
Fraude crypto : Cette femme a aidé la Corée du Nord à voler 17 millions de dollars
La Corée du Nord s’est imposée comme un acteur prépondérant des cyberattaques ciblant le secteur des cryptomonnaies. Tandis que des groupes de hackers affiliés au régime mènent des opérations d’envergure mondiale, comme les récents hacks de Bybit ou de HTX, des complices basés aux États-Unis facilitent également l’infiltration dans des entreprises américaines. C’est le cas de Christina Marie Chapman. Cette dernière a écopé d’une peine de prison lourde pour son rôle dans une vaste fraude au bénéfice de la Corée du Nord. Explications.
- La Corée du Nord a orchestré des cyberattaques massives sur le secteur des cryptomonnaies avec l’aide de complices basés aux États-Unis.
- Christina Marie Chapman a été condamnée à 102 mois de prison pour avoir aidé des travailleurs nord-coréens à infiltrer des entreprises américaines.

102 mois de prison pour complicité avec la Corée du Nord
Le 24 juillet, la justice américaine a frappé un grand coup en condamnant Christina Marie Chapman, 50 ans, à 102 mois de prison. Originaire de Litchfield Park, en Arizona, Mme Chapman a été sanctionnée pour son rôle central dans une vaste fraude au bénéfice de la Corée du Nord.
Son stratagème ? Aider des milliers de travailleurs informatiques nord-coréens à se faire passer pour des citoyens ou résidents américains. Ainsi, grâce à de fausses identités et des documents falsifiés, ces individus parvenaient-ils à décrocher des postes à distance dans des sociétés. Plus de 300 entreprises américaines, dont des sociétés figurant au Fortune 500, sont concernées. Cette fraude massive a généré plus de 17 millions de dollars de revenus illicites. Une partie était directement reversée au régime nord-coréen.
Christina Marie Chapman avait plaidé coupable le 11 février 2025 à Washington. À l’époque, elle avait d’ailleurs reconnu sa participation à un complot de fraude, de vol d’identité aggravé, et de blanchiment d’argent. En plus de sa peine de prison, le juge Randolph D. Moss a ordonné :
- trois ans de liberté surveillée,
- la confiscation de 284 555,92 dollars (initialement destinés aux Nord-Coréens),
- le paiement d’une amende de 176 850 dollars.
Une infiltration au service des ambitions nord-coréennes
Ce cas illustre la sophistication des méthodes employées par la Corée du Nord pour financer ses programmes. En effet, le régime déploie des milliers de travailleurs informatiques hautement qualifiés à travers le monde, les formant à opérer sous couverture. À l’image de l’expérience de Kraken qui avait témoigné sur ce fléau et déjoué une tentative d’infiltration.
Ici, le complot impliquant Chapman a duré d’octobre 2020 à octobre 2023. Durant cette période, des documents falsifiés ont été soumis à plus de cent reprises au Département de la Sécurité intérieure.
Le rôle de Chapman était donc central : elle gérait une véritable « ferme d’ordinateurs portables » depuis son domicile. Elle recevait et hébergeait les ordinateurs fournis par les entreprises américaines, créant ainsi l’illusion que les travailleurs nord-coréens opéraient depuis le sol américain. Plus de 90 de ces appareils ont été saisis chez elle en octobre 2023 lors d’un mandat de perquisition. Elle a également expédié 49 autres ordinateurs portables et équipements vers des destinations à l’étranger. Plusieurs envois étaient vers une ville chinoise frontalière avec la Corée du Nord, agissant ainsi comme un point de relais.
Lazarus, la menace des cryptomonnaies
Parallèlement à ces opérations d’infiltration discrètes, les groupes de hackers nord-coréens, notamment le tristement célèbre Groupe Lazarus, continuent de mener des cyberattaques d’envergure contre le secteur des cryptomonnaies. Ces attaques, qui ont coûté des milliards de dollars à l’industrie, sont une source de revenus majeure pour le régime. En juin dernier, par exemple, le Groupe Lazarus a été formellement identifié comme étant l’instigateur du hack de la plateforme BitMart. S’ajoute ce vol à une longue liste incluant des incidents notables chez Bybit et HTX.
