Le bitcoin (BTC) appauvrit-il ? La BCE attaque la création de Satoshi Nakamoto
La hausse du Bitcoin appauvrit. Depuis le début de cette année, le Bitcoin a connu une accélération sans précédent de son glissement dans la finance traditionnelle. Une adoption dont le paradoxe pose des questions essentielles sur la destination effective du BTC. Car son rôle de monnaie peer-to-peer fixé par Satoshi Nakamoto semble inexorablement laisser la place à un statut d’« actif d’investissement promettant des gains en capital élevés ». Un bilan dressé par les analystes de la Banque centrale européenne (BCE) dans un récent rapport. Le problème ? Cette évaluation se ferait au détriment de toute « fonction économique », sur un modèle uniquement favorable à ses premiers détenteurs. Et alors ?
« La promesse initiale de Nakamoto ne s’est pas concrétisée »
Depuis sa création, le Bitcoin déclenche la méfiance des instances de contrôle. Et cela est tout à fait logique, puisque son rôle initial est de leur échapper à l’aide d’un modèle de fonctionnement décentralisé et résistant à la censure.
Pourtant, la finance traditionnelle que le BTC était censée supplanter est très clairement en train de le rattraper. Avec des acteurs de cette adoption bien décidés à renier son statut historique de monnaie pour justifier leurs stratégies d’accumulation toujours plus importantes.
De ce fait, le Bitcoin devient le plus performant des actifs risqués désormais inscrit dans le champ boursier traditionnel. Et, encore une fois, cela ne semble pas convenir aux instances en charge de la surveillance des marchés financiers et monétaires.
C’est tout particulièrement le cas de la Banque centrale européenne (BCE) qui annonçait déjà l’échec du Bitcoin en tant que monnaie numérique décentralisée au début de cette année. Et, de toute évidence, cette litanie vient de se répéter dans un rapport publié il y a quelques jours.
« La promesse initiale de Nakamoto (2008) de fournir au monde un meilleur moyen de paiement mondial ne s’est pas concrétisée. Au lieu de cela, l’accent s’est de plus en plus déplacé vers le Bitcoin en tant qu’actif d’investissement promettant des gains en capital élevés. Les promoteurs de cette vision d’investissement ont fait peu d’efforts pour relier Bitcoin à une fonction économique qui justifierait son évaluation. »
BCE
« L’existence du Bitcoin appauvrit les non-titulaires et les retardataires »
Le principal problème de la BCE est son statut centré sur l’Europe. Car il suffit de regarder au-delà de ses frontières pour comprendre que le Bitcoin reste une cryptomonnaie à vocation monétaire. Avec, en première ligne, l’expérimentation menée par le Salvador depuis 2021. Et la nécessité de laisser à cette vocation le nombre d’années nécessaires pour qu’elle puisse se réaliser.
Toutefois, il semble important de noter une avancée notable dans ce rapport signé par Ulrich Bindseil et Jürgen Schaaf. En effet, le Bitcoin y est enfin abordé comme autre chose qu’une simple « bulle spéculative qui finira par éclater ». Mais ne nous réjouissons pas trop vite.
En effet, ce point en apparence positif semble validé dans le seul but de permettre de dérouler un autre scénario catastrophe. Une vision dans laquelle un développement haussier du prix du Bitcoin serait finalement un problème pour « la société ».
« Ce qui semble intuitivement prometteur ou du moins non nuisible reste problématique : Étant donné que Bitcoin n’augmente pas le potentiel productif de l’économie, les conséquences de l’augmentation continue supposée de sa valeur sont essentiellement redistributives. C’est-à-dire que les effets de la richesse sur la consommation des premiers détenteurs de Bitcoin se fait au détriment de la consommation du reste de la société. »
BCE
Un document perçu comme « une véritable déclaration de guerre » par l’analyste du Bitcoin Tuur Demeester. D’autant plus dans un contexte européen de forte réglementation du secteur des cryptomonnaies. Avec le risque de voir les autorités locales « utiliser cet argument luddite pour imposer des taxes ou des interdictions sévères ».
La BCE semble donc considérer que la hausse du prix du Bitcoin serait une mauvaise chose pour ceux qui n’en ont pas acheté. Mais peut-être étaient-ils trop occupés à en critiquer les rouages depuis des années, sans jamais chercher à en comprendre l’utilité et la force ? Car, pour le coup, la règle énoncée par les analystes de la BCE est valable pour n’importe quel actif. Ceux qui prennent le risque d’y investir en premier sont ceux qui se voient le mieux récompensés.