Bitcoin et Europe : « En 2050, aucune économie européenne ne figurera parmi les 10 premières du monde »
L’Europe en déclin ? Alors que Bitcoin s’affirme comme un actif incontournable et que le centre de gravité économique bascule vers l’Indo-Pacifique ou encore les USA avec l’élection de Donald Trump à la présidence des USA, l’Europe semble s’enfoncer dans une crise profonde. Et la liste des maux du vieux continent est longue. La guerre en Ukraine, la menace de Trump d’imposer des droits de douane aux industries européennes, montées des extrêmes, stagnation économique, perte d’influence géopolitique et défis structurels : autant de facteurs qui mettent à mal l’économie du Vieux Continent.
Et, selon Jorge Dezcallar de Mazarredo, auteur du livre La fin d’une époque : Ukraine, la guerre qui accélère tout, ambassadeur et ancien directeur des services de renseignement espagnols, le pire est à venir. Dans une interview accordée à la BBC, il prédit même que « d’ici à 2050, aucune économie européenne ne figurera parmi les dix premières du monde ». Une déclaration choc qui mérite qu’on s’y attarde.
- L’Europe a traversé une période de déclin économique, exacerbée par la guerre en Ukraine et les menaces commerciales de Donald Trump.
- Jorge Dezcallar de Mazarredo a prédit qu’aucune économie européenne ne figurera parmi les dix premières du monde d’ici à 2050, une déclaration choc.
L’Europe : un modèle social insoutenable ?
Avec une croissance économique prévue de seulement 0,9 % en 2024, l’Europe peine à rivaliser avec d’autres régions du monde. Pendant ce temps, des actifs numériques comme Bitcoin (BTC) deviennent des refuges de valeur dans un monde incertain. Bitcoin, qui a récemment atteint des sommets au-delà des 109 000 $, incarne un nouveau paradigme économique où les États traditionnels perdent leur monopole sur la gestion des réserves de valeur.
Le contraste est frappant : l’Europe, représentant 6 % de la population mondiale, absorbe 50 % des dépenses sociales. Ce modèle, bien que socialement enviable, s’avère coûteux et difficilement soutenable face à la montée de puissances comme l’Inde, la Chine, et un Indo-Pacifique qui concentre désormais 62 % du PIB mondial. Un modèle qui, selon Jorge Dezcallar, n’est plus tenable.
« Nous avons les meilleurs soins de santé, la meilleure éducation, les meilleures routes, mais cela coûte très cher. Combien de temps pourrons-nous continuer ainsi ? »
Pour lui, l’Europe est en déclin et la perte de son influence s’accompagnera de la perte de son niveau de vie très élevé.
Une géopolitique en pleine mutation
Par ailleurs, toujours selon Dezcallar, nous assistons à la fin d’une ère géopolitique. La guerre en Ukraine n’est que la partie émergée de l’iceberg.
« La guerre va bien au-delà d’un conflit frontalier visant à sécuriser des territoires stratégiques et répond à des forces profondes de changement dans la géopolitique qui a gouverné le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ».
L’Occident perd de sa force, tandis que le Sud mondial gagne du poids. Cette redistribution des cartes se fait au détriment de l’Europe. En 2050, aucune économie européenne ne figurera parmi les dix premières du monde. L’Inde vient déjà de dépasser le Royaume-Uni en termes de produit intérieur brut. Le vieillissement de la population et la diminution de la natalité sont autant de facteurs qui accentuent ce déclin.
« En 2050, aucune économie européenne ne figurera parmi les dix premières du monde. »
– Jorge Dezcallar de Mazarredo
Et Bitcoin dans tout ça
Bitcoin n’est plus seulement une cryptomonnaie : il est devenu un actif stratégique mondial. Depuis sa création en 2009, Bitcoin s’est imposé comme une réserve de valeur hors pair, souvent comparée à l’or numérique. Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir des pays, des entreprises et même des institutions financières l’incorporer dans leurs réserves stratégiques.
