
Ethereum : Les 3 changements qui vont bouleverser la blockchain
Alors que le cours de l’ETH a offert une belle remontée cette semaine, la blockchain Ethereum continue aussi de faire parler d’elle sur le plan technique. Entre le minimalisme défendu par Vitalik Buterin pour les Layers 2, l’arrivée du hard fork Fusaka, et la hausse programmée de la gas limit pour les validateurs, Ethereum prépare une série de changements profonds. Voici les trois changements à suivre pour le prince des cryptomonnaies et sa blockchain.
- Vitalik Buterin a défendu une approche minimaliste pour les Layers 2 d’Ethereum, se concentrant sur la sécurité et la disponibilité des données.
- Ethereum prépare un changement majeur avec l’intégration de la technologie zkEVM, visant à devenir la plus grande application Zero-Knowledge Proofs au monde.

Une nouvelle voie pour les Layer 1 ?
Jason Chaskin de la Fondation Ethereum a lancé un débat en suggérant que la plupart des Layer 1 deviendront des Layer 2 d’Ethereum. Il cite la transition de Celo vers un L2 comme un modèle à suivre. Ce changement a permis à Celo de réduire l’inflation, d’accélérer les temps de bloc et de s’intégrer plus étroitement à Ethereum.
« Sans ironie, je pense que la plupart des Layers 1 deviendront des L2.
Celo a présenté la stratégie :– Inflation divisée par deux, de 2 % à 1 %
– Temps de bloc réduits de 5 s à 1 s
– Plus de 300 000 lignes de code hérité ont été supprimées
– Intégration totale à l’écosystème Ethereum, la plus grande communauté de développeurs en cryptomonnaies
– Émissions de carbone divisées par deux (si vous êtes intéressés)
C’est tout simplement un meilleur modèle ».
Jason Chaskin – Source : X
Vitalik Buterin a réagi en proposant une approche minimaliste pour les L2. Selon lui, ces réseaux devraient se concentrer sur leurs rôles de séquenceur et de vérificateur, en s’appuyant sur Ethereum pour la sécurité et la résistance à la censure.
« La meilleure façon de construire un L2 est de s’appuyer davantage sur les atouts du L1 (sécurité, résistance à la censure, preuves, disponibilité des données…) et de réduire votre logique à un simple séquenceur et démonstrateur (si nécessaire, un simple démonstrateur) au détriment de l’exécution principale.
C’est la combinaison de minimisation de la confiance et d’efficacité que l’équipe blockchain d’entreprise des années 2010 recherchait, sans jamais parvenir à atteindre. Désormais, avec les L2 d’Ethereum, c’est possible. Et nous avons déjà vu des exemples réussis de fonctionnalités du L1 protégeant les droits des utilisateurs en cas de problème sur le L2. »
Par ailleurs, Vitalik Buterin souligne que cette méthode permet d’atteindre la « minimisation de la confiance et l’efficacité » recherchées par les constructeurs de blockchains d’entreprise dans les années 2010.
Le minimalisme des Layers 2 d’après Vitalik Buterin
Buterin explique que les L2 peuvent simplifier leur logique en se concentrant sur deux éléments :
- le séquenceur, qui détermine l’ordre des transactions,
- le vérificateur, qui génère des preuves de validité des transactions.
Cette approche permettrait aux L2 de maximiser leur efficacité tout en minimisant la complexité. Selon Buterin, cela offre une solution aux problèmes de confiance et d’efficacité qui ont entravé le développement des blockchains d’entreprise.
Les commentaires de Buterin interviennent alors qu’Ethereum intègre progressivement les technologies à connaissance nulle via les zkEVM — des machines compatibles EVM capables de générer des preuves vérifiables par la couche 1. L’objectif : vérifier plus, recalculer moins.
Ethereum : La première application ZK au monde ?
En effet, Ethereum est en train d’opérer une transition majeure vers les preuves à divulgation nulle de connaissance (Zero-Knowledge Proofs, ou ZK), avec l’ambition de devenir la plus grande application ZK au monde. Cette évolution vise à renforcer la scalabilité, la sécurité et la décentralisation du réseau, en s’éloignant progressivement de la ré-exécution complète des blocs au profit de la vérification de preuves cryptographiques succinctes.
