Procès SBF : Sam Bankman-Fried deviendrait-il amnésique ?
SBF à la mémoire qui flanche. Depuis qu’il a décidé de témoigner devant la cour, tout le monde attendait avec impatience de voir enfin Sam Bankman-Fried donner sa part de vérité sur les événements de l’année dernière. Malheureusement, les deux premiers jours d’interrogatoire de jeudi et vendredi derniers ont largement déçu l’auditoire. SBF rejette la responsabilité sur tout le monde à part lui et s’applique à rester évasif et imprécis sur sa propre participation aux décisions. La journée d’hier fut du même acabit, à base d’hésitation, de je-ne-sais-plus et de réponses bien trop courtes pour satisfaire le procureur. Lundi 30 octobre, il a surtout été question des derniers jours de FTX et de la façon dont l’équipe de direction les a gérés. Retour sur cette journée d’audience où la procureur a sérieusement secoué SBF. Mais en vain.
Hésitations, réponses évasives et courtes, Sam Bankman-Fried est dans les cordes
Pour résumer la journée d’hier, nous reprendrons le décompte fait par le journaliste de The Block, Zack Abrams, qui a relevé hier pas moins de 150 réponses de type « je ne sais pas », « je ne sais plus », ou autres formules du même genre. La procureure, Danielle Sassoon, a bien essayé de mettre SBF face à ses responsabilités en reprenant de propres déclarations sur X (Twitter à l’époque), ses interventions dans différents podcasts ou émissions télévisées, rien n’y fait. Sam Bankman-Fried n’est plus sûr et ne se rappelle plus vraiment.
On peut, par exemple, citer cet échange où la procureur lui demande si le fait de retirer de l’argent à FTX pour rembourser des dettes d’Alameda pourrait s’apparenter à du trading sur marge et où SBF répond inlassablement « ouais, peut-être », « je ne suis pas sûr de cela ».
Même lorsque le juge Lewis Kaplan somme l’ex-CEO de s’expliquer, ses réponses resteront floues. Le tribunal enchainera toute la journée les questions à propos de moments importants de FTX mais aussi de petits détails pour tenter de coincer SBF. Il y a, par exemple, cette histoire de déclaration sur ses cheveux longs qu’il aurait faits à Andy Croghan, un employé de la société et qui a été rapporté par le New York Times. Mais, là encore, SBF botte en touche :
« Je n’ai aucun souvenir de l’avoir dit de cette façon et je ne pense pas que je l’aurais fait comme ça. J’ai peut-être dit cela en partie ou dans un contexte différent. »
Sam Bankman-Fried pendant son interrogatoire – Source : The Block
Mais passons maintenant au plat du jour avec l’évocation des derniers jours de FTX et le comportement de la direction lors de ces heures décisives. À partir du 2 novembre, jour de la parution de l’article prophétique de Coindesk, la procureure veut savoir comment a réagi SBF et sa garde rapprochée.
Les derniers jours de FTX à la loupe de la justice : qui a fait quoi ?
À cette question, M. Bankman-Fried va, une fois de plus, rester distant et rapporter des échanges avec Caroline Ellison où la seule décision prise sera de publier un tweet pour rassurer les utilisateurs. Vient ensuite le 6 novembre avec le message de Binance qui affirme liquider ses FTT et les premiers retraits massifs de fonds de la plateforme. SBF reconnait qu’il était inquiet. Et, qu’a-t-il fait face au risque élevé de bank run de l’exchange ? Il a publié le désormais célèbre et historique message, si symptomatique de l’aveuglement coupable du chef d’entreprise : « Les actifs vont bien ».
La suite de la journée sera consacrée, une fois de plus, aux relations financières entre FTX et Alameda Research, de ce qu’il en savait et des décisions litigieuses qu’il a pris à ce sujet. Viendra ensuite l’épisode avec la commission des valeurs mobilières des Bahamas, Gary Wang et son père qui auraient transféré des actifs pendant le début de la procédure.
Mais la journée finira comme elle a commencé, par une partie de questions réponses entre Sam Bankman-Fried et la procureure qui essayera de lui tirer les vers du nez, mais en vain. A chaque fois, Danielle Sassoon n’aura droit qu’à des courts « oui », « sans doute » ou encore « je n’en suis pas sûr ». Stratégie avérée de SBF pour minimiser sa participation et son implication dans les événements ou réels défauts de mémoire ? Ce sera à la justice de trancher, mais dans l’opinion public, le comportement de SBF n’en fini plus d’agacer et de désespérer. La suite de ces audiences hors norme est à suivre sur notre fil d’actualité dédié.