La Banque des banques, la BRI, continue ses attaques contre les cryptomonnaies

Après avoir demandé la mise à mort des cryptomonnaies par une « intervention politique », la Banque des Règlements Internationaux (BRI, ou BIS en anglais), semble ne toujours pas apprécier qu’on vienne empiéter sur son pré carré.

En effet, la BRI vient de publier un rapport sur les cryptomonnaies, et le moins que l’on puisse dire, c’est que « la banque des banques centrales » (regroupant 60 banques centrales) tire à boulets rouges sur Bitcoin et les cryptos, ou comme le résume très bien un journaliste des Echos, sort carrément le « bazooka ».

https://twitter.com/Bloch_R/status/1008619277967126528

Un rapport à charge ?

Publié ce 17 juin, ce rapport de 24 pages déroule les griefs de la BRI contre le nouveau paradigme économique propulsé par les technologies blockchains. Selon cette étude, les trois principales faiblesses qui empêcheraient les cryptomonnaies de remplacer l’argent fiduciaire (€/$) porteraient sur leur évolutivité, la stabilité de leur valeur et la confiance dans la réalisation des paiements.

En même temps, tout est mauvais pour la BRI concernant les cryptos, et même la décentralisation qu’elles apportent, qui est pourtant recherchée et souhaitée par les utilisateurs et les investisseurs non spéculateurs, est une « faille » pour la Banque des banques :

« La confiance peut s’évaporer à tout moment en raison de la fragilité du consensus décentralisé à travers lequel les transactions sont enregistrées », comme cité par le Cointelegraph.

Toujours selon la BRI, les cryptos ont un problème de d’évolutivité/scalabilité :

« Les volumes de communication et les exigences de stockage associés à l’adoption cryptographique de masse pourraient paralyser Internet » (rien que ça ! Qui a crié « FUD !!! » dans l’assistance ?).

Manifestement, les rapporteurs n’ont jamais entendu parler de IOTA qui devient plus rapide à chaque transaction (le principe du Tangle étant que chaque nouvelle transaction en valide deux autres).

Revient ensuite l’habituelle ritournelle sur la consommation d’électricité et l’impact environnemental :

« Dans les termes les plus simples, la quête de la confiance décentralisée est rapidement devenue une catastrophe environnementale » (« FUD !!! », non mais arrêtez dans la salle, ce n’est pas drôle. Enfin si un peu !).

A ce titre, il faudrait donner aux rapporteurs de cette étude l’exemple de jeunes sociétés comme iExec et Nerdalize, qui utilisent doublement le processus de Proof-of-Work (en réutilisant intelligemment la chaleur produite par les calculs de transactions).

A côté de cela, la BRI soulève un point réellement épineux, notamment concernant Bitcoin, et relatifs aux ASICs, sur les manipulations que peut entraîner la concentration, par un groupe restreint de mineurs, de puissances de calcul suffisantes pour mettre à l’écart toute concurrence.

Non aux cryptos libres, mais Oui à une blockchain centralisée par la BRI

Par contre, et « bien sûr » diraient certains, la BRI apprécie les technologies de registre distribué (Distributed Ledger Technology, DLT), mais dans sa version centralisée (par la BRI elle-même, encore un « bien sûr » ?), pour imposer sa propre cryptodevise : une « central bank digital currency » ou CBDC.

J’image déjà la réaction épidermique de certains lecteurs, toutes mes excuses, mais ce n’est pas fini malheureusement : « Elle [la CBDC] serait basée sur un registre distribué sous l’approbation de la banque centrale, qui déterminerait qui agit comme un nœud de confiance ».

En tant que crypto-enthousiaste, il est difficile de rester objectif (et totalement sérieux, pardon pour le ton sarcastique de l’article) face à une telle œuvre de cryptobashing, prenant en référence le monde des cryptomonnaies comme s’il s’était arrêté en décembre 2017 ou même avant (et ceux qui s’y intéressent savent à quel point les cryptos évoluent et s’adaptent à grande vitesse).

Mais contrairement à la BRI, votre modeste serviteur va essayer de tirer un point positif : ce rapport permet de rappeler les faiblesses à corriger ou améliorer. La plupart de ces améliorations sont d’ailleurs en cours, via diverses innovations, comme Lightning Network pour Bitcoin ou Casper pour Ethereum par exemple.

Autre point positif : on ressent la crainte, voir la peur, d’être complètement dépassé dans ce rapport de la BRI, un peu comme si un dinosaure (qui jusque-là écrasait tout sur son passage) voyait se rapprocher petit à petit une gigantesque météorite dans le ciel.

Sources : CoinTelegraph ; Bitcoinist || Image from Shutterstock

Rémy R.

Issu d’une formation universitaire en Sciences, je m’intéresse aux blockchains et à Bitcoin depuis 2013 et en ai même miné à l’époque. La bulle qui s'en est suivie m'en a détourné, mais je m'y suis replongé depuis 2017 et les étudie depuis avec passion.