Le changement est très technique. Toutefois, l’idée maîtresse d’Ethereum est d’intégrer la technologie zkEVM directement au cœur du réseau. Ainsi, pour vulgariser, au lieu que chaque validateur du réseau fasse tous les calculs pour vérifier les transactions (ce qui est long et coûteux), il pourrait simplement vérifier rapidement des « preuves » très légères.
Ces preuves sont comme des résumés certifiés qui attestent que les calculs ont été faits correctement. Au début, les validateurs auront le choix d’utiliser ces nouvelles preuves en parallèle avec l’ancien système, pour s’assurer que tout fonctionne bien. Une fois que la plupart d’entre eux seront convaincus de la fiabilité de ces preuves, Ethereum pourra alors augmenter sa capacité (sa « limite de gaz ») et devenir bien plus rapide et efficace, ouvrant la voie à de nouvelles applications décentralisées encore plus performantes.

La « preuve en temps réel » : un défi industriel
Pour maintenir les propriétés de sécurité, de liveness et de résistance à la censure du L1, la Fondation Ethereum a proposé une définition standardisée de la preuve en temps réel à laquelle les équipes zkVM doivent aspirer.
Les objectifs clés pour la preuve en temps réel sont les suivants :
- Latence : Moins de 10 secondes pour 99 % des blocs du mainnet, ce qui est bien en deçà du temps de slot actuel de 12 secondes et du temps de propagation du réseau (~1,5 seconde).
- Coût d’investissement (CAPEX) sur site : Inférieur ou égal à 100 000 USD. L’objectif est de permettre aux stakers solo de continuer à participer à la preuve à domicile, offrant ainsi un dernier rempart contre la censure. Actuellement, le coût d’un valideur est d’environ 80 000 USD en ETH stakés.
- Consommation électrique sur site : Inférieure ou égale à 10 kW. C’est une contrainte majeure pour la preuve à domicile, la plupart des foyers résidentiels ayant une capacité de 10 kW ou plus.
- Code : Entièrement open source.
- Sécurité : Au moins 128 bits, bien qu’un minimum de 100 bits soit acceptable dans les premiers mois de déploiement pour tenir compte des défis techniques à court terme.
- Taille de la preuve : Inférieure ou égale à 300 KiB, sans dépendance à des wrappers récursifs utilisant des configurations de confiance (trusted setups).
La « course à la preuve en temps réel » est lancée, avec de nombreuses équipes zkVM innovant et annonçant des avancées de performance chaque semaine. Par exemple, Succinct a déjà démontré que son zkVM SP1 Hypercube peut prouver 93 % des blocs Ethereum en moins de 12 secondes, avec un temps de preuve moyen de 10,3 secondes, bien que cela nécessite actuellement un cluster GPU d’un coût de 300 000 à 400 000 USD. L’objectif est de réduire ces chiffres pour rendre la preuve à domicile réalisable et permettre à Ethereum de concrétiser sa vision de devenir la plus grande et la plus robuste application ZK du monde.
Ethereum : Le hard fork Fusaka et les avancées pour le réseau
Le hard fork Fusaka, dont le déploiement est prévu pour novembre 2025, prépare le réseau à ces changements. Cette mise à jour représente un jalon crucial pour le réseau, visant à renforcer sa résilience face aux attaques et à considérablement augmenter sa capacité de traitement.
Au cœur de Fusaka se trouve l’EIP-7825, une proposition clé conçue pour rendre Ethereum plus robuste. De plus, une augmentation de la gas limit à 150 millions est actuellement à l’étude. Si elle est intégrée à Fusaka, elle permettrait à Ethereum de traiter plus de transactions par bloc et de réduire les frais.
Alors que Fusaka est en phase de test intensive, la communauté ne s’arrête pas là. Les préparatifs sont déjà en cours pour la mise à jour suivante, Glamsterdam, qui promet d’être tout aussi impactante. Les discussions autour de Glamsterdam, dont la confirmation est attendue pour le 1er août, incluent des propositions comme la réduction du temps de bloc de 12 à seulement 6 secondes. Une telle accélération améliorerait drastiquement l’expérience utilisateur, notamment pour les applications de finance décentralisée (DeFi) qui nécessitent des transactions rapides. Ces efforts combinés, Fusaka et Glamsterdam, démontrent l’engagement continu des développeurs d’Ethereum à rendre le réseau plus rapide, plus sûr et plus efficace pour l’écosystème blockchain mondial.
