Telegram va-t-il devoir rembourser ses investisseurs ?
C’est TON problème… – La société derrière la messagerie instantanée Telegram souhaite créer sa propre blockchain, TON, avec son jeton natif, le GRAM. Problème : le projet est en conflit ouvert avec les autorités de régulation financière US, et une récente décision judiciaire vient de suspendre (temporairement ?) l’émission des tokens GRAM. Explications.
Un plan qui s’est déroulé AVEC accrocs
Dès décembre 2017, des rumeurs évoquaient un projet de cryptomonnaie/blockchain proposé par Pavel Durov et son service de messagerie chiffrée Telegram. Début 2018, le projet TON est officialisé et lève en 2 tours, pour 1,7 milliard de dollars auprès de quelques très riches investisseurs.
Telegram devait en théorie lancer sa blockchain TON, et émettre les tokens GRAM, avant le 31 octobre 2019. Comme nous le pressentions à l’époque, ce fut un échec, la pression réglementaire de la Security & Exchange Commission (SEC) s’étant montrée plus forte que prévue.
L’autorité de régulation a même porté l’affaire devant les tribunaux, et la décision vient de tomber : Telegram est enjoint à ne pas émettre ses tokens GRAM jusqu’à nouvel ordre.
Telegram risque de perdre très gros
Dans un document juridique paru ce 24 mars, la Cour du District Sud de New York donne raison à la SEC, sur la possible qualification de l’émission des 2,9 milliards de tokens GRAM comme une émission illégale de titres financiers (securities) :
« Le Tribunal constate que la SEC a démontré une probabilité substantielle (…) que les engagements implicites de Telegram avec les acheteurs initiaux, dont la revente prévue et attendue des GRAM sur un marché public, équivaut à la distribution de securities (…) Une injonction, interdisant la remise des GRAM aux acheteurs initiaux (…) est appropriée et sera accordée ».
Là où les choses se corsent pour Telegram, c’est que selon l’accord conclut entre le projet et ses investisseurs, le lancement de TON et l’émission des GRAM doit se faire avant ce 30 avril 2020…
Telegram se retrouve ainsi dans une position plus que délicate. La SEC ne veut manifestement pas lâcher l’affaire, et il est de plus en probable que le projet TON se voit obliger de rembourser ses investisseurs.