Bitcoin en Afrique : un allié pour les droits de l’Homme
L’Afrique des droits de l’Homme – Depuis le 3 janvier 2009 et le lancement de Bitcoin, 5 167 jours se sont écoulés. Chaque jour depuis, des gens en entendent parler pour la première fois et s’y intéressent pendant que d’autres, plaisantent en se disant que c’est quand même une drôle d’idée que cet argent virtuel. Au même moment, certains veulent devenir riches alors que des passionnés trouvent la technologie formidable. Mais, chaque jour surtout, des personnes utilisent Bitcoin parce que c’est un bon outil. Parce que c’est un moyen très simple et très efficace de résoudre des problèmes parfois insurmontables.
Inflation hors de contrôle ou dévaluation violente de la monnaie nationale, restrictions sur les transferts d’argent ou interdiction pure et simple des grandes devises internationales sont autant de problématiques qui jettent les populations de certains pays dans les bras de Bitcoin. C’est très souvent pour des raisons pratiques et économiques que quelqu’un va tout à coup décider de l’utiliser dans son quotidien. Bouche-à-oreille, réseau sociaux, cercles familiaux ou amicaux sont autant de relais qui participent à la propagation du phénomène aux quatre coins du monde et plus particulièrement en Afrique où la douleur monétaire est une expérience malheureusement partagée par une grande partie de la population du continent.
Mais au-delà des problèmes financiers, la réalité de beaucoup d’Africains est aussi marquée par un contrôle politique violent exercé par des gouvernements autoritaires. Dans ces conditions, Bitcoin devient tout à coup un allié politique et un atout dans la manche des opposants et des activistes qui décident de s’en servir contre la terreur et l’oppression.
Sommaire
- Bitcoin et l’Afrique, troisième épisode
- Bitcoin contre la censure financière des états autoritaires : les combats de Farida Nabourema
- Bitcoin contre l’oppression monétaire du franc CFA : rencontre avec Fodé Diop.
- Bitcoin comme allié des droits de l’Homme en Afrique : Alex Gladstein aux manettes
- Bitcoin contre les violences policières au Nigéria : la Feminist Coalition en action
- Le mot de la fin mais le début de la lutte en Afrique
- Une conclusion en attendant la prochaine fois
Bitcoin et l’Afrique, troisième épisode
Si vous avez raté le début…
Dans le premier épisode de cette série d’articles sur Bitcoin et l’Afrique, il était question d’inclusion financière, de mobile money et des plateformes locales qui ont permis l’apparition et le développement de la crypto sur la grande majorité du continent. Le deuxième opus fut l’occasion de mettre le doigt sur des situations concrètes vécues par les populations de certains pays d’Afrique qui souffrent clairement de politiques monétaires inefficaces, voire même contre productives.
Dans ce troisième épisode, nous allons aborder les choses sous un angle un peu différent en laissant de côté, le temps d’un article, l’économie et la finance. Car c’est la capacité de Bitcoin à contourner la censure et à préserver la vie privée, et donc la sécurité de ses utilisateurs qui va nous intéresser aujourd’hui. Et, pour poser le décor, vous en avez maintenant l’habitude, on va partir d’un chiffre : 37 %.
Presque 3 milliards de personnes vivent sous un régime autoritaire
Il représente la part de la population mondiale qui vit dans un régime autoritaire selon le Democraty Index de 2022. Dans ces pays dirigés par un État policier ou autoritaire, voire par une dictature, l’utilisation de certains outils prend tout son sens. En France, les messageries cryptées amusent les jeunes et sont utilisées par certains criminels. Au Tchad ou au Zimbabwe, elles sont le seul moyen de communiquer pour les militants des droits de l’Homme. De la même façon, les qualités intrinsèques d’anonymat et de liberté de Bitcoin l’ont tout à coup propulsé au rang d’outil préféré des combattants de la liberté ou des représentants de minorités discriminées en Afrique.
Il est devenu en quelques années le compagnon de lutte d’activistes politiques au Togo, de féministes au Nigéria ou encore de la jeunesse en colère de la République démocratique du Congo. Bitcoin devient une arme au service des opprimés sur le continent et nous allons voir ça ensemble.
Bitcoin contre la censure financière des états autoritaires : les combats de Farida Nabourema
L’enfance de Farida Nabourema marquée par la lutte politique
Le premier exemple va nous emmener au Togo à la découverte d’une figure du militantisme politique africain : Farida Nabourema. Née en 1990 à Lomé, elle grandit dans une famille très engagée politiquement. Son père, Bemba Nabourema, milite activement contre celui qui est arrivé au pouvoir en 1967, un certain Eyadema Gnassingbé. Bemba Nabourema fait un premier séjour en prison en 1977 pour ses pamphlets contre la présidence. Par la suite, il sera régulièrement incarcéré et même torturé pour ses positions politiques.
