Crise politique et économique au Venezuela : Bitcoin, le plan B de l’opposition à Maduro
« Une ligne de vie ». Voici comment María Corina Machado appelle Bitcoin dans une courte interview donnée à Alex Gladstein de la Human Rights Foundation. La principale opposante au Président Nicolás Maduro, réélu le 28 juillet dernier dans des conditions de fraudes massives dénoncées par la communauté internationale, fait un bilan rapide de la situation économique désastreuse de son pays le Venezuela et souligne le rôle joué par Bitcoin dans le contexte actuel d’inflation incontrôlée. Déclarée inéligible par le gouvernement, pourchassée par les sbires de l’homme fort de Caracas et obligée de se cacher, María Corina Machado dénonce une situation scandaleuse et catastrophique pour ses concitoyens et elle lance un cri du cœur que la Human Rights Foundation a entendu. Retour sur une interview choc qui nous rappelle que Bitcoin est aussi un outil au service de ceux que le système financier officiel a abandonné ou écrasé.
La situation économique du pays de Nicolás Maduro est catastrophique
L’opposante au régime de Nicolás Maduro commence par donner quelques chiffres saisissants qui donnent une idée de l’ampleur de la crise économique qui a jeté des millions de gens sur les routes de l’exode et qui a plongé ceux qui sont restés dans une pauvreté grandissante. Il y a 20 ans, « il fallait environ 3 ou 4 bolivars du Venezuela pour avoir un dollar mais entre temps, on a perdu 14 zéros » explique María Corina Machado, en 2018, l’inflation a été de 1,7 million % et les prix ont doublé tous les quatre jours ! Depuis 2016, l’inflation cumulée s’élève à 8 millions % et la vie quotidienne des gens est tout simplement devenue impossible.
Mais le pire dans tout ça enchaine-t-elle, c’est que le pays possède des réserves de pétrole importantes et que les autorités n’ont jamais sues en faire profiter la population. Pour avoir dénoncé tout cela, de nombreux opposants sont actuellement en prison et María Corina Machado, 56 ans, se cache depuis les résultats litigieux du 28 juillet dernier pour échapper à la justice corrompue de son pays. Elle dénonce ensuite des arrestations arbitraires et une répression violente des manifestations d’opposants politiques dont « les comptes bancaires sont gelés ou saisis ». Son parti n’a d’ailleurs « plus aucun accès au système bancaire national pour lever des fonds et pour fonctionner ».
La Human Rights Foundation monte une cagnotte en ligne et donne la parole aux opposants politiques
Devant cette situation, poursuit-elle, Bitcoin s’impose comme « une ligne de vie face à l’hyperinflation pour de nombreux vénézuéliens qui l’utilisent pour protéger leurs économies ou pour financer leur fuite », Bitcoin permet de « contourner les taux de change fixés par le gouvernement et cela aide énormément de gens ». Cette crypto est passée en seulement quelques années « d’un simple outil humanitaire à un moyen vital de résistance ».
Enfin, en réponse à la question d’Alex Gladstein de savoir si elle envisage une place spéciale pour Bitcoin dans un « futur Venezuela démocratique », l’opposante numéro 1 voudrait l’inclure dans les réserves financières du pays qui étaient jadis importantes. Pour Mme Machado, les seuls moyens de résoudre la pauvreté extrême de son pays sont de réinstaurer « la propriété privée, de faire baisser l’inflation, d’avoir un accès équitable aux opportunités économiques et une gouvernance transparente ». C’est le programme politique qu’elle défend et qu’elle compte mettre en œuvre lorsqu’elle et ses alliés seront au pouvoir.
Elle lancera finalement un appel aux dons via la Human Rights Foundation afin de permettre à son parti politique censuré par le gouvernement de collecter des fonds en bitcoins et de financer la lutte. Après « 25 ans de régime tyrannique, plus de 30 élections volées et un nombre incalculable de violations des droits humains, il est temps que le pouvoir reconnaisse sa défaite et que le Venezuela redevienne un État ouvert, prospère, sûr et surtout libre » conclut-elle dans un vibrant appel à la solidarité. Bitcoin est devenu en quelques années un outil de lutte moderne et indispensable pour tous les défenseurs des minorités et des droits de l’Homme et c’est valable à Caracas comme dans bien d’autres capitales.
Ben Canton
Prof à la ville comme à la scène, vulgariser et expliquer c'est mon quotidien. Crypto-agnostique pratiquant, je cherche la lumière dans les ténèbres des internets en essayant d'éviter les querelles de chapelles ! En attendant la révélation, j'achète du Bitcoin pour mes enfants et je m'enthousiasme pour les projets à destination du grand public.
