Benoît Cœuré : « Bitcoin est le rejeton maléfique de la crise financière »

Benoit Cœuré, administrateur de l’INSEE et membre du directoire de la Banque Centrale Européenne (BCE) a récemment qualifié Bitcoin de « rejeton maléfique de la crise financière ». Si la formule sonne comme une attaque, il a tout de même ajouté que « Bitcoin était une idée extrêmement intelligente ».

Economics of Payment IX

C’est lors du discours d’introduction de la conférence « Economics of Payment IX » – qui se déroule à Basel, en Suisse, les 15 et 16 novembre – que Benoît Cœuré s’est adressé à une assemblée composée de chercheurs académiques, d’économistes venus des banques centrales et de représentants des organismes de régulations. Cette conférence, organisée par la BRI, analysait les évolutions de la technologie, de la structure des marchés et leur répercussion sur les paiements, compensations et règlements.

Vous pouvez retrouver la retranscription de son discours ici.

Dans son introduction, Cœuré à présenté les trois grands défis en termes de réglementation auxquels la BRI fait face : « les trois C ». Sous le dernier de ces « C », vous vous en doutez, se cache le mot « Crypto ».

Bitcoin « le rejeton maléfique »

Gardant le meilleur pour la fin, c’est en clôture de son discours que Cœuré a adressé le « problème crypto », en commençant par revenir sur l’histoire de Bitcoin.

« Peu de gens se souviennent que Satoshi a intégré au genesis block [le premier bloc miné] un gros titre du Times de janvier 2009, relatant le renflouement des banques du Royaume-Uni. À plus d’un titre, Bitcoin est le rejeton maléfique de la crise financière. » Benoît Cœuré

Cœuré semble ainsi en proie à une certaine dichotomie, et la suite de ses propos va le confirmer.

« En disant cela dans la Tour de Basel, la foudre pourrait bien me frapper, mais Bitcoin était une idée extrêmement intelligente. Malheureusement, toutes les idées intelligentes ne sont pas de bonnes idées. » Benoît Cœuré

Voilà, maintenant qu’on a fait le tour des déclarations que l’on qualifiera de positives, on va rapidement lister les critiques qui n’ont rien de vraiment original. Cœuré fait une référence aux élucubrations d’Augustin Cartens – directeur de la BRI – qui avait déclaré que Bitcoin était « la combinaison d’une bulle, d’un Ponzi et d’un désastre économique », après nous avoir servi le très regrettable « le potentiel de la blockchain est présent, mais les problèmes autour de Bitcoin sont légions ». Mince alors, nous n’aurions rien compris.

Banques centrales et cryptomonnaies

Benoît Cœuré poursuit sa déclaration sur le terrain des banques centrales désirant émettre leurs propres devises numériques, et mentionne le projet de la Banque Centrale de Suède, l’e-krona.

« C’est une problématique particulièrement pressante, notamment pour les pays où la demande de liquide a fortement décliné. Sveriges Riskbank [la Banque Centrale de Suède], par exemple, pourrait bientôt ouvrir une enquête en vue d’élaborer des amendements concrets […] afin d’ouvrir la voie à l’introduction de l’e-krona » Benoît Cœuré

Il continue en présentant les chiffres issus d’une étude récente, selon laquelle 69 % des 80 Banques Centrales interrogées déclaraient démarrer – ou s’apprêtent à démarrer – des travaux en lien à l’émission d’une cryptomonnaie. Il tempère cette déclaration en relevant que rares sont les Banques Centrales qui en sont au-delà du stade expérimental.

Sa conclusion appelle, comme d’habitude, au travail conjoint des régulateurs afin de « garder le système financier sûr ».

C’est donc, encore une fois, une preuve de l’intérêt croissant que portent les institutionnels aux cryptomonnaies. Plus le temps passe, plus le discours se fait tempéré, mais toutes ces inquiétudes pour le système financier traditionnel, ne serait-ce pas là le signe du caractère disruptif des cryptomonnaies ?

Sources : CoinDesk ; AMBCrypto || Image from Shutterstock

Julien C.

Tombé dans le domaine des cryptomonnaies durant l’été 2017, je m’intéresse particulièrement aux projets novateurs et aux relations dans la communauté. Chasseur de scam à mes heures perdues, vous pouvez me retrouver tous les matins dans notre newsletter !