Elon Musk relance l’idée de démanteler la Réserve Fédérale (Fed) : Un appel aux partisans du Bitcoin ?
La Fed dans le viseur … Elon Musk ne cesse de surprendre : cette fois, le milliardaire tech, renforcé par la victoire de Donald Trump à la présidentielle US, relance une vieille querelle autour de la Réserve fédérale américaine. Après avoir reposté un message incendiaire du sénateur de l’Utah, Mike Lee, qui appelle ni plus ni moins à la fin de la Fed, Musk jette un pavé dans la mare. Ce débat, qui couve depuis des décennies, remet en question le rôle des banques centrales et rallie un nombre croissant de partisans du Bitcoin, une alternative que certains voient déjà comme une réponse anti-inflation. Alors, que révèle cette prise de position ? Simple provocation ou vision pour un futur post-dollar ?
- Elon Musk a relancé le débat sur la Réserve fédérale en soutenant un appel à sa dissolution, remettant en cause son indépendance.
- La méfiance croissante envers le dollar américain a renforcé l’attrait pour le Bitcoin, considéré par certains comme une alternative anti-inflation.
Elon Musk et Mike Lee : un appel à « terminer » la Réserve Fédérale
Le débat autour du rôle et de l’influence de la Réserve fédérale américaine (Fed) prend un nouveau tournant depuis qu’Elon Musk a reposté un tweet incendiaire du sénateur de l’Utah, Mike Lee. Dans ce message, Lee appelle à un contrôle exécutif accru sur la Fed et remet en question son indépendance vis-à-vis de la présidence, soulignant une « dérive » par rapport aux principes constitutionnels.
Le sénateur a notamment critiqué Jerome Powell, le président de la Fed, qui a récemment affirmé son intention de rester en poste même sous l’administration de Donald Trump, élu président pour le mandat 2025. Mike Lee dénonce cette « déviation de la Constitution » et propose d’en finir avec la Fed, suscitant une vague de réactions, en particulier chez les partisans de Bitcoin et des « sound money » advocates, ou défenseurs d’une monnaie saine, opposés aux politiques inflationnistes.
« Le pouvoir exécutif devrait être sous la direction du président C’est ainsi que la Constitution a été conçue La Réserve fédérale est l’un des nombreux exemples de la façon dont nous nous sommes écartés de la Constitution à cet égard Une raison de plus pour laquelle nous devrions mettre fin à la Fed. »
Le déclin du dollar et l’attrait croissant pour Bitcoin
Pour de nombreux observateurs, le tweet de Mike Lee relayé par Elon Musk reflète une méfiance grandissante envers les monnaies fiduciaires gérées par une banque centrale. Depuis la création de la Fed en 1913, le dollar américain aurait perdu environ 96 % de sa valeur. Un déclin attribué par les critiques aux politiques monétaires permissives et à l’inflation croissante engendrée par la création monétaire démesurée.
Alors que la dette nationale des États-Unis atteint aujourd’hui les 35 000 milliards de dollars, certains représentants politiques comme Jimmy Patronis, directeur financier de la Floride, appellent à des solutions alternatives. Patronis propose notamment d’intégrer le Bitcoin dans les fonds de pension de l’État afin de protéger le pouvoir d’achat des citoyens.
Pour les partisans de Bitcoin, cette cryptomonnaie pourrait constituer une couverture efficace contre l’inflation, en raison de son caractère déflationniste et de son approvisionnement limité. Mais alors, pourquoi parles t-on d’un déclin du dollar ? Un petit point d’histoire s’impose.
En 1913, la Réserve fédérale américaine (Fed) a été créée pour stabiliser le système financier des États-Unis. Cependant, un peu plus d’un siècle plus tard, de nombreux économistes et critiques soulignent que cette institution a paradoxalement contribué à la dévaluation du dollar et à la montée de l’inflation. Le passage du dollar d’une monnaie liée à l’or à une monnaie « fiduciaire » (ou « fiat » en anglais) a également joué un rôle crucial dans ce processus.
La Fed, le talon d’Achille du dollar ?
Avant 1913, les États-Unis connaissaient des crises bancaires régulières et de graves récessions, notamment en raison de la fragilité de leur système financier. La Fed a donc été créée pour stabiliser les banques et contrôler l’offre de monnaie, le tout dans l’optique de prévenir les « panics » bancaires, c’est-à-dire les ruées des déposants aux guichets pour retirer leurs fonds en cas de crise.
