Fraude crypto : 2 Estoniens (enfin) arrêtés pour une arnaque à 575 millions de dollars
Escrocs sans frontières – Les arnaqueurs et les aigrefins n’ont pas attendu les cryptos pour détrousser les braves gens au détour d’un chemin. Tout comme les pyramides de Ponzi existaient bel et bien avant que Satoshi ne libère Bitcoin sur internet. Mais il faut reconnaître que la mondialisation et les actifs numériques ont créé un terrain de jeu particulièrement vaste et attractif pour les gangsters 3.0. Aujourd’hui, nous allons faire connaissance avec deux trentenaires estoniens qui avait mis en place un système plutôt réussi qui a généré 575 millions de dollars en quelques années. Du moins, c’est ce qu’affirme le FBI, car en attendant le jugement final, ils sont bien sûr considérés comme présumés innocents. Explications.
Une enquête internationale pour une affaire hors norme
Sergei Potapenko et Ivan Turõgin ont tous les deux 37 ans et ils viennent d’être arrêtés à Tallinn en Estonie. L’acte d’accusation du 27 octobre émane du Département de la Justice américain et plus particulièrement du procureur du district ouest de Washington, Nick Brown. L’enquête a été menée par le FBI qui traque sans relâche les escrocs de tous poils, en concertation avec plusieurs instances dont le Bureau de la Cybercriminalité de la Police estonienne ainsi que la police des frontières.
La section criminelle spécialisée dans le blanchiment d’argent est également concernée par la procédure internationale qui a impliqué des forces américaines et estoniennes pendant plusieurs années. 18 chefs d’inculpation pèsent sur les deux Estoniens, dont plusieurs complots en vue de réaliser une fraude à la crypto, mais aussi blanchiment en bande organisée, pour un butin estimé donc à 575 millions de dollars. Ils risquent au maximum 20 ans de réclusion criminelle pour l’ensemble de leurs délits. Mais, que leur reproche-t-on exactement ?
Des contrats de mining crypto très virtuels !
Entre 2015 et 2019, les deux associés auraient escroqué des centaines de milliers de victimes grâce à plusieurs procédés fallacieux. Ils ont tout d’abord incité des particuliers à investir dans une société de minage de cryptomonnaies nommée HashFlare. Contre monnaie sonnante et trébuchante, ils louaient un pourcentage de la puissance de leurs installations minières à leurs clients qui devaient récupérer de la crypto en échange. Un site web permettait même à chacun de voir l’avancement de son contrat et la quantité de crypto minée, en somme, un bon vieux contrat de cloud mining.
Problème ? Ils ne possédaient que 1 % de la puissance annoncée ! Et ils payaient les clients avec de la crypto achetée en spot dès que ces derniers voulaient retirer des fonds ou faisaient carrément trainer les retraits le plus possible. Ils ont ainsi signé pour près de 550 millions de dollars de contrats entre 2015 et 2019 avant de disparaître avec les fonds.
Une banque d’investissement en forme de Ponzi
Mais non content de leur fausse société de mining, ils avaient également créé en 2017, une société spécialisée dans les investissements dans la crypto avec laquelle ils ont collecté pas moins de 25 millions de dollars. Polybius, c’est le nom de leur soi-disant banque, leur a permis d’amadouer et d‘escroquer des milliers de personnes en payant les intérêts des sortants avec l’argent des nouveaux entrants. Il s’agit d’un système de Ponzi des plus classiques.
Pour tenter de blanchir les fonds volés, ils sont accusés d’avoir créé plusieurs sociétés écrans, des fausses factures et des faux contrats, mais aussi d’avoir acheté au moins 75 propriétés immobilières, 6 véhicules de luxe, des portefeuilles de différentes cryptos et des milliers de machines de minage.
Le procureur adjoint, Kenneth A. Polite Jr., a déclaré dans le cadre de l’affaire que « les nouvelles technologies permettent aux acteurs malveillants de profiter plus facilement de victimes innocentes, tant aux États-Unis qu’à l’étranger, dans des escroqueries de plus en plus complexes » et son collègue Nick Brown a reconnu que par « la taille et la portée du stratagème présumé, ce dossier est vraiment stupéfiant ». Encore une belle idée de scénario pour les showrunners de Netflix ou d’Amazon qui adorent les histoires de gangsters en col blanc !