Cryptomonnaie de Facebook : Bruno Le Maire craint la concurrence des monnaies
Il y a quelques semaines, le ministre des Finances français Bruno Le Maire avait parlé au nom de l’Europe, expliquant vouloir barrer la route au développement de la libra. Il vient de réitérer ses propos hostiles envers le projet de cryptomonnaie de Facebook : la politique monétaire est – et doit rester – la chasse gardée des États.
No means no
Dans une tribune publiée par le Financial Times en date du 17 octobre, Bruno Le Maire a réaffirmé qu’il ne laissera pas passer la libra de Facebook :
« Je ne peux accepter que la politique monétaire, l’un des outils les plus puissants d’un État souverain, relève de la compétence d’entités non soumises au contrôle démocratique ».
Le Ministre des Finances continue sur le sujet, et rejoint la position de son homologue allemand – Olaf Scholz – sur l’importance de ne pas laisser s’installer une dominance d’une monnaie numérique contrôlée par des entreprises privées :
« La position de la France est claire : nous voulons que l’innovation financière respecte la souveraineté des États. Ni la souveraineté politique ni la souveraineté monétaire ne peuvent être partagées avec des intérêts privés ».
Et la politique monétaire ?
Mais M. Le Maire va plus loin que le simple procès d’intention et illustre son propos : en effet, à ses yeux, il existe un certain nombre de situations dans lesquelles la libra pourrait être un facteur d’instabilité.
« Dans des pays fragiles (…) peu bancarisés ou sans monnaie stable, la population pourrait décider de ne plus se servir de sa monnaie nationale, au profit de monnaies privées. (…) [Mais le problème se présente aussi en ce qui concerne] les pays industrialisés : si les acteurs privés qui forment Libra décident de modifier la composition du panier de réserves, ils pourraient faire chuter [la valeur d’une monnaie donnée], sans que les autorités publiques aient leur mot à dire. »
Bruno Le Maire défend son pré carré monétaire, mais décrit surtout une forme de compétition des monnaies revisitée, où l’Association Libra serait supposément offensive.
Certaines études se sont penchées sur l’impact possible des cryptomonnaies sur les politiques monétaires de pays affaiblis : leurs conclusions sont moins alarmistes que les craintes affichées par M. Le Maire.