D’OpenSea à Rarible et SuperRare, bien choisir sa Marketplace NFT
L’univers des Non-Fungible Tokens (NFT) est porteur d’une promesse de taille pour ses utilisateurs : celle de pouvoir vendre à peu près n’importe quelle création numérique sous forme de NFT de manière pair-à-pair. Ainsi, plutôt que de voir ses œuvres récolter uniquement des likes sur différents réseaux sociaux, il est désormais possible de leur accorder une valeur pécuniaire. Pour organiser la rencontre entre offre et demande, de nombreuses places de marché ont commencé à voir le jour. Tour d’horizon du playground.
OpenSea, le nouveau standard
En 2018, de nombreux jeux vidéo ont émergé grâce au standard ERC-721 sur Ethereum comme Axie Infinity ou Gods Unchained. Pour retrouver tous ses actifs et surtout les échanger dans un même endroit, Opensea est vite devenue incontournable dans l’écosystème.
Cependant, tandis qu’Opensea se forgeait une identité de place de marché très généraliste, d’autres plateformes spécialisées, plus particulièrement conçues pour les artistes sont apparues comme SuperRare puis Known Origin et Makersplace.
On mentionnera que courant 2019, SpiderDex, une autre marketplace généraliste, est apparue. Mais son fonctionnement et sa gestion laissant à désirer, cette dernière n’a pas été adoptée par les utilisateurs.
Puis vint 2020 et les places se sont faites de plus en plus rares sur les trois marketplaces artistiques historiques. C’est l’une des raisons pour lesquelles Rarible a réussi à se faire une place en se spécialisant dans le domaine de l’art et en ouvrant ses portes à tous les artistes.
“Lazy Minting” et différences entre standards
Si 2020 fut marqué par l’émergence des NFT, cette année est également celle qui restera dans l’histoire pour la hausse considérable des frais de transaction sur Ethereum, favorisant ainsi l’émergence d’autres blockchains et des solutions de seconde couche de type Polygon.
Opensea proposait déjà une possibilité de créer des smart contract et donc, de minter des NFTs depuis leur plateforme. C’est par exemple de cette manière que le jeu Crypto Assaut a créé tous les actifs de son jeu.
Jusque là, la norme d’utilisation était le ERC-721, rendant chaque collection de NFT unique et associée à son propre smart contract. Mais confronté à l’explosion des frais, Opensea a décidé d’utiliser une nouvelle méthode pour minter sur sa plateforme : le lazy minting.
Très concrètement, cette méthode permet au créateur d’une collection de ne pas payer de frais et de laisser ces derniers à l’acheteur. Cela a naturellement favorisé l’émergence d’une multitude de nouvelles collections mais a aussi eu des effets pervers.
Voici un tableau récapitulatif de cette évolution :
Avant le Lazy Minting | Après le Lazy Minting | |
Type de contrat | ERC-721 | ERC-1155 |
Contenu éditable | Non | Oui |
Suppression de la collection | Non | Oui, sauf si un actif a été vendu |
Frais de création du NFT | oui | Non |
Possibilité de censure | Minime (shadowban) | Totale |
Si les deux standards sont très différents, il demeure fréquent qu’une certaine confusion règne entre l’ERC-721 et 1155. Le premier correspond au standard des « véritables » Non-Fungible Tokens, le second à celui des Semi–Fungible Tokens. L’ERC-1155 est régulièrement comparé à des tickets d’entrée de cinéma, tickets similaires entre eux bien qu’uniques mais surtout consommables.
Réfléchir avant d’acheter… et de créer
Bien que l’absence de frais de création d’une collection sur Opensea puisse avoir l’apparence d’un avantage en premier lieu, les collectionneurs de leur côté voient les choses d’un œil très différent.
Heureusement, il est possible d’importer un smart contract d’une autre plateforme pour être sûr que la semi-fongibilité d’une collection ne soit pas un critère d’exclusion de la part des collectionneurs.
En effet, la première génération de collectionneurs est très attachée à cette notion d’immuabilité et aura tendance à privilégier des actifs qui ne risquent pas de disparaître dans le temps.
Les bull runs étant généralement assez courts, les périodes où tout se vend immédiatement dès la mise sur le marché le sont tout autant. Il convient donc de réfléchir avant d’acheter un NFT mais aussi avant de les créer !
En tant que chineur d’objet de collection, voici plusieurs questions à se poser, issues du guide des bonnes pratiques de nonfungible.com :
- Quelle est la rareté de chaque actif ?
