Tokeniser Gaza sur une blockchain : Cette proposition « grotesque » fait déjà scandale

Tokenisation de Gaza ? Le Tony Blair Institute (TBI) est une organisation à but non lucratif, fondée par l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair. Elle a pour objectif d’aider les gouvernements à mettre en œuvre des réformes économiques et sociales, mais la dernière idée qu’on lui attribue risque de ne pas plaire à tout le monde. Et pour cause, il s’agirait de tokeniser des terres de Gaza sur une blockchain, pour les vendre à des investisseurs privés. Retour sur un scandale diplomatique à la sauce Web3.

Les points clés de cet article :
  • Le Tony Blair Institute a proposé la tokenisation des terres de Gaza via une blockchain pour attirer des investisseurs privés.

  • Ce projet, soutenu par des figures influentes, a provoqué un scandale et une vive colère parmi les Palestiniens, qui y voient une tentative de spoliation de leurs terres.

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Un projet de tokenisation de Gaza, avec un Trust et des tokens immobiliers

Selon un récent article du Financial Times, le Tony Blair Institute aurait proposé un plan pour reconstruire Gaza, en utilisant la technologie blockchain. Ce projet aurait été présenté à l’administration de Donald Trump et il aurait reçu le soutien de plusieurs personnalités, même s’il faut préciser que le Tony Blair Institute se défend depuis d’avoir élaboré le document final.

Ce plan consisterait à créer un Trust, qui détiendrait les droits sur les terres publiques de Gaza. Ces droits seraient ensuite vendus sous forme de tokens, qui pourraient être échangés sur une blockchain. Les habitants de Gaza pourraient ensuite ajouter leurs terres privées à ce Trust, en échange de tokens qui leur donneraient droit à une unité de logement.

À noter que dans la première version du TBI, il n’était pas question d’exproprier 500 000 habitants et que cela aurait été ajouté par les équipes qui ont rédigé la version définitive de la présentation, toujours selon le Financial Times.

Le but serait ainsi d’attirer des investisseurs privés pour financer la reconstruction de Gaza, après les bombardements israéliens. Le plan prévoit également la construction d’îles artificielles et de zones industrielles, inspirées de Dubaï. Des projets qui porteraient les noms de Donald Trump (Gaza Trump Riviera & Islands) et Elon Musk (The Elon Musk Smart Manufacturing Zone).

Selon un récent article du Financial Times, le Tony Blair Institute aurait proposé un plan pour reconstruire Gaza, en utilisant la technologie blockchain. Depuis, ce projet a déclenché une vague de critique très importante.
Plus personne n’assume la paternité de ce projet hautement critiquable dans la bande de Gaza – Source : Compte X

Une proposition « diabolique » qui suscite la colère des Palestiniens (et du reste du monde)

Ce projet de tokenisation de Gaza a évidemment provoqué une vive réaction de la part des palestiniens, qui le considèrent comme une tentative de spoliation de leurs terres :

« Ces put*** de monstres veulent voler toutes les terres palestiniennes et les revendre ? »

Paul Biggar, fondateur de Tech for Palestine – Source : Decrypt

Les opposants au projet dénoncent également le fait que le plan prévoie de payer 500 000 Palestiniens pour qu’ils quittent Gaza, afin de faciliter la réhabilitation de la région. Selon eux, il s’agit d’une forme de nettoyage ethnique, qui vise à chasser les Palestiniens de leur terre :

« Les Palestiniens veulent vivre chez eux. C’est la simple vérité au cœur de tout cela (…) Le siège d’Israël sur Gaza a été conçu pour rendre la vie si insupportable pour les survivants qu’ils sont forcés de choisir l’exil. Ce n’est pas seulement grotesque. C’est diabolique. »

Ashok Kumar, professeur associé d’économie politique à la Birkbeck Business School – Source : Decrypt

Devant la levée de bouclier médiatique déclenchée par la simple évocation du projet, le Tony Blair Institute et le Boston Consulting Group (BCG), qui aurait aussi participé à l’élaboration du plan, ont immédiatement rétropédalé. Ils ont tenté de se justifier en affirmant qu’il ne s’agissait que d’une hypothèse de travail, et qu’ils n’ont pas du tout été consultés pour la version définitive.

Mieux, ils n’auraient, ni l’un ni l’autre, participé réellement à son élaboration et rejettent la responsabilité sur la Gaza Humanitarian Foundation (GHF) qui aurait mené les travaux. Financée par Israël et les États-Unis, ce serait cette organisation qui aurait démarché le TBI et le BCG. Notez que nous prenons de nombreuses précautions dans nos propos, car le dossier est sensible au plus haut point et qu’il concerne un sujet par nature très délicat.

Difficile donc de savoir à cette heure si quelqu’un avait sérieusement envisagé qu’un tel projet puisse voir le jour, mais il fait étrangement écho à des déclarations du président Trump au mois de février. S’agit-il simplement d’un document de travail qui a été rendu public ? Ou d’un réel plan pour l’enclave de Gaza ? On a beau être favorable au progrès et être technophile, là, on reste coi devant une utilisation aussi abjecte de la tokenisation. Et finalement, le terme « grotesque » n’est peut-être pas assez fort.

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Ben Canton

Avec une formation en littérature et en langues, j’aime mêler l’analyse rigoureuse au goût des idées pour décrypter les grands enjeux économiques et (géo)politiques liés aux cryptomonnaies. Depuis 2019, j’écris pour le Journal du Coin, et je collabore également avec Tahiti Cryptomonnaie, où je me concentre sur des sujets comme le Bitcoin, les MNBC, la tokenisation des RWA et plus largement les mutations stratégiques du Web3. Lecteur passionné, curieux du monde et des rapports de pouvoir qui le structurent, je m’efforce de rendre ces thématiques accessibles à tous, avec une attention particulière pour les projets pensés pour le grand public.