Muir Glacier : hard fork d’Ethereum le 1er janvier 2020, explications

Bien que la date choisie par les développeurs d’Ethereum pour déployer ce hard fork du réseau (le lendemain du réveillon) ne soit pas judicieuse au yeux de nombreux utilisateurs, cette modification mineure du protocole a cependant sa raison d’être. Explications.

La bombe de difficulté, un paramètre crucial pour le fonctionnement d’Ethereum

Tout comme sur le réseau Bitcoin, Ethereum fonctionne pour l’instant grâce à un algorithme de preuve de travail. Les mineurs du réseau sont en compétition pour trouver un hash permettant de raccorder leur bloc miné au reste de la chaîne. Et tout comme sur le réseau Bitcoin, un intervalle temporel de création de bloc est défini par le protocole : sur Ethereum, le temps de création d’un bloc doit être compris entre 10 et 20 secondes.

Afin de réguler cet intervalle temporel, le protocole Ethereum ajuste automatiquement la difficulté de minage du réseau en fonction du délai inter-blocs. Comme sur Bitcoin, la difficulté augmente en cas de délai trop court et diminue en cas de délai trop long.

Mais il y a un détail – au sein de ce mécanisme, les développeurs ont implémenté un paramètre influant grandement sur la difficulté du réseau : la bombe de difficulté, ou difficulty bomb.

Tous les 100 000 blocs, la difficulty bomb augmente la difficulté du réseau : tout d’abord par petits incréments, puis progressivement de manière exponentielle. Au bout d’un certain temps, la difficulté sera ainsi »gelée » : c’est pour cela qu’on parle de l’âge de glace d’Ethereum.

Ethereum difficulty bomb
La bombe devait initialement exploser beaucoup plus tôt comme le montre cette illustration de DesignDifferent.

L’idée est de décourager les mineurs, une fois le passage d’Ethereum en proof of stake effectué, de continuer à miner en utilisant la preuve de travail (la difficulté devenant alors trop élevée).

Muir Glacier : retardement de la bombe de difficulté

Il est difficile d’estimer le moment où les effets de la bombe de difficulté commenceront à se faire ressentir sur le temps de création de bloc. Ainsi, lors du développement du dernier hard fork (Istanbul), il était prévu que les effets de la difficulty bomb commencent à se manifester vers la mi-2020. Mais tout ne se passe pas comme prévu : dès le mois d’octobre 2019, des délais inter-blocs élevés ont été relevés.

Temps de création de bloc sur Ethereum - Etherscan, Ethereum Cat Herders

Évidemment, une difficulté mal ajustée et des délais de création de blocs trop longs entraînent un engorgement du réseau ainsi que la baisse du revenu des mineurs (le cours de l’ether étant au plus bas). La motivation derrière le hard fork Muir Glacier est donc de retarder dès à présent la bombe de difficulté (de 4 M de blocs, soit environ 610 jours). Ce changement sera implémenté via un EIP (Ethereum Improvment Proposal), l’EIP 2387.

Hard fork Muir Glacier : que faut-il faire ?

Le hard fork est programmé pour le bloc 9 200 000, ce qui devrait tomber dans le courant de la journée du 1er janvier 2020.

Si vous êtes un simple utilisateur du réseau possédant des ethers sur une plateforme de change, un wallet mobile, un portefeuille en ligne ou un hardware wallet, vous n’avez pas à vous soucier de cette mise à jour.

Si en revanche vous utilisez un client Ethereum complet, ou que vous avez un nœud Ethereum fonctionnel, il faut impérativement télécharger les mises à jour suivantes :

Espérons que Muir Glacier ne perturbe pas trop le réveillon des développeurs d’Ethereum, et que la gueule de bois ne soit pas un problème lors du déploiement de la mise à jour !

Morgan Phuc

Cofounder @ 8Decimals & Partner @ Node Guardians - Making crypto great again - Journal du Coin / BitConseil