La FED envisagerait « sérieusement » de lancer un réseau de paiement plus rapide

La guerre des réseaux de moyens de paiements pourrait ne faire que commencer, et contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, il ne s’agira pas nécessairement d’un affrontement opposant simplement cryptosphère au reste du monde de la finance. En effet dans un courrier au ton étonnamment incisif, la FED américaine affirme qu’elle pourrait commencer à envisager la mise en place d’un système de paiement plus rapide. Et dans cette entreprise, ce ne sont ni Bitcoin ou Ripple qui sont désignés en tant qu’adversaires mais bien… Wall Street et les grandes banques américaines. 

« Mon ennemi, c’est la finance »

Certes, cette fameuse maxime ne résume probablement que très mal le fonds de la pensée de Jérôme Powell, le président de la célèbre Réserve fédérale US (FED). En effet, n’oublions pas que l’intéressé et l’institution qu’il dirige représentent plutôt une des franges les plus conservatrices de ce qui constitue la finance capitalistique américaine à l’heure actuelle.

Pour autant, c’est avec une surprenante vigueur que Powell a pris la plume afin d’informer le Sénat américain : la FED s’apprête à disrupter le secteur du paiement ! (ne riez pas, au fond, je vous vois).

Satoshi, Elon, Vitalik… et Jérôme !

Un système dépassé

A l’heure actuelle, et à l’échelle du territoire américain, rappelons que la FED est un acteur à part entière du réseau de paiement national, se reposant sur des accords passés avec près de 10 000 banques. Pour autant, ledit réseau est clairement obsolète et ne permet encore pas des transactions H24, ni les paiements instantanés. Possiblement gênant pour une Banque Centrale.

Jérôme Powell l’affirme donc, mais avec le conditionnel de rigueur : la FED réfléchirait très sérieusement à l’implémentation d’un système de paiement rapide qui aura vocation à offrir une alternative aux outils déployés par plusieurs grandes banques américaines. Ces dernières devraient apprécier l’attention à sa juste valeur : Citigroup et JPMorgan ont effectivement investi des fortunes depuis 2017 afin de déployer progressivement de leur côté un tel système, et ils ne s’attendaient pas nécessairement à voir débarquer la FED dans le game.

« Nous n’avons pas pris de décision à ce sujet, mais c’est quelque chose que nous examinons attentivement, et je m’attends à ce que nous prenions bientôt une décision à ce sujet ». Jérôme Powell, Président de la FED, résolument dans l’attente.

Powell ajoute qu’un réseau de paiements en temps réel propre à la FED favoriserait la sécurité et la solidité du système de paiement américain dans son ensemble et renforcerait sa capacité à assurer la stabilité de l’économie en temps de crise. Plus important encore selon lui, l’absence de concurrence pour des paiements plus rapides pourrait créer des « résultats indésirables » en termes de prix et de qualité de service et générerait également une « vulnérabilité critique ». 

Le grand absent

Notons tout de même que dans ce rapport de 8 pages dont le thème central tourne autour de la nécessaire recherche de moyens de paiements plus rapides et plus sécurisés et de la « nécessaire » réforme des réseaux de paiement actuels, on ne retrouve pas pas une seule occurrence des mots Bitcoin, Ripple, Lightning Network ou même blockchain ! 

Nonobstant le fait qu’on se demande bien quelle pourrait être la technologie à favoriser pour améliorer drastiquement les délais de paiements (suspense), on se rassurera immédiatement sur le fait que cet « oubli » n’en est pas forcément un : Il y a moins d’un mois, c’est en effet un Jérôme Powell très informé qui, devant le Comité Bancaire du Sénat, sur fond d’étude du projet de monnaie Libra de Facebook, évoquait le Bitcoin en tant que réserve de valeur comparable à l’or !

Il semble donc que si la sphère cryptomonétaire dans son ensemble a pu faire souffler un vent de nouveauté au sein des institutions financières mondiales, et en amener certaines à se questionner, il puisse encore être possible de discuter de modernisation des moyens de paiement sans conjuguer cette disruption au participe blockchain.

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