
Euro numérique : Les ministres des Finances de l’UE trouvent un compromis sur la feuille de route
Lagarde ne se rend pas. Le projet d’euro numérique est en cours depuis plusieurs années maintenant, porté à bout de bras par la BCE. Toutefois, sa mise en place nécessite de nombreuses étapes et demandera à accorder les violons du Parlement, du Conseil et de l’ensemble des 27 pays de l’Union. Mais une étape importante a eu lieu vendredi dernier, avec les ministres des Finances de l’UE qui ont trouvé un compromis sur la feuille de route de ce projet censé protéger le continent contre l’hégémonie du billet vert.
- La BCE a fait un grand pas vers l’euro numérique avec un compromis trouvé par les ministres des Finances de l’UE sur sa feuille de route.
- Christine Lagarde a souligné l’euro numérique comme un moyen de renforcer la souveraineté européenne face aux géants des paiements américains.

L’Euro numérique poursuit son chemin sous la houlette de la BCE
Le projet d’euro numérique est en cours depuis 2021, et après une phase d’investigation et une phase de préparation, nous nous rapprochons de plus en plus de sa mise en place. Vendredi 19 septembre, les ministres des Finances de l’Union européenne se sont ainsi réunis à Copenhague et lors de cette réunion, ils ont trouvé un compromis concernant sa feuille de route.
En effet, les ministres des Finances souhaitaient avoir leur mot à dire quant à l’émission de l’euro numérique ainsi qu’à la limite de détention pour chaque résident. Et la BCE a, semble-t-il, accepté leur demande sur ces deux sujets :
« Le compromis auquel nous sommes parvenus est qu’avant que la BCE ne prenne une décision finale concernant l’émission… il y aurait une possibilité de discussion au sein du Conseil des ministres. »
Paschal Donohoe qui préside les réunions des ministres des Finances – Source : Reuters
La présidente de la BCE a profité de l’entrevue pour rappeler les enjeux de sa MNBC qui pourrait permettre de réduire la dépendance de l’Europe aux « cartes de paiement américaines » que sont Visa et Mastercard. Le ministre espagnol des Finances a également fait la déclaration suivante sur ce sujet aux journalistes présents sur place :
« Nous devons aller de l’avant avec notre propre système de paiement numérique afin de réduire notre dépendance vis-à-vis d’autres fournisseurs. Je pense que c’est un domaine clé dans lequel nous devons avancer et progresser rapidement. Cela fait partie de l’urgence que nous avons constatée dans les ministères, dans l’environnement politique, et cela guide également l’agenda ».
Carlos Cuerpo, ministre espagnol des Finances – Source : Boursorama

Une MNBC pour contrer le dollar et sauvegarder l’Europe
En effet, face à la volonté de Donald Trump de mettre en place des stablecoins adossés au dollar, il est urgent de réagir, et c’est ce qu’a tenu à souligner ce commissaire européen à l’Économie :
« Il est important de renforcer l’autonomie stratégique de l’Europe, de ne pas avoir à dépendre de systèmes de paiement étrangers, et de disposer d’un système de paiement européen, paneuropéen, adéquat. »
Valdis Dombrovskis, commissaire européen à l’Économie – Source : Boursorama
D’ailleurs, pour Mme Lagarde, cet euro numérique est bien plus qu’une monnaie :
« L’Europe numérique n’est pas seulement un moyen de paiement, c’est aussi une déclaration politique concernant la souveraineté de l’Europe et sa capacité à gérer les paiements, y compris sur une base transfrontalière, avec une infrastructure et une solution européennes. »
Christine Lagarde lors de la conférence de presse finale – Source : Reuters
Toutefois, certains législateurs et banquiers ne sont pas de cet avis et ces derniers craignent que l’euro numérique « ne vide les caisses des banques, ne coûte trop cher ou ne restreigne la vie privée ». Et le même genre de critique existe déjà outre-Atlantique de la part des banques traditionnelles, qui s’inquiètent aussi de la montée en puissance des stablecoins privés.
Quoi qu’il en soit, la BCE espère que la législation sera en place d’ici juin 2026. Par la suite, il faudra encore attendre entre deux ans et demi, voire trois ans, avant que l’euro numérique ne soit effectivement lancé. Christine Lagarde garde le cap et continue donc de vouloir convaincre l’ensemble de ses partenaires européens de l’impérieuse nécessité de son euro numérique. Et ça marche.
