Tether : 80% des USDT contrôlés par 318 adresses, et alors ?
Une étude récente de Coin Metrics fait grand bruit depuis sa reprise par Bloomberg : cette dernière affirme en effet que 80% des USDT seraient détenus par seulement 318 adresses, ce qui à première vue ressemble fort à une centralisation à faire frissonner de bonheur un dignitaire nord-coréen. Pour autant, les conclusions tirées par Bloomberg semblent peut-être légèrement alarmistes. Explications.
Révélation : le tether (USDT) serait une monnaie d’exchange !
Ne se gênant pas pour décrire une « Tether Mafia« , Bloomberg reprend des données de Coin Metrics arrivant à la conclusion qu’environ 80% des USDT sont détenus par 318 adresses. Pour autant, le groupe d’études crypto-compatible s’est ensuite intéressé plus précisément à ces 318 adresses qui contrôlent chacune 1 million de dollars ou plus libellés en USDT.
Dans les suites, c’est le désormais célèbre John Griffin qui est interrogé par le média. Ce professeur de finance de l’Université du Texas est connu dans la cryptosphère pour avoir déjà fait montre de son allergie manifeste à l’USDT : rappelez-vous, nous vous avions présenté son rapport fourni et documenté sur les relations entre le cours de Bitcoin qui aurait été manipulé à l’aide d’émissions de Tether, paru en juin 2018. Pour appuyer sa thèse, il déclare notamment que :
« La concentration de Tether suggère que le contrôle de Tether est entre les mains de quelques acteurs centraux qui peuvent faire fluctuer les prix du bitcoin, et qui ont un intérêt direct à le faire ».
Pour marquer un peu plus le coup, il est rappelé par Bloomberg qu’une petite comparaison avec les plus riches possédants de BTC (avec plus d’un million de $ en bitcoins sur leur adresse) permettrait de se rendre compte que ces adresses seraient pour leur part au nombre de 20 000, lesquelles ne détiendraient que 20% du total de la capitalisation.
Comparaison n’est pas raison
Le rôle et l’utilité de l’USDT de Tether peuvent tout de même amener à questionner et nuancer certaines des conclusions tirées par le média américain. En effet, même s’il a récemment été rapporté par Coindesk une utilisation du stablecoin à fin de rémitance par exemple en Chine, son utilisation reste à priori très majoritairement liée au trading.
Cet état de fait amène à relativiser les conclusions de M. Griffin ; notamment car les principaux exchanges de la planète gardent eux-mêmes la gestion des USDT de leurs clients, amenant à une forte centralisation de fait. Les données de Coin Metrics spécifient d’ailleurs que l’USDT représente respectivement 40 % et 80 % de toutes les transactions de Binance et Huobi, les deux plus importants exchanges du monde.
En plus des crypto-exchanges, Nic Carter, co-fondateur de Coin Metrics, explique que le stablecoin est aussi détenu par des services de courtiers qui s’adressent aux investisseurs chinois (ce qui est cohérent avec les dires de Coindesk) et aux traders à haute fréquence.
Sans être pro-Tether (et même au vu des tensions juridiques auxquelles la société est régulièrement confrontée), il peut sembler un tantinet prématuré de crier à la Mafia Tether mondiale, sur la base des simples données distillées par Coin Metrics. Conserver prudence et l’oeil bien ouvert, par contre, pourquoi pas.