Affaire Kleiman : Craig Wright et ses 1,1 million de bitcoins fantasmés en sursis
La moitié de zéro, ça faisait toujours zéro – Alors que Craig Wright continue de défendre mordicus qu’il détient près de 1,1 million de bitcoins, sa dernière justification en date fait intervenir un mystérieux « coursier » supposé lui donner les précieuses clés privées pour accéder à ce trésor. Sans surprise, il n’est toujours pas arrivé pour l’heure. Par conséquent, et alors que l’existence-même de ce million de bitcoins n’a toujours pas été prouvée, la juge en charge de l’affaire Kleiman a suspendu l’obligation de Wright de devoir partager pour moitié cette somme avec la famille du défunt (décédé en 2013). Mais les ennuis ne sont pour autant pas terminés pour M. Wright.
Le « coursier Tulip » pas pressé de se montrer
En août dernier, le juge Bruce Reinhart a estimé que Craig S. Wright s’était parjuré en présentant des documents falsifiés à la Cour, et l’avait ainsi condamné a céder 550 000 bitcoins à la famille de David Kleiman, son ancien associé en affaires. Problème : l’accusé n’est toujours pas capable de dire combien il détient de bitcoins exactement, de fournir les adresses publiques de ces bitcoins supposés, ou encore d’y accéder.
Mais selon un nouveau document judiciaire déposé ce 10 janvier, la juge Beth Bloom a accordé un délai supplémentaire à Craig Wright pour recevoir la visite du fameux livreur du Tulip Trust. Ce coursier serait, selon M. Wright, à même de lui donner les clés privées permettant d’accéder à son magot bitcoinesque. Même si la juge ne semble pas croire une seule seconde à cette excuse qualifiée d’assez « improbable », elle suspend pour l’instant la sanction obligeant M. Wright à verser l’équivalent de 4,5 milliards de dollars de bitcoins au frère de David Kleiman.
« Le tribunal se demande s’il est plausible que le mystérieux « courrier » [du Tulip Trust] arrive, et encore plus pour qu’il arrive en janvier 2020 comme le prétend maintenant le défendeur. Toutefois, étant donné que le défendeur soutient que [la chance devrait lui être laissé de prouver ses dires], le tribunal lui accordera cette faveur », page 21 et 22 de la décision du juge Beth Bloom
Ayant manifestement pris pitié de l’accusé, le tribunal laisse à Craig Wright jusqu’au 3 février 2020 pour démontrer la livraison du fragment de clé annoncé comme manquant pour accéder aux prétendus 1,1 million de bitcoins.
Les 650 000 $ de frais de justice restent
Bien que la juge Beth Bloom se montre plus clémente que son confrère, elle valide en revanche la demande des plaignants de se voir rembourser leur frais de justice, se montant pour l’heure à quelques 658 000 dollars. C’est notamment le mauvais comportement de l’accusé qui est pointée du doigt comme justification à cette décision.
« La Cour n’a aucun doute que les plaignants ont été lésés par les bouffonneries du défendeur. Il est clair pour la Cour que la conduite du défendeur était tout sauf substantiellement justifiée ou inoffensive. La conduite du défendeur a retardé et entravé le processus de communication préalable de cette affaire, a fait perdre un temps précieux et d’importantes ressources dans le cadre du litige en question, et a empêché le plaignant d’obtenir des preuves (…) », page 21 du document
De plus, si rien ne se passe d’ici au 3 février prochain, Wright s’exposera à de nouveaux ennuis judiciaires :
« Au cas où le courrier n’arriverait pas (…) le Tribunal estime que des sanctions supplémentaires seraient justifiées ».
La plaisanterie est donc encore loin d’être terminée, et elle risque d’animer nos colonnes jusqu’à début février, au moins. Les juges en charge de l’affaire semblent toutefois de plus en plus exaspérés et le moins que l’on puisse dire est qu’ils perdent patience vis-à-vis du petit jeu de Craig Wright… et de sa course aux bitcoins fantômes.