Face à l’hyperinflation, le Venezuela va retirer six zéros de sa monnaie – La crypto, solution ultime ?

Petro 2, le retour ?Le Venezuela est entraîné dans une spirale de dépréciation de sa monnaie depuis de nombreuses années, et les choses ne semblent pas prêtes de s’arrêter, surtout avec l’embargo et les sanctions des États-Unis. Après un premier essai de cryptomonnaie nationale infructueux en 2018 – le Petro, indexé sur un baril de pétrole vénézuélien -, le pays se voit obliger de renouveler l’expérience, face à une nouvelle dévaluation massive de sa monnaie fiat.

Une dévaluation d’exactement -99,9999%

C’est reparti pour un tour, le gouvernement du Venezuela et sa banque centrale ont officiellement annoncé qu’ils allaient lancer une nouvelle cryptomonnaie le 1er octobre prochain : le « Bolívar Digital ».

Contrairement au Petro, il s’agira cette fois d’une monnaie numérique de banque centrale (MNBC), puisqu’elle sera émise et gérée par la Banco Central de Venezuela.

Cette nouvelle forme du Bolívar s’accompagne d’une très forte dévaluation de sa version fiduciaire, puisque 1 Bolívar Digital vaudra 1 million de bolivars souverains actuels : il faudra supprimer pas moins de 6 zéros (-99,9999%) pour faire la conversion de l’ancienne vers la nouvelle monnaie !

Compte Twitter de la Banco Central de Venezuela @BCV_ORG_VE

Annonce de la mise en place du Bolivar digital

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C’est la deuxième fois en trois ans que le Venezuela dévalue sa monnaie fiat, puisque le bolivar avait déjà subi une coupe de cinq zéros en 2018.

Et malheureusement (ou heureusement dans un sens), le fait que le Bolívar Digital soit numérique ou non va très certainement révéler au monde ce qui est pourtant une évidence : les MNBC subiront elles aussi l’inflation (dans le cas présent l’hyperinflation) car elles pourront toujours être imprimées à loisir par les banques centrales.

Comme le résume très bien un économiste local, Luis Vicente Leon (cité par Bloomberg) :

« La suppression de ces zéros ne résout en rien la raison qui est à l’origine du problème. Sans résoudre la racine du problème, nous aurons le même problème dans quelques mois. ».

Car les MNBC seront toujours des monnaies fiduciaires, c’est-à-dire basées sur la seule confiance dans un État et sa banque centrale. Si cette confiance n’est déjà plus au beau fixe aux États-Unis et dans l’Union Européenne, autant dire qu’elle est nulle vis-à-vis du gouvernement contesté de Nicolás Maduro.

Si le Petro a déjà été un échec, lui qui était au moins censé être adossé aux barils de pétrole produits par le Venezuela, il est à craindre que le Bolívar Digital ne connaisse un destin encore bien pire. Considérant son risque de dépréciation rapide, cette MNBC risque de ne pas bien passer non plus du côté des rares alliés restant au régime, contrairement aux bitcoins qui ont notamment été acceptés par l’Iran et la Turquie.

Rémy R.

Issu d’une formation universitaire en Sciences, je m’intéresse aux blockchains et à Bitcoin depuis 2013 et en ai même miné à l’époque. La bulle qui s'en est suivie m'en a détourné, mais je m'y suis replongé depuis 2017 et les étudie depuis avec passion.