Farida Nabourema raconte à CNN en 2018 les tortures que son père a subies. Elle parle de fils électriques et de passage à tabac à répétition jusqu’à avoir 13 côtes cassées. En 2013, alors qu’elle a 13 ans, son père retourne en prison avec 28 autres personnes pour sa participation à une réunion de l’opposition. Libéré trois jours plus tard, le message est clair, il doit cesser ses activités.
Son combat contre le pouvoir de la famille Gnassingbé
Elle a 15 ans quand en 2005, Eyadema Gnassingbé décède. Le pays espère alors des élections démocratiques et un changement de régime. Mais, dans la confusion d’élections présidentielles marquées par des irrégularités, le propre fils du défunt président est élu avec 60 % des voix. Faure Gnassingbé devient président avec la bénédiction de la France, représenté par le président de l’époque, Jacques Chirac. Farida rejoint alors le parti politique de son père et commence à s’engager.
Trois ans plus tard, elle quitte le Togo pour faire ses études aux États-Unis où elle fonde le mouvement Faure Must Go. A partir de là, elle va devenir une figure de proue de la résistance au régime autoritaire de son pays à travers des prises de positions dans la presse, sur les réseaux sociaux et dans les grandes conférences du monde sur les Droits de l’Homme. Les choses vont s’accélérer en 2017 à l’occasion de manifestations géantes contre le régime où Faure Must Go devient le slogan repris par la foule.
Faure Must Go comme un cri du cœur
Elle est à ce moment là, la voix du Togo dans les milieux francophones mais aussi anglophones et prend une grande importance dans le mouvement. A l’occasion de ces manifestations, des centaines de personnes vont se retrouver emprisonnées par le régime pour leur participation plus ou moins active. Farida va vite comprendre que le gouvernement écoute les conversations et qu’il va même jusqu’à surveiller les mouvements d’argent.
Il était de notoriété publique que le pouvoir écoutait et espionnait les gens, avec notamment des logiciels comme Pegasus qui traque les dissidents sur toutes les applications numériques. Mais, le plus surprenant sera donc la surveillance financière des flux d’argent. En effet, des personnes se retrouvent en prison pour avoir simplement donné de l’argent aux mouvements pour la liberté. C’est là qu’elle va chercher une alternative pour continuer à lever des fonds de façon plus discrète et découvrir que Bitcoin peut faire ça. Grâce à cet outil, elle va réussir à convaincre une partie de la diaspora de poursuivre le financement du mouvement sans craindre de représailles pour sa propre famille ou pour son business.
Bitcoin est maintenant au cœur de son action militante et citoyenne
Après cette découverte, elle va se former, lire, écouter et comprendre que Bitcoin peut-être un réel soutien pour tous les activistes africains qui souffrent des mêmes restrictions qu’au Togo. Au sein de son réseau, elle va ainsi expliquer au plus grand nombre comment utiliser Bitcoin, comment acheter des satoshis avec le mobile money, comment les envoyer, comment les dépenser.
Petit à petit, d’autres activistes au Zimbabwé, en Ouganda ou au Cameroun vont également se mettre à utiliser ce nouveau moyen de financement pour contourner la censure d’état. Elle va intégrer Bitcoin à ses cours à l’université comme outil de lutte pour les droits civiques comme les régimes dictatoriaux. En 2017, elle reçoit un prix de la jeunesse africaine et le Nobel’s Woman Intiative récompense son travail par une distinction. En 2019, elle fait partie des 100 femmes les plus influentes d’Afrique. Farida aura même son TedX. Elle a publié en 2014, la Pression de l’oppression et participe depuis régulièrement à des émissions de télévision et à des podcasts autour de Bitcoin et des droits de l’Homme. Elle est coorganisatrice de l’Africa Bitcoin Conférence à Accra, au Ghana.
Mais en essayant de comprendre ce qu’est la cryptographie puis comment marche Bitcoin, elle va, comme beaucoup d’entre nous, comprendre un peu mieux ce qu’est la monnaie. Ce faisant, elle ouvre un nouveau champ de lutte contre un ennemi majeur de l’indépendance africaine selon elle : le franc CFA.
Bitcoin contre l’oppression monétaire du franc CFA : rencontre avec Fodé Diop.
