Campagnes de points à gogo, sybil et restriction : les airdrops crypto sont-ils encore intéressants ?
La semaine dernière, le protocole de restaking EigenLayer a annoncé le lancement de son jeton EIGEN et l’airdrop qui l’accompagne. Rapidement, une partie de la communauté a exprimé son mécontentement vis-à-vis des conditions de cet airdrop. Notamment au regard de la faible allocation minimum et des restrictions géographiques mises en place. Malgré un changement de cap de la part d’EigenLayer suite à ces retours communautaires, l’airdrop d’EigenLayer a ouvert la voie à d’autres débats sur les airdrops en général.
Bientôt la fin des airdrops juteux ?
Jito, Jupiter, Celestia ou encore Dymension, ces airdrops ont marqué le début de ce que l’on peut appeler l’airdrop season.
Ainsi, des milliers d’utilisateurs à travers le monde ont commencé à espérer. Espérer qu’eux aussi, ils pourraient obtenir un airdrop massif dont le montant pourrait bien changer leur vie.
Et ça, les protocoles de tout horizon l’ont bien compris. Par conséquent, nous avons vu se multiplier les campagnes de points et autres promesses d’airdrops. Cependant, à l’instar d’EigenLayer, les airdrops ayant eu lieu les dernières semaines laissent dubitatifs de nombreux utilisateurs.
Ainsi, certains envisagent même que l’époque des airdrops lucratifs soit derrière nous. Mohak Agarwal le CEO sur protocole de liquid staking Claystack est de cet avis :
« Ce modèle suggère une tendance pour les projets à annoncer une petite quantité d’airdrops au départ, anticipant la déception des utilisateurs, et offrant ensuite des tokens supplémentaires pour les apaiser — une solution à court terme qui n’est pas viable à long terme. »
De surcroît, de nombreux projets de peur de voir leur TVL s’effondrer suite à la distribution de l’airdrop mettent en place des systèmes de saisons. L’objectif étant de continuer d’agiter la carotte pour les utilisateurs afin de les inciter à garder leurs fonds sur le protocole.
Par exemple, le projet Parcl a fait les frais de ce phénomène. En effet, sa TVL s’est effondrée suite à l’annonce de l’airdrop. Une fois de plus, les utilisateurs n’étaient pas des plus enthousiastes quant à l’allocation reçue.
Système de points : le réel problème des airdrops
Mais alors, est-ce réellement la fin des airdrops tels que nous avons pu les connaître ? Hé bien pas forcément.
Lorsqu’on y regarde de plus près, les airdrops qui ont le plus déçu sont ceux ayant mis en place des systèmes de points. Pourtant, à l’origine ces systèmes visant à être plus juste et éviter les comportements de type sybil.
Pourtant, lorsqu’on regarde rétrospectivement, les airdrops d’Arbitrum, Optimism, Celestia, Dymension ou même Wormhole plus récemment, ont été plutôt bien accueillis par la communauté.
Leur point commun ? Ils n’ont pas mené de campagne de points. Ainsi, ils ont potentiellement été « sous-farmé », ce qui engendre moins de dilution des allocations.
De plus, aucune information n’a été communiquée quant au potentiel airdrop avant l’annonce du snapshot de ce dernier. Contrairement à certains protocoles dont les saisons disposent de timeline définie et précise, laissant plus de place aux whales pour vampiriser la majorité de l’airdrop.
Les jetons d’airdrop en chute libre
Enfin, contrairement aux airdrops que nous avons pu connaître par le passé, la multiplication engendre également d’importants phénomènes de dump.
Ainsi, les airdrops ayant été réalisés dans les dernières semaines ont tous vu le cours de leur jeton s’effondrer au lancement.
Hé oui, il y a beaucoup plus de farmeur et autant d’utilisateurs qui ont recours à plusieurs wallets. Par conséquent, la pression vendeuse est astronomique au lancement.
De surcroît, contrairement au DYM ou TIA, qui ont massivement été déposées en staking dans l’espoir d’obtenir d’autres airdrops, la plupart des jetons de gouvernance déployés ces dernières semaines n’ont que peu d’intérêt. Par conséquent, l’écrasante majorité des utilisateurs les vendent quasi intégralement lors de leur réception.
C’est un phénomène que certains protocoles tentent désormais de mitiger. Par exemple, les jetons EIGEN ne seront pas transférables jusqu’à septembre 2024.
De son côté, Mode Network a fait le choix de ne pas distribuer l’intégralité de l’airdrop directement aux 2 000 wallets ayant le plus de points.
Toutefois, cela ne résout pas réellement le problème de fond.
Conclusion
La morale selon moi est la suivante : il ne faut participer aux campagnes de points que si vous êtes réellement early et avec de beaux montants. C’est la seule manière d’obtenir des allocations potables. Sinon, il faut se concentrer sur les protocoles n’ayant pas réellement annoncé d’airdrop et qui ne mènent pas de campagne de points. De ce fait, vous profitez de « l’effet de surprise » et du fait qu’ils puissent être sous-farmé car l’airdrop n’est pas assuré.
Quoi qu’il en soit, les airdrops vont continuer d’évoluer dans les mois à venir, c’est une certitude.
La semaine dernière, le protocole Friend.tech dont l’airdrop était attendu depuis des mois a connu le même destin. Lancé aux alentours de 3$, le jeton s’est effondré à moins d’un dollar dans les heures qui ont suivi l’airdrop. Son cours est depuis remonté, une fois la pression vendeuse passée.
Renaud H.
Ingénieur en software et en systèmes distribués de formation, passionné de cryptos depuis 2013. Touche à tout, entre mining et développement, je cherche toujours à en apprendre plus sur l’univers des cryptomonnaies et à partager le fruit de mes recherches à travers mes articles.