- Aura t’il une utilité ?
- Comment la tokenomics est-elle faite ?
- Qu’attendre de l’évolution du projet ?
- Est-ce que plusieurs collections sont prévues ?
- Combien suis-je prêt à investir ?
- Combien de temps suis-je prêt à attendre pour avoir un retour sur investissement ?
En tant que collectionneur d’art, en voici d’autres :
- Quelle est la réputation de l’artiste ?
- Combien suis-je prêt à payer pour une oeuvre ?
- Comment puis-je contacter l’artiste ?
- Est-ce pour la collection seulement ou y a-t’il un autre intérêt ?
- Est-ce que l’artiste est vraiment celui qu’il prétend être ?
- Est-ce que la même œuvre existe ailleurs ?
- Est-ce que les médias sont décentralisés ?
Ces questions sont fondamentales pour n’importe quel acheteur sérieux dans l’espace NFT. Et en tant que vendeur, il est naturel de les avoir en tête afin que l’offre puisse correctement répondre à une demande.
Mais alors, quelle plateforme privilégier ?
Avant de passer en revue les différences entre les plateformes, il reste toutefois un élément à garder en tête : il est extrêmement important de ne pas minter plusieurs fois la même œuvre sur différentes plateformes ! La rareté d’une création dépend de sa disponibilité, si une vente ne prend pas sur une plateforme, tant pis. La blockchain se souvient et sur le long terme, la réputation vaut davantage que quelques cryptos.
Comme dit plus haut, les frais de transactions sur Ethereum ont eu pour conséquence de favoriser l’émergence de solutions alternatives. Il est ainsi aujourd’hui possible de minter sur Polygon, Tezos, Solana, Immutable X, Flow, la Binance Smart Chain ou encore Wax.
Cela fait beaucoup n’est-ce pas ? Le choix de la blockchain (et par conséquent, de la plateforme) va donc dépendre de la nature du projet à réaliser. Mais plutôt qu’essayer de comparer les blockchains entre-elles et rentrer dans un débat impossible à véritablement trancher, voyons plutôt ce que les principales plateformes ont à proposer :
Pour | Contre | |
SuperRare | Leader historique, image de marque | Curation à l’entrée, prix prohibitifs, frais de mint |
Hic et Nunc | Eco-friendly, spécialisé en art génératif et programmable | Prix trop bas pour les artistes, très jeune |
Atomic Hub | Eco-friendly, présence de grandes marques | Marketplace généraliste |
Opensea | Mint facile à prendre en main, plusieurs sidechains, sans frais | Marketplace généraliste, mint centralisé |
Immutable X | Rapide, sans frais, pensé pour les jeux vidéo | Encore en alpha |
VIV3 | Eco-friendly, première marketplace sur Flow | Curation à l’entrée |
Known Origin | Culture alternative et ouverte, paiement en CB | Curation à l’entrée, frais de mint |
Rarible | Ouverte, facile à prendre en main | Soupçonné de wash trading, frais de mint |
Nifty Gateway | Paiement en CB, présence d’artistes connus | Centralisation, curation à l’entrée |
Chaque plateforme possède par ailleurs sa propre identité et c’est pour cette raison qu’il est important de correctement choisir la plateforme qui colle à sa sensibilité propre.
Un autre élément qui peut être pris en compte concerne les capacités à évaluer son travail. Les prix moyens des NFTs vendus sur les plateformes sont assez variables et à moins d’être déjà connu dans l’écosystème, il faudra donc s’adapter.
Conclusion : pas de recette miracle
Avec la multiplication des marketplaces sur différentes blockchains, il est aujourd’hui possible de créer ses premiers NFTs avec une simplicité déconcertante. Cette porte d’entrée dans l’écosystème crypto a fortement facilité l’accueil de nombreux nouveaux utilisateurs mais il ne faut pas oublier la réalité qui peut se cacher derrière. Certains artistes ont travaillé dur pour parvenir à vendre leur oeuvres tandis que d’autres ont une équipe marketing qui les couvre en cas de pépin. Il en va de même pour les jeux vidéo ou d’autres projets d’objets de collection.
Il n’y a pas de recette miracle dans ce secteur : pour parvenir à ses fins de nombreuses recherches sont nécessaires et établir un plan avant de se lancer est indispensable. Et surtout, toujours garder en tête que sans communauté investie et authentique, le risque d’échec est bien plus grand.