Le staking de cryptomonnaies consiste à immobiliser et mettre en jeu des jetons, pour contribuer à la sécurisation, à l'opération et à la décentralisation d’un réseau blockchain dans le cadre de la preuve d'enjeu. En contrepartie, l'utilisateur qui participe à ce processus (le staker) reçoit des récompenses financières.

Dans cet article, nous vous présentons le staking sous toutes ses formes, pour comprendre ses bases théoriques. La partie pratique sera détaillée dans une rubrique dédiée de l'Encyclopédie, et l'est déjà dans nos nombreux guides et tutoriels.
Dans l’univers de la finance décentralisée, le terme « staking » est plus large. Il est corrélé à la génération de revenus dits « passifs » via différentes activités. Ainsi, cela englobe le prêt (lending), l’emprunt (borrowing) ou l’apport de liquidités (liquidity providing).
Qu’est-ce que le staking ? Quelles sont les différentes façons de participer à un tel processus ? Quels sont les revenus que l’on peut tirer de cette activité ? Quels en sont les risques ? Suivez le guide !
Table des matières
La preuve d’enjeu et le processus de staking
Le staking est la mise en jeu des jetons natifs d’un protocole, comme garantie de sa sécurité crypto-économique. L'utilisateur-staker place ses jetons sous séquestre, pour participer à un mécanisme de consensus nommé « preuve d’enjeu » (proof of stake). Cette famille de protocoles se base sur un système de récompense et de punition afin de garantir la sécurité crypto-économique d’un réseau.
Si vous avez lu le Chapitre de cette Encyclopédie dédié à Ethereum, vous en connaissez déjà les principes :
- Les validateurs assurent la sécurisation du réseau en mettant en jeu des fonds ;
- Ils sont financièrement récompensés pour leur rôle, et punis en cas de mauvais comportement.
La preuve d’enjeu a bouleversé la finance décentralisée. En effet, nul besoin de matériel coûteux pour devenir acteur d’un réseau : il suffit de disposer de fonds (cryptomonnaies ou jetons natifs d'un protocole) pour participer. Le PoS consomme moins d’énergie que la preuve de travail pour maintenir le consensus autour d’une blockchain. Il existe plusieurs variantes : nous vous invitons à consulter l'article consacré aux différents mécanismes de consensus pour en avoir un aperçu.
Ici, nous vous présentons le staking de cryptomonnaies sous toutes ses formes, sans entrer profondément dans les détails mathématiques des différents protocoles. Aussi, nous allons plutôt nous attarder sur ses caractéristiques économiques, ses avantages et ses inconvénients.
Le processus du staking s’articule autour de différents acteurs, qui ont des rôles bien précis. Les acteurs du protocole peuvent revêtir plusieurs rôles à la fois. Explorons ensemble le vocabulaire du staking !
Les stakers
Celui qui possède les jetons natifs d'un protocole proof of stake est appelé token holder, stakeholder ou tout simplement holder (détenteur de jetons). Il s'agit de tout amateur de cryptos qui les détient sur son portefeuille personnel. En effet, le holder qui laisse dormir ses cryptos sur une plateforme de change centralisée, comme Binance, n'en est pas propriétaire !
Les stakers sont tous les participants au protocole qui placent des jetons sous séquestre afin de participer au processus de validation. Il les met en jeu (at stake) et accepte de suivre les règles du protocole. Un staker peut choisir :
- De placer lui-même ses jetons (dans un portefeuille dédié) et maintenir son propre nœud validateur : home staking ;
- Ou de les placer sous la gestion d’un ou plusieurs délégués. Il peut s’agir d’un pool (une coopérative regroupant plusieurs stakers) ou d’un service spécialisé (staking as a service).
Les validateurs
Les nœuds validateurs sont chargés de regrouper des transactions (généralement sous forme de blocs), de s’assurer que ces ensembles sont valides, puis de les ajouter au registre. Il y a différents systèmes pour choisir les validateurs au sein d’un réseau : élection par les détenteurs de jetons, nomination arbitraire, choix aléatoire, etc.

Dans le cas classique d’une blockchain en preuve d’enjeu, comme Ethereum, il suffit de respecter ces deux conditions :
- Maintenir un nœud complet connecté au réseau ;
- Disposer des fonds nécessaires pour participer.
Pour devenir validateur, un enjeu minimal est requis (il faut disposer d’une certaine quantité de jetons pour participer).
Le protocole définit une période de validation, appelée « époque » (epoch ou slot). Elle est généralement mesurée en blocs ou en secondes. Pour chaque époque, il s’agit de construire un ensemble de transactions, de vérifier qu’elles sont cohérentes et valides, de le soumettre à l’approbation de la majorité du réseau, afin d’exécuter et de finaliser ces transactions.
Durant chaque ronde, l’un des validateurs est choisi pour créer un bloc. Le bloc construit est ensuite soumis à la validation de ses pairs, en utilisant un quorum.
Les producteurs de bloc
Le producteur de bloc est choisi de façon aléatoire dans l'ensemble des validateurs par l’algorithme de consensus. Cependant, la probabilité de devenir producteur est généralement proportionnelle à son enