la nécessité de la confiance de l’équation, pour la remplacer par l’incorruptibilité du code, Bitcoin et sa descendance laissent entrevoir de nouvelles façons de fonctionner. Des façons imparfaites, vacillantes, parfois encore complexes… mais existantes et vérifiables par quiconque. La voila la menace existentielle qu’ont identifié Agustin Carstens et ses pairs. Et soyez-en certain, ils ne se rendront pas sans combattre, en commençant par faire déferler la menace de l’ultra-régulation si besoin.