Entretien de Yahoo Finance avec l’ex-directeur du FBI ayant initié l’enquête sur Tether
L’USDT de Tether est un « stablecoin » adossé au dollar américain, autrement dit, chaque token émis doit toujours correspondre, en contrepartie, à un dollar en réserve. Mais, selon certaines rumeurs persistantes survenues vers la fin 2017, ce ratio 1:1 ne seraient pas respecté, et la réserve ne serait que fractionnaire.
Réserve en dollars de Tether : enquête en eaux troubles
Tether ayant encore créé 250 millions d’USDT fin juin (certains disent « imprimé » pour reprendre le terme de la planche à billets), le total des dollars américains nécessaires pour respecter le ratio 1:1 serait de près de trois milliards. Une belle somme qu’on aimerait voir auditée pour rassurer le marché.
Car même si la société Tether assure que tous ses tokens sont adossés à des dollars américains, qu’elle détiendrait en réserve, les régulateurs se sont montrés beaucoup plus sceptiques quant à cette affirmation. Notamment la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) qui a assigné Tether à comparaître en décembre dernier, au moment-même ou le cabinet d’audit comptable Friedman LLP rompait étrangement ses liens avec la société émettrice de l’USDT, comme le rappelle Bitsonline.
A ce sujet, Daniel Roberts, de Yahoo Finance, a obtenu un entretien exclusif avec Louis Freeh, ancien directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI) de septembre 1993 à juin 2001, dont le cabinet d’avocats, FSS (Freeh Sporkin & Sullivan) avait fait passer un simili-audit à la société Tether. « Simili-audit », car en effet, n’étant pas un cabinet d’experts-comptables mais d’avocats, Louis Freeh a de nouveau précisé lors de son entretien avec Yahoo Finance qu’il ne s’agissait que d’une enquête, pas d’un audit. Il explique que Tether n’avait pas connaissance du moment où FFS allait vérifier ses soldes bancaires :
« La partie la plus importante était que, un jour donné de notre choix, inconnu du client et inconnu des banques avec lesquelles il traite, nous nous présentions dans les institutions financières et obtenions une déclaration certifiée et vérifiable des institutions, concernant le montant d’argent et de dollars qu’il avait réellement sous la main. »
Louis Freeh a également déclaré que FSS n’avait pas parlé à la Wells Fargo, l’ancienne banque de Tether, mais que la société Tether travaillait actuellement avec deux banques « très, très connues » d’après lui. Malheureusement, les banques en question n’ont pas été nommées publiquement dans le rapport de Freeh.
L’ancien directeur du FBI aimerait que son cabinet d’avocats se penche plus sur les cryptos
Daniel Roberts rapporte aussi l’intérêt pour les cryptomonnaies en général que semble avoir Louis Freeh :
« C’était la première fois que Freeh enquêtait sur des éléments liés au domaine des cryptomonnaies. Mais nous avons parlé de Tether et, pour moi, le point intéressant à retenir était de dire qu’ils espèrent faire plus d’enquêtes sur les cryptoactifs. Ils entendent déjà des personnes en réclamer. »
D’après Daniel Roberts, Louis Freeh aurait également ajouté :
« Et ils pourraient être en train de préparer leur entreprise à le faire. J’ai demandé : créeriez-vous une nouvelle unité au sein du cabinet d’avocats ? Il a dit qu’ils avaient parlé de cette possibilité. Donc, pour autant que je sache, je le vois comme Louis Freeh s’orientant vers la crypto (…) ».
Pour finir et revenir sur l’USDT, comme Bitsonline le mentionnait, le rapport du cabinet FSS avait clairement indiqué que :
« La confirmation des soldes bancaires (…) ne doit pas être interprétée comme le résultat d’un audit et n’a pas été effectuée conformément aux normes d’audit généralement reconnues. »
En résumé : Tether a encore du pain sur la planche pour montrer patte blanche !
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Sources : AMBcrypto ; YahooFinance ; Bitsonline || Images from Shutterstock