« Changez le code, pas le climat » Greenpeace lance un nouvel assaut contre Bitcoin

Effet contre-intuitif – Il y a un an déjà, l’organisation non gouvernementale internationale Greenpeace attaquait le réseau Bitcoin avec ce même slogan : « Changez le code, pas le climat ». Ce mois-ci, l’ONG relance sa campagne avec toujours cette même idée de demander l’abandon de la preuve de travail pour lui préférer la preuve d’enjeu. Il s’agit donc en quelque sorte de demander à Bitcoin de devenir une nouvelle forme d’Ethereum. Au-delà de la faisabilité de la revendication ou même de sa pertinence, c’est le mode d’action qui nous intéresse aujourd’hui. Et notamment cette sculpture de l’artiste Benjamin Von Wong qui a déclenché une vague de sympathie de la part de la communauté crypto. Et ça, ce n’était pas prévu. Retour sur une campagne médiatique un peu ratée.

Greenpeace relance sa campagne anti Bitcoin avec le « Skull of Satoshi »

Il y a quelques mois, les équipes de Greenpeace ont donc demandé à Benjamin Von Wong de créer une œuvre artistique qui montrerait les ravages environnementaux créés par le minage de Bitcoin. L’artiste et photographe canadien est connu pour être un activiste engagé dans la cause climatique. D’ailleurs, ses œuvres ont participé à de nombreuses campagnes médiatiques à succès. Il a finalement réalisé cet immense crâne de plus de 3 mètres de haut avec des déchets électroniques recyclés pour dénoncer l’impact environnemental du réseau Bitcoin.

Jusqu’ici tout va bien. Le « Skull of Satoshi »le crâne de Satoshi – se diffuse sur les réseaux sociaux à partir du 23 mars et sert de visuel pour la nouvelle campagne de Greenpeace aux États-Unis. L’ONG campe sur ses positions historiques et cherche à toucher l’opinion publique ainsi que les décideurs économiques qui voudraient investir dans Bitcoin :

« Le crâne de Satoshi symbolise l’énorme impact climatique de l’extraction de bitcoins et sert d’avatar pour encourager les institutions financières à assumer la responsabilité de l’impact climatique des investissements produits et services Bitcoin qu’ils proposent. »

Site internet Greenpeace

Sur le site internet de l’organisation, on retrouve ainsi tout un tas d’arguments plus ou moins scientifiques et vérifiables qui participent à dresser un tableau apocalyptique du minage de Bitcoin. Mais après tout, l’ONG est dans son rôle, quoiqu’un peu caricaturale et manifestement mal informée.

Le « Skull of Satoshi » de Von Wong. Source : Twitter

Les réactions sont aux antipodes des attentes de l’ONG et de l’artiste

Mais c’est la suite des événements qui est particulièrement cocasse. Car en quelques heures, cette œuvre artistique va déclencher un mouvement de sympathie à travers le monde. Mais de la mauvaise communauté ! Les bitcoiners de tous poils partagent et commentent la publication, mais surtout ils adorent ce crâne très culture pop bitcoin. Avec ses yeux lasers et son côté cyberpunk, il correspond tout à fait à un certain imaginaire très en vogue autour de Bitcoin.

Mais le plus incroyable dans cette histoire est la prise de conscience de l’artiste lui-même. Sur les réseaux sociaux, il va reconnaître s’être trompé sur Bitcoin et ses enjeux environnementaux. Il déclare même que son crâne pourrait devenir un symbole de la transition énergétique du réseau Bitcoin vers un 100 % renouvelable. En un long message diffusé sur Twitter, il explique par le menu comment certains internautes ont réussi à le convaincre que Greenpeace faisait en quelque sorte fausse route. Maintenant, il est plutôt content que son œuvre fasse sa vie toute seule. Et il espère même qu’il aura participé à sa façon à remettre autour de la table des gens qui ne se parlaient plus.

Il n’est pas question ici de reprendre un par un tous les arguments de l’ONG, car sur certains points, elle a bien évidemment raison. Oui, nous aimerions tous vivre dans un monde sans énergie fossile et si on pouvait avoir un réseau Bitcoin sécurisé par 100 % d’énergie renouvelable ou par des surplus d’énergie gaspillée on serait tous ravis. Mais en attendant, la part d’énergie verte dans le minage progresse jour après jour avec des exemples positifs comme l’Islande qui montre la voie.

Ben Canton

Prof à la ville comme à la scène, vulgariser et expliquer c'est mon quotidien. Crypto-agnostique pratiquant, je cherche la lumière dans les ténèbres des internets en essayant d'éviter les querelles de chapelles ! En attendant la révélation, j'achète du Bitcoin pour mes enfants et je m'enthousiasme pour les projets à destination du grand public.