Pour ce faire, la Fed a été dotée de deux missions principales :
- Stabiliser les prix (contrôler l’inflation).
- Maintenir le plein emploi en ajustant les taux d’intérêt pour favoriser ou freiner les investissements.
L’arrimage du dollar à l’or : 1913-1971
À sa création, le dollar était lié à l’or selon un système de standard-or : chaque billet de banque pouvait théoriquement être échangé contre une quantité d’or.
Cette convertibilité assurait une certaine stabilité de la monnaie, puisque la quantité de dollars en circulation était limitée par les réserves d’or du pays. Ce système, en vigueur jusque dans les années 1970, limitait les possibilités de création monétaire excessive, car chaque billet devait être couvert par une quantité d’or correspondante.
La « déconnexion » du dollar et de l’or en 1971 : la Fed est libre
En 1971, le président Richard Nixon a mis fin à la convertibilité du dollar en or, un moment clé dans l’histoire monétaire connu sous le nom de choc Nixon. En raison de pressions inflationnistes croissantes et de déficits budgétaires élevés (particulièrement liés aux coûts de la guerre du Vietnam), les États-Unis n’avaient plus suffisamment d’or pour couvrir tous les dollars en circulation.
Avec cette décision, le dollar est devenu une monnaie fiduciaire : sa valeur n’est plus garantie par une ressource physique comme l’or, mais dépend de la confiance accordée au gouvernement émetteur et à la politique monétaire de la Fed.
La Fed a ainsi gagné la liberté d’ajuster l’offre monétaire en fonction des besoins économiques, mais au prix d’une potentielle inflation.
Pourquoi le dollar a-t-il perdu 96 % de sa valeur ?
Depuis la création de la Fed, le dollar a perdu environ 96 % de son pouvoir d’achat initial, une dévaluation souvent attribuée à plusieurs facteurs :
- Montée des dettes publiques : Les États-Unis ont régulièrement financé leurs déficits publics en empruntant et en imprimant de la monnaie, alimentant ainsi la dévaluation du dollar.
- Inflation continue : En imprimant plus de dollars pour soutenir l’économie (par exemple, lors des crises financières et plus récemment pendant la pandémie), la Fed augmente l’offre de monnaie, ce qui réduit la valeur de chaque billet en circulation. Avec plus de dollars pour un nombre similaire de biens, les prix augmentent, provoquant une baisse du pouvoir d’achat.
- Absence de « frein » naturel : En détachant le dollar de l’or, la Fed a la liberté de créer de la monnaie sans limite stricte, ce qui augmente la probabilité de surinflation.
Le Sénat et le « Bitcoin Strategic Reserve Bill » : une initiative anti-inflation pour contrer la Fed
Par ailleurs, les propos et avis d’Elon Musk sont soutenus indirectement par d’autres. En juillet 2024, la sénatrice du Wyoming, Cynthia Lummis, a introduit le projet de loi « Bitcoin Strategic Reserve » pour renforcer la position de Bitcoin comme alternative crédible face à l’inflation et à la perte de pouvoir d’achat. Ce projet de loi, qui fait suite à des années de politiques monétaires accommodantes, propose de créer une réserve stratégique en Bitcoin, ce qui donnerait à la cryptomonnaie une légitimité sans précédent sur le plan national.
Ce soutien à Bitcoin se reflète également dans la stratégie annoncée par Donald Trump lors de la conférence Bitcoin 2024, à Nashville. Le futur président a même laissé entendre que le Bitcoin pourrait être utilisé pour payer la dette nationale. Bien que cette déclaration ait été accueillie avec scepticisme, elle illustre un changement de paradigme où Bitcoin est perçu, pour certains, comme une option viable face aux déséquilibres monétaires actuels.
Cet appel à mettre fin à la Fed, bien qu’il reste largement symbolique, souligne un changement dans les mentalités : l’émergence des cryptomonnaies pourrait transformer en profondeur les systèmes financiers traditionnels. Alors, faut-il prendre cette « révolution Bitcoin » au sérieux ? Dans un contexte où l’inflation inquiète et où le dollar vacille, la question reste ouverte.