Cryptomonnaies : Pour Gary Gensler, « ces trucs ne seront jamais une monnaie »
Discussion informellesur la crypto. Invité à participer à une rencontre avec des étudiants et des personnalités politiques au New York University Law Institute for Corporate Governance and Finance, Gary Gensler a été interrogé sur les cryptomonnaies et sur la politique de la Securities and Exchange Commission (SEC). Fidèle à lui même, le patron de la régulation américaine a fait part de ses doutes quand à l’intérêt de la crypto comme monnaie et a rappelé l’importance du travail de ses équipes pour protéger les investisseurs américains. Sans surprise, il parlera également de la pertinence du Test de Howey et des dirigeants de la crypto US « en prison ou en attente d’extradition ». Quand Gary fait du Gensler, voici un pot-pourri de ses déclarations.
Le boss de la SEC critique l’utilité de la crypto comme monnaie…
Un étudiant de la New York University Law Institute for Corporate Governance and Finance va tout de suite demander à l’invité du jour ce qu’il pense de la valeur des cryptomonnaies et ce sera l’occasion pour le patron de la SEC de se livrer à une démonstration qu’il a déjà maintes fois déroulée. Il rappellera d’abord son passé d’enseignant au MIT, fera ensuite une allusion à Platon et Aristote, aux 3 000 ans d’histoire derrière lui, aux principes d’une seule monnaie par Etat, il citera la loi de Gresham (sur les bonnes et les mauvaise monnaies) et finira par cette tirade :
« On veut une monnaie qui soit une réserve de valeur, un moyen d’échange, une unité de compte. (…) Il est donc peu probable que ce truc soit une monnaie. Il va falloir qu’il montre sa valeur par sa transparence et par son utilisation, exactement comme quand l’on choisit une action parmi une liste sur un exchange. »
Gary Gensler lors de son intervention au New York University Law Institute for Corporate Governance and Finance – Source : Coindesk
Faut-il alors de nouvelles lois pour encadrer ces actifs numériques novateurs ? demande Robert Jackson Jr., enseignant à l’Université hôte et ancien commissaire démocrate auprès de la SEC en rappelant les travaux actuels de la Cour Suprême à ce sujet. Le test Howey de 1946 est-il toujours adapté à la situation d’aujourd’hui ? enchaine un autre étudiant.
…et rappelle les nombreuses fraudes dans l’écosystème
La réponse de Gary Gensler sera sans équivoque :
« Ce n’est pas parce que les gens n’aiment pas la loi qu’il n’y a pas de loi ! Ecoutez, c’est la loi du pays et j’ai prêté serment de la faire appliquer et cela protège les investisseurs. Au cœur des lois sur les valeurs mobilières, il y a un concept de base : vous devez pouvoir décider clairement dans quoi vous voulez investir, cela pourrait être de l’énergie verte ou de l’intelligence artificielle, mais quoiqu’il arrive, de la transparence [disclosure] est nécessaire. »
Gary Gensler lors de son intervention au New York University Law Institute for Corporate Governance and Finance – Source : Coindesk
Et le patron de la SEC de continuer sa démonstration en citant un rapport récent du FBI sur les fraudes dans l’industrie crypto :
« L’année dernière, y a eu une hausse de 45% des pertes liées à la cryptomonnaie et avec tout le respect que je vous dois, les leaders de ce secteur en 2022 sont soit en prison, soit en attente d’extradition en ce moment même. »
Gary Gensler lors de son intervention au New York University Law Institute for Corporate Governance and Finance – Source : Coindesk
Il fait ici allusion à Sam Bankman-Fried actuellement en détention, à Do Kwon en attente d’extradition et à la libération toute récente de Changpeng Zhao, et même si ces affaires n’ont pas grand chose en commun, il faut bien reconnaitre qu’il n’a pas tort sur l’accumulation des dossiers.
Enfin, à la nouvelle question de savoir si la SEC devrait être plus claire sur sa position sur les crypto, M. Gensler répondra que lorsque l’agence parle de crypto asset security, il ne se réfère pas « à l’actif crypto lui-même, mais à l’ensemble des contrats, des attentes et des compréhensions des ventes de ces actifs », ajoutant toutefois qu’il regrette « toute cette confusion ».
Pour lui, les choses sont limpides et la SEC a toujours parlé d’une seule voix tout comme les tribunaux d’ailleurs. Fin de la discussion et à la question de savoir ce qu’il en sera de son avenir personnel après les prochaines élections, le régulateur en chef a refusé de faire un commentaire. Du Gary Gensler comme on s’y attendait : sûr de lui, des actions de son agence et peu en proie au doute malgré de sérieux vents contraires.