MNBC : Le FMI pèse le pour et le contre en Asie Centrale et au Moyen-Orient
Du bon et du moins bon. Les projets de monnaies numériques de banques centrales (MNBC) fleurissent aux quatre coins du globe et de nombreux pays sont actuellement en train d’étudier la possibilité de les utiliser à court ou moyen terme. Ainsi, en Asie Centrale et au Moyen-Orient, les régions qui nous intéressent aujourd’hui, ce sont pas moins des deux tiers des pays de la zone qui envisagent d’adopter une MNBC et le Fonds Monétaire International est allé sur place enquêter sur les avantages et les limites de ce déploiement probable. Les résultats de son étude sont mitigés, car il existe une grande disparité de situations entre des pays fondamentalement différents comme le Maroc, l’Égypte, le Pakistan ou le Kazakhstan, et envisager un même système pour tout le monde n’aurait pas vraiment de sens. Voyons ensemble à quelles conclusions arrivent les experts envoyés par Kristalina Georgieva, la directrice de l’institution internationale.
Le FMI voit de nombreux avantages à la mise en place de MNBC dans cette région du monde…
Un des tout premiers avantages soulignés par le FMI concerne les paiements transfrontaliers qui sont actuellement un réel frein au développement économique de ces régions et c’est particulièrement vrai pour certains pays comme on peut le lire dans la note de recherche publiée ces jours-ci :
« Cela semble être une priorité importante pour les pays exportateurs de pétrole et les pays du Conseil de coopération du Golfe que sont Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. En effet, les paiements transfrontaliers ont tendance à susciter des frictions telles que des formats de données et des règles de fonctionnement variables selon les régions et des contrôles de conformité complexes. Dans ce cas précis, les MNBC parviendraient effectivement à remédier à ces inefficacités et à réduire considérablement les coûts. »
Rapport du FMI sur les MNBC – Source : imf.org
Dans un autre ordre d’idée, le FMI souligne l’intérêt important des MNBC pour favoriser l’inclusion financière de nombreuses populations actuellement en marge du système économique mondial :
« Les MNBC peuvent favoriser l’inclusion financière en favorisant la concurrence sur le marché des paiements et en permettant le règlement plus direct des transactions et avec moins d’intermédiation, ce qui réduit le coût des services financiers et les rend plus accessibles. (…) Les pays du Caucase et d’Asie centrale, les importateurs de pétrole du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ainsi que les pays à faible revenu sont particulièrement intéressés par cet avantage potentiel. »
Rapport du FMI sur les MNBC – Source : imf.org
… mais certains risques demeurent, à commencer par celui d’être inefficace à résoudre les problématiques locales !
Mais les experts du FMI sont conscients des limites du modèle qui resterait tributaire de la résolution d’autres problématiques inhérentes à ces pays et qui demeurent un frein à l’adoption des MNBC dont voici un aperçu :
« Toutefois, si l’on ne supprime pas certains des obstacles à l’utilisation des comptes et des paiements en ligne comme le faible niveau de culture numérique et financière, le manque d’identification, la méfiance à l’égard des institutions financières et la faible richesse, l’adoption des MNBC pourrait n’avoir que des avantages marginaux. »
Rapport du FMI sur les MNBC – Source : imf.org
Enfin, en matière de MNBC, l’institution internationale souligne également des risques systémiques liés à la généralisation de cette technologie et notamment au rôle des banques dans le modèle futur. En effet, « les dépôts bancaires représentent près de 83 % des financements » dans les régions citées et si une monnaie numérique venait concurrencer ce système, cela pourrait conduire à des turbulences importantes dans l’équilibre des modèles économiques locaux et notamment dans celui des prêts bancaires.
Finalement, bien qu’il n’existe officiellement aucune condition préalable à l’adoption d’une MNBC, le FMI conseille « un système bancaire sain, un système juridique solide et une capacité de surveillance et de réglementation également solide afin de réduire les risques ». De même, la question des choix techniques comme l’accès hors réseau à la MNBC ou l’interopérabilité avec les pays voisins seront déterminants pour le succès de ces monnaies d’un nouveau genre. Le FMI continuera d’ailleurs de conseiller et de guider les pays qui le demandent pour s’assurer que la mise en place d’une éventuelle MNBC soit une réussite.