BSV : 3 chaînes pour le prix d’une
Ces derniers mois, le moins que l’on puisse dire est que le Bitcoin Satoshi Vision (BSV) enchaîne les déconvenues. Après avoir été délisté de plusieurs exchanges majeurs, c’est maintenant sa blockchain qui est en proie à des difficultés. Les problèmes que rencontre la blockchain BSV sont liés à un hard fork programmé qui devait permettre de paver la route à une augmentation de la taille des blocs supportés de 128MB à 2GB.
Une mise à jour tumultueuse
Le réseau BSV s’est ainsi séparé temporairement et par étapes en trois chaines distinctes, qui ont un temps coexisté, suite à ce hard-fork programmé le 24 juillet dernier. C’est ensuite le minage d’un bloc de 210MB en date du 3 août qui a été la goutte d’eau qui a fait déborder la piscine, en causant une surcharge du réseau. Une partie des nœuds validateurs n’ont pas supporté le traitement de ce bloc gargantuesque, ce qui a causé leur crash. Rappelons que la taille moyenne d’un bloc Bitcoin sur la chaîne originelle Bitcoin (BTC) se situe juste au-dessus de 1MB. Une différence de taille, pour tout dire.
Cette validation ratée et le hard-fork du 24 juillet ont alors conduit la blockchain BSV à exister momentanément en 3 versions simultanées et concurrentes, comme l’a expliqué BitMEX Research sur Twitter :
According to 420 Bitcoin SV peers, the nodes are currently on different chains and at different heights:
* 65% at the current tip
* 17% stuck on a large 210MB block
* 19% on the old pre-hardfork chain pic.twitter.com/hO98lFX9Zw— BitMEX Research (@BitMEXResearch) August 3, 2019
A la date du 3 août, lors de l’analyse de BitMex Research, le réseau de nœuds se décomposait comme suit :
- 19 % des nœuds n’avaient pas suivi le hard-fork,
- 17 % qui étaient restés bloqués sur le bloc de 210MB,
- 65 % suivaient sur la chaîne principale.
Depuis, cette chaîne principale s’est largement étendue, s’affirmant de facto comme le vrai Bitcoin SV, et la chaîne originelle non suivie est peu à peu abandonnée par les mineurs retardataires. Toutefois, il reste encore bon nombre de nœuds immobilisés sur le bloc récalcitrant du fait de leur manque de puissance.
Les full nodes trop chers ?
La taille maximale exubérante des nouveaux blocs BSV devait être un argument de vente. De fait, cette augmentation semble rester un facteur de risques important pour la sécurité de la blockchain BSV. La séparation momentanée des chaines a fait baisser drastiquement le hashrate de BSV, l’exposant ainsi potentiellement à des attaques.
De plus, même parmi la communauté des thuriféraires du BSV, l’implication de blocs aussi imposants commence à parfois questionner : Notons qu’avant même cet épisode de crash, Ryan X. Charles, CEO de MoneyButton, un système de paiements BSV, avait pris la parole publiquement dans un post Medium dédié pour alerter de la difficulté de son entreprise à maintenir un nœud BSV. En cause : le coût non compensé estimé à « plusieurs milliers d’euros par mois » destiné à faire tourner un nœud complet, d’autant plus sur une blockchain visant les gigablocks. M. X. Charles plaide pour sa part pour faire reposer le réseau sur une multitude de clients légers, dits SPV, ne stockant pas l’intégralité de ladite blockchain.
Le BSV ne semble donc pas encore tiré d’affaire, car au delà de cet épisode possiblement anecdotique, des débats internes seront sans doute nécessaires. En l’état, l’utilité immédiate du BSV pour la cryptosphère peut paraître pour le moins discutable (bien que cette question pourrait également intéresser moult autres altcoins). Rappelons que des plateformes de change comme Kraken et Binance le considèrent déjà comme étant nuisible à leur business, ce qui les a amenés à retirer la devise de leurs plateformes.