Le franc CFA, au cœur du combat des élites francophones
On vous avait promis qu’on ne parlerait pas d’économique. Cependant, on va faire une rapide parenthèse, car c’est un combat qui est cher au cœur de Farida Nabourema. Quand elle a gentiment répondu à nos questions, il a surtout été question de son histoire personnelle de militante et de Bitcoin. Cependant, le franc CFA revenant régulièrement dans la discussion, on ne pouvait pas ne pas en parler. Ce sera l’occasion de citer également une autre figure du Bitcoin en Afrique, Fodé Diop, qui a fait du combat contre le CFA une affaire personnelle.
Cette autre personnalité est aussi un habitué des panels de conférences et des podcasts crypto qu’il multiplie pour raconter son histoire et pourfendre la monnaie coloniale comme il l’appelle. Il a même déjà été reçu par le Journal du Coin en 2021 pour parler du franc CFA et des Bitcoin Developers Meetups de Dakar. Son histoire commence en 1994 alors qu’il a 18 ans. À cette époque, il vit au Sénégal, où il est né, et il a devant lui un brillant avenir de basketteur et d’ingénieur. Son père, instituteur, l’a initié à l’informatique et ses qualités physiques lui valent des propositions d’universités prestigieuses aux États-Unis.
Une jeunesse presque gâchée par la dévaluation de 1994
Ses parents, en prévision de ce départ, ont mis de l’argent de côté afin de lui permettre de payer les frais de voyage et son installation. Mais, un événement important va venir faire dérailler ce beau programme. Au matin du 12 janvier 1994, les économies de ses parents ont été divisées par deux. La veille au soir, 1 franc français était égal à 50 francs CFA, mais à partir de ce matin-là, 1 franc français vaut désormais 100 francs CFA.
Pendant la nuit, à Dakar, une réunion au sommet vient de sceller le destin de 14 pays dont la monnaie vient d’être dévaluée par deux. De cette déconvenue familiale qui n’aura qu’une influence finalement limitée sur sa vie personnelle, Fodé Diop va en faire un exemple de l’ingérence française dans les économies d’Afrique de l’Ouest. À partir de là, et en parallèle de sa brillante carrière d’ingénieur, il va devenir un défenseur invétéré des monnaies nationales africaines.
Bitcoin devient la solution aux problèmes du franc CFA
Et lorsque Bitcoin arrive, en tant que cypherpunk de la première heure, il sait qu’il a trouvé exactement ce dont son pays a besoin. Une monnaie décentralisée, libre d’accès, incensurable qui permettra aux Africains utilisant le CFA de pouvoir enfin s’émanciper de ce joug monétaire. Ses théories et ses combats, il les expose en français et en anglais et il participe régulièrement à divers sommets internationaux.
On l’a notamment vu au Oslo Freedom Forum en 2021 intervenir avec Farida Nabourema pour défendre l’intérêt de Bitcoin dans la lutte contre l’oppression monétaire. Cette conférence internationale rassemble des activistes du monde entier et elle est organisé par la Human Rights Foundation, qui sera justement notre prochain invité dans cette chronique.
Bitcoin comme allié des droits de l’Homme en Afrique : Alex Gladstein aux manettes
La Human Rights Foundation lutte pour les droits de l’Homme
La Human Rights Foundation est une organisation crée en 2005 et qui milite, comme son nom l’indique, pour les Droits de l’Homme. Gary Kasparov, l’ancien joueur d’échecs en exil, en est actuellement le président. Il a succédé à ce poste à Vaclav Havel, figure de l’opposition au communisme en Tchécoslovaquie et héros dans son pays. Mais au-delà de son président, c’est un conseil constitué d’anciens prisonniers politiques et d’activistes du monde entier qui dirige l’association.
L’institution organise chaque année, depuis 2009, le Oslo Freedom Forum qui rassemble des intervenants du monde entier. Selon ses fondateurs, l’objectif est triple. Dénoncer publiquement les régimes autoritaires, inspirer l’action par l’échange d’idées et remettre les droits de l’Homme au cœur de l’agenda politique mondial. Pour le New-York Times, les dissidents ont « enfin leur mot à dire » et ce rendez-vous est devenu la grand-messe de la lutte contre les tyrannies du monde.
Oslo Freedom Forum et la Bitcoin Academy
Et justement depuis quelques années, de plus en plus de panels lors de cette conférence rassemble des activistes utilisant Bitcoin comme arme de destruction massive de l’autoritarisme. Sous la houlette d’Alex Gladstein, le conseiller stratégique de HRF, le roi des cryptos s’est retrouvé au centre de plusieurs interventions. La Bitcoin Academy rassemble même depuis 2021 des ingénieurs, des entrepreneurs, des experts en sécurité, des journalistes et des activistes pour partager les meilleurs moyens d’utiliser Bitcoin. Des kits Bitcoins sont à disposition des activistes du monde entier pour l’utiliser en toute sécurité. L’intérêt de la HRF pour Bitcoin s’est en plus matérialisé dans la création d’un fond spécial dédié à cette cryptomonnaie : le Bitcoin Dévelopment Fund.