Mais, où se situe l’Europe dans tout ce brouhaha ?
Bitcoin : un nouvel étalon pour l’économie mondiale ?
À travers le monde, Bitcoin est de plus en plus perçu comme un outil de diversification économique et un rempart contre l’inflation. Le Salvador a ouvert la voie en 2021 en adoptant Bitcoin comme monnaie légale, tandis que des géants comme la Chine ou la Russie explorent des moyens d’intégrer les cryptomonnaies pour contourner les sanctions économiques internationales. Plus récemment, des pays comme l’Argentine et la Turquie ont vu leur population adopter massivement Bitcoin pour se protéger contre l’effondrement de leur monnaie nationale.
Continuons notre tour du monde. Aux États-Unis, Bitcoin est désormais un actif stratégique clé, avec plusieurs entreprises cotées en bourse, comme MicroStrategy ou Tesla, intégrant BTC dans leur bilan. Même des gouvernements locaux, tels que l’État du Texas, encouragent l’exploitation minière et l’adoption des cryptomonnaies.
L’Europe à la traîne dans une économie décentralisée ?
En comparaison, l’Europe peine à capitaliser sur la montée de Bitcoin. Certes, des initiatives existent, notamment à travers la réglementation MiCA (Markets in Crypto-Assets) adoptée par l’Union européenne en 2024, qui vise à harmoniser le cadre juridique pour les cryptomonnaies. Cependant, ce cadre reste timide face aux ambitions de pays comme les Émirats arabes unis ou Singapour, qui ont déjà positionné leurs juridictions comme des pôles mondiaux pour les actifs numériques.
Cette inertie européenne s’explique en partie par une fragmentation politique et économique. Contrairement aux États-Unis, qui bénéficient d’un cadre fédéral unique, l’Union européenne se heurte à des différences d’approche entre ses membres. Certains pays, comme l’Allemagne et la France, restent prudents face aux cryptomonnaies, craignant leur impact sur les systèmes financiers traditionnels. D’autres, comme le Portugal ou Malte, tentent de se démarquer par des politiques plus progressistes.
Pourtant, si l’Europe continue de sous-estimer le potentiel de Bitcoin, elle risque de creuser davantage l’écart avec des régions comme l’Indo-Pacifique. L’Asie, où la blockchain prospère grâce à des hubs comme Singapour, Hong Kong et Shanghai, attire déjà une part importante des capitaux liés aux cryptomonnaies. L’Europe, quant à elle, reste en retrait, exposée au risque de voir ses talents et ses capitaux migrer vers des zones plus dynamiques.
Bitcoin pourrait également jouer un rôle dans les réserves stratégiques des États. Certains analystes suggèrent que les banques centrales devraient considérer Bitcoin comme une forme de diversification, à l’instar de l’or. Bien que la Banque centrale européenne (BCE) n’ait pas encore adopté cette perspective, les discussions autour d’un euro numérique inquiètent plus qu’elles ne rassurent sur l’orientation de la stratégie numérique du Vieux Continent.
Une opportunité pour les réserves stratégiques ?
Ne soyons pas naïfs pour autant et ne nous laissons pas berner par les récupérations politiques et le discours enjôleur des aspirants autocrates du monde. Bitcoin n’est ni une panacée ni une menace universelle. Il représente avant tout un choix stratégique. Pour l’Europe, le défi est de comprendre que la finance décentralisée, portée par Bitcoin et les technologies blockchain, redéfinit les règles du jeu économique mondial. À défaut d’investir dans cette révolution, le Vieux Continent risque d’être marginalisé dans un monde où l’innovation et la souveraineté technologique deviennent les nouvelles clés de la prospérité.
En conclusion, Bitcoin pourrait bien devenir l’un des piliers économiques du futur. Mais si l’Europe continue de rester à la traîne, elle se condamne à jouer un rôle de spectateur, regardant les autres régions du monde définir les règles de cette nouvelle ère financière. Affaire à suivre.