L’affaire Tornado Cash : signe avant-coureur de surveillance totalitaire ? Tribune d’Alexandre Stachtchenko
Le canari se meurt, les mineurs suivront s’ils ne réagissent pas. L’affaire du mixer (mélangeur de transactions on-chain) Tornado Cash n’a laissé personne indifférent dans la cryptosphère, et même bien au-delà, parmi les développeurs open-source et les gardiens des libertés humaines fondamentales. En effet, la condamnation à 5 ans de prison pour un des développeurs de ce logiciel open-source, pour « blanchiment d’argent », est un signe inquiétant de la dérive vers une surveillance de masse, refusant le droit fondamental à la vie privée des citoyens, sous prétexte de lutte contre les criminels. Nous partageons ici une partie de la réflexion d’Alexandre Stachtchenko sur le sujet.
Vouloir protéger sa vie privée : désormais un crime aux États-Unis et en Europe après le cas Tornado Cash ?
Une véritable cabale multi-Étatique s’est lancée contre le protocole décentralisé et open-source Tornado Cash, dès l’été 2022, avec d’abord une violente attaque de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) des États-Unis.
Mais c’est en Europe, aux Pays-Bas, que le développeur du logiciel, Alexey Pertsev, a été arrêté et placé en détention préventive, quelques jours seulement après l’attaque initiale de l’officine étasunienne. Sa récente condamnation à 5 ans de prison vient de créer un très dangereux précédent qui est dénoncé par Alexandre Stachtchenko dans une tribune publiée ce 16 mai 2024 :
« Le 14 mai 2024, Alexey Pertsev, un développeur informatique ayant construit un outil Open Source permettant de préserver sa confidentialité en ligne, a été jugé coupable de blanchiment d’argent et condamné à plus de 5 ans de prison par un tribunal néerlandais.
Alexandre Stachtchenko
Dans la décision du tribunal, on peut lire la chose suivante : « L’outil développé par le suspect et ses coauteurs combine d’une part un anonymat maximum et des techniques de dissimulation optimales (…). L’outil ne peut donc pas être caractérisé comme un outil légitime qui a été involontairement utilisé par des criminels. De par sa nature et son fonctionnement, l’outil est spécifiquement destiné aux criminels. »
Chercher à préserver sa confidentialité est ainsi donc au pire une preuve de criminalité, au mieux de complicité de crime. Un palier a été franchi. »
La guerre des USA et de l’UE contre les cryptos : asphyxier le canari avant tous les mineurs ?
Si vous avez rejoint la cryptosphère, ne serait-ce que depuis quelques mois, vous vous êtes déjà rendu compte de la guerre acharnée que mènent les États-Unis de Joe Biden et sa SEC (Securities and Exchange Commission) dirigée par l’anti-crypto Gary Gensler. De même, en Union européenne, les réglementations incroyablement lourdes et contraignantes s’enchaînent contre Bitcoin et les crypto-actifs, et sont au final asphyxiantes (et donc mortelles !).
Alexandre Stachtchenko dénonce là aussi, dans sa tribune, cette dangereuse dérive totalitaire des prétendues « démocraties » que nous illustre l’affaire Tornado Cash :
« [Le secteur crypto] est notre canari dans la mine[, nous avertissant qu’un gaz mortel se répand].
Alexandre Stachtchenko
Il a cessé de chanter, et est en train de mourir. Et si l’on ne réagit pas, ce sont tous les mineurs qui y passeront. Les cryptos sont ainsi le révélateur précoce et flagrant d’un phénomène insidieux qui ronge nos démocraties libérales depuis une trentaine d’années, et qui arrive à un point de non-retour.
Malgré l’absence de preuve de leur efficacité, les mesures de surveillance financière continuent d’être renforcées régulièrement, en défiant au passage toutes les règles et exigences démocratiques : primauté du secret, liberté comme norme, principe de proportionnalité des limitations de droit, neutralité technologique, présomption d’innocence… Le contrôle préalable à toute infraction devient la norme, l’application de la loi devient sélective et arbitraire, les fermetures de comptes bancaires prennent des allures de censure et d’asphyxie financière, le droit de propriété est réduit à peau de chagrin.
La lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme a dégénéré en hystérie collective digne des régimes autoritaires, voire totalitaires, au point d’en arriver à la criminalisation d’un droit fondamental et constitutionnel : la vie privée. Le célèbre ingénieur informaticien américain Phil Zimmermann nous prévenait en 1991 : « si la vie privée est mise hors-la-loi, seuls les hors-la-loi auront une vie privée ».
La suite de la tribune d’Alexandre Stachtchenko détaille et source richement ses propos. Le plus triste étant que les États-Unis et l’Union européenne (dont la France), autrefois reconnus comme terres et symboles de Liberté, se retrouvent désormais à la tête de cette cabale liberticide, en pavant l’Enfer de leurs bonnes intentions anti-blanchiment. La condamnation du développeur de Tornado Cash s’est faite aux Pays-Bas, au cœur de l’Europe, rappelons-le. Des pertes de libertés d’abord contre le canari des cryptomonnaies, puis viendront les mineurs : tous les citoyens. Les lanceurs d’alerte, comme également Edward Snowden (le dénonciateur de la surveillance de masse de la NSA), avertissent de cet incroyable danger, mais pour l’instant, c’est le syndrome de Cassandre qui domine.