En 2020, la HRF a lancé ce fond pour la promotion d’actions qui mettent Bitcoin au service de la liberté, de l’égalité ou de la simple fraternité. Il finance notamment des développeurs qui facilitent l’accès à Bitcoin et le démocratise dans les populations fragiles ou menacées. Le Bitcoin Development Fund a distribué plus de 2 millions de dollars ces dernières années et voici quelques exemples récents d’actions financées, avec, pour commencer, l’Africa Bitcoin Conference. Il s’agit de la conférence la plus importante en Afrique dont Farida Nabourema est coorganisatrice.
Le Bitcoin Development Fund au service des populations laissées pour compte
Des fonds ont également été alloués au projet Qala qui recrute et forme des développeurs africains spécialisés dans le Bitcoin et le Lightning Network (LN). Il y a aussi le portefeuille open-source Bitcoin et LN Muun, le projet Blockchain Commons qui permet à tous les dissidents ou journalistes menacés par un pouvoir de facilement intégrer un système de paiement en BTC. Il y a aussi l’association Bitcoin for Fairness, fondée par Anita Bosh, célèbre animatrice de podcast entièrement dédiée à Bitcoin et à ses bienfaits. Cette organisation cherche à éduquer un maximum de gens à l’indépendance financière. Avec Bitcoin of course !
On pourrait comme ça citer des dizaines de projets, mais on terminera avec un petit dernier qu’on a bien aimé. Il s’agit du projet Exomunia qui propose gratuitement tous les écrits nécessaires pour comprendre Bitcoin dans plus de 30 langues africaines ! Faire tomber les barrières de la connaissance par l’accessibilité du savoir est le cœur de cette initiative imaginée par le petit génie nigérian Kgothatso Ngako. C’est lui qui est aussi à l’origine de Manchakura dont nous avons parlé lors de notre premier article sur l’Afrique. Pour terminer ce rapide tour d’horizon de Bitcoin en Afrique comme outil de lutte pour les Droits de l’Homme, nous allons maintenant nous intéresser plus particulièrement à un groupe de femmes. Direction le Nigéria et la Feminist Coalition.
Bitcoin contre les violences policières au Nigéria : la Feminist Coalition en action
Les violence policières gangrènent le Nigéria
Avant d’aller plus loin, faisons un petit rappel du contexte social explosif qu’a traversé le pays le plus peuplé d’Afrique depuis quelques années. Au début des années 2010 une colère est montée dans le pays. Une colère sourde contre les violences policières qui gangrènent le pays. Et un service en particulier a cristallisé tous les ressentiments. Il s’agit du Special Anti-Robbery Squad (SARS) crée à la fin des années 90 pour officiellement lutter contre le grand banditisme.
Au fil du temps, la population va découvrir des dizaines, des centaines, des milliers d’exactions réalisées par ses soi-disant policiers. Vols, rackets et extorsions en tous genres se multiplient et touchent une grande partie de la population. Mais le pire seront les crimes à caractères sexuels. De jeunes femmes et surtout de jeunes hommes sont ciblés dans la rue. A cause de tenues vestimentaires jugées excentriques, de coiffures, de tatouages, ils sont violés, humiliés, menacés par des forces de l’ordre toutes-puissantes. Ces comportements aussi violents que scandaleux vont donner naissance à un mouvement de révolte populaire nommé endSARS.
Le mouvement endSARS à l’origine de la révolte des féministes
En 2018, le hashatg #endSARS va se répandre comme une trainée de poudre dans la jeunesse nigériane hyperconnectée et donner lieu à des manifestations monstres. Début octobre, les choses vont s’accélérer avec la diffusion sur les réseaux sociaux de la vidéo d’un jeune homme exécuté par la police qui va finir de mettre le feu aux poudres. Tout cela finira le 20 octobre 2020 dans un bain de sang au désormais célèbre péage de Lekki où Amnesty International dénoncera près de 60 manifestants tués par la police. Quel rapport avec la crypto êtes-vous en train de vous demander ?
