Le FMI insiste : Le Salvador doit réduire son exposition au Bitcoin
Non, c’est non ! Trois ans après l’adoption historique du Bitcoin comme monnaie légale par le Salvador, le Fonds Monétaire International (FMI) continue de remettre en question cette décision. Lors d’une conférence de presse, Julie Kozack, porte-parole du FMI, a rappelé les recommandations de l’institution : réduire la portée de la loi Bitcoin, renforcer la régulation et la surveillance de l’écosystème crypto, et limiter l’exposition du secteur public au Bitcoin. Cette position contraste avec les précédentes déclarations du FMI. En effet, l’institution admettait en août dernier que les risques supposés de l’adoption de Bitcoin par Le Salvador ne s’étaient toujours pas concrétisés.
Bitcoin au Salvador : 3 ans d’adoption
En septembre 2021, Le Salvador, sous l’impulsion de son président Nayib Bukele, devenait le premier pays au monde à adopter le Bitcoin comme monnaie légale. Cette initiative, perçue comme audacieuse, visait à stimuler l’économie et à réduire la dépendance contre le dollar américain. Au-delà de la politique générale, critiquée et critiquable de Nayib Bukele, sa décision concernant le BTC n’a pas été bien accueillie par les institutions financières internationales. À commencer par le FMI. Depuis, le FMI s’est régulièrement inquiété des risques financiers potentiels, même s’il a dû admettre que nombre de ces risques sont restés théoriques. Rappelez-vous. Cet été, l’institution déclarait ceci :
« En ce qui concerne Bitcoin, bien que de nombreux risques ne se soient pas encore matérialisés, il est reconnu que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour améliorer la transparence, et atténuer les risques potentiels pour la stabilité fiscale et financière de ce projet Bitcoin. Des discussions supplémentaires dans ce domaine et dans d’autres domaines clés restent nécessaires. »
Déclaration des services du FMI sur El Salvador le 6 août 2024 – Source
Le FMI Prône la prudence au Salvador
Lors de sa dernière intervention donc, le FMI a une fois de plus recommandé au Salvador de limiter l’usage du Bitcoin dans les transactions publiques. Julie Kozack a également souligné l’importance de renforcer les cadres réglementaires et les mécanismes de surveillance pour mieux contrôler l’impact de l’adoption du Bitcoin sur les finances publiques.
Le FMI propose notamment de restreindre la loi Bitcoin, d’encadrer de manière stricte les transactions en cryptomonnaies, et de minimiser l’exposition du secteur public. Selon l’institution, ces mesures viseraient à protéger la stabilité financière du pays, tout en limitant les risques de volatilité inhérents aux cryptomonnaies.
« Ce que nous avons recommandé, c’est un rétrécissement de la portée de la loi sur le bitcoin, le renforcement du cadre réglementaire et de la surveillance de l’écosystème bitcoin, et la limitation de l’exposition du secteur public au bitcoin »
Julie Kozack pour Reuters
Malgré les avertissements du FMI, Le Salvador a maintenu sa politique pro-Bitcoin avec résilience. Le pays semble tirer parti de son rôle de pionnier en crypto. Il attire des investisseurs et des touristes intéressés par l’expérience unique d’une économie où Bitcoin a un statut légal. Cependant, tout n’est pas parfait. La Bitcoin City et d’autres initiatives ambitieuses sont encore en cours, et l’avenir nous dira si cette stratégie sera réellement profitable à long terme pour l’économie salvadorienne.
Cela dit, il est essentiel de ne pas glorifier aveuglément Nayib Bukele pour son approche pro-Bitcoin. Le président salvadorien reste un personnage controversé. Depuis son arrivée au pouvoir, Bukele a renforcé son autorité en s’attaquant aux institutions démocratiques, ce qui a suscité de vives inquiétudes concernant le respect des droits humains et l’état de la démocratie dans le pays. Sa politique musclée en matière de sécurité, bien qu’elle ait contribué à réduire la violence, a été critiquée pour son autoritarisme et ses méthodes parfois brutales.
En somme, le pari Bitcoin de Bukele est aussi clivant, audacieux selon l’angle depuis lequel on se positionne, que son approche politique dans une région marquée par des défis sociaux et économiques complexes. Si son projet autour de la cryptomonnaie peut inspirer d’autres nations, il convient de garder un œil critique sur les pratiques politiques qui l’entourent.