C’est là que vont entrer dans l’histoire Damilola Odufuwa et Odunayo Eweniyi et 12 autres jeunes femmes. Toutes éduquées et diplômées, elles représentent la jeunesse brillante du Nigéria qui travaillent dans la technologie, la FinTech ou le numérique. Comme tout le monde ou presque, elles ont aussi subi les violences de la police directement ou à travers leur famille. Et, en tant que femme, ce fut particulièrement terrible. Terrifiées par la situation, mais aussi révoltées, elles vont se lever et décider de faire quelque chose. Accompagnées par des représentants de la communauté LGBTQ particulièrement rejetée dans le pays et en Afrique en général, elles vont créer la Feminist Coalition.
La Feminist Coalition au service des femmes et des minorités LGBTQ
Alors que le mouvement endSARS est à son apogée et que le COVID-19 sévit dans le pays, elles vont lever des fonds pour aider les manifestants qui, en plus de risquer leurs vies, manquent de tout. Via Stripe ou PayPal, elles vont commencer à collecter des dollars et des nairas envoyés par la diaspora et la population. Août et septembre passent au rythme des manifestations et de la répression quand arrive le mois d’octobre. Le 13, exactement. Soit une semaine avant le massacre de Lekki. Les filles vont alors s’apercevoir que leur compte en banque est gelé comme celui de 20 autres activistes dans le pays.
À ce jour, elles ignorent qui a ordonné cela. Ni comment elles pourront récupérer l’argent toujours bloqué. Mais elles comprennent à cet instant précis qu’il va falloir trouver un plan B pour se financer et surtout pour protéger leur identité. Et nous voilà finalement arrivés à Bitcoin, qu’elles vont dorénavant utiliser pour leurs actions et dont elles vont conseiller l’usage à leurs membres. A l’aide du service BTCPay Server, elles peuvent dorénavant collecter des bitcoins en toute discrétion. Ces femmes sont des héroïnes des temps modernes qui bravent à la fois le gouvernement et la société patriarcale qui voudrait les enfermer dans leur simple rôle d’épouse. Grâce à Bitcoin, elles découvrent l’indépendance financière et diffusent ces informations autour d’elles pour convaincre un maximum de jeunes filles qu’elles ont le choix de dire non.
Le mot de la fin mais le début de la lutte en Afrique
On aurait pu également parler du mouvement de la jeunesse en République Démocratique du Congo appelé Lucha qui utilise Bitcoin pour ses activités, ou des activistes du Zimbabwe qui luttent pour plus de démocratie dans leur pays. Mais, cette galerie de portraits est assez remplie pour aujourd’hui . Il est aussi temps de conclure ce sujet de la lutte pour les droits de l’Homme en Afrique. Bien sûr, on entend déjà les critiques dénoncer le peu d’exemple face à l’ampleur de la tâche à accomplir. Et on a envie de vous répondre que oui, que tout ceci est embryonnaire et ne représente actuellement qu’une infime partie des actions en Afrique.
Mais Alex Gladstein, lors de l’introduction de Bitcoin Academy de 2021, a rappelé qu’en 2009, lors du premier Oslo Freedom Forum, seulement 5 % des activistes du monde entier utilisaient des outils numériques cryptés pour leurs actions. Dix ans après, en 2019, ils étaient 95 % à profiter des messageries sécurisées et quelques-uns à utiliser Bitcoin. La technologie se met au service des droits de l’Homme et il se pourrait que dans 10 ans, Bitcoin ait suivi la même courbe d’adoption.
Une conclusion en attendant la prochaine fois
Julian Assange et WikiLeaks ou encore les cypherpunks des origines avaient compris avant tout le monde la puissance de Bitcoin comme outil d’émancipation, de liberté financière et de liberté tout court. Des années plus tard, bien loin des États-Unis, des millions de personnes ont compris le message en Afrique et mettent en pratique ces idées révolutionnaires à l’époque. Le prochain opus de cette série sur l’Afrique sera consacré à une personne extraordinaire dont l’action synthétise presque tout ce que nous avons vu jusqu’ici.
Problèmes économiques, précarité, inclusion financière faible et gouvernement autoritaire seront au programme. Réfugiée d’Erythrée en Suède, elle utilise Bitcoin pour financer et organiser la fuite de milliers de gens hors de ce pays incroyablement fermé et despotique. Elle lutte d’ailleurs aussi contre les réseaux mafieux qui utilisent ces populations vulnérables pour s’enrichir. Meron Estefanos mérite d’être connue et nous vous raconterons bientôt son histoire.
Pour vous, la technologie blockchain et les cryptomonnaies seront bientôt au cœur du quotidien de chacun d’entre nous. Vous pouvez vous exposer à Bitcoin, Ethereum et aux autres tokens sur l’exchange leader. Inscrivez-vous vite sur la plateforme Binance, et économisez 10 % sur vos frais de trading en suivant ce lien (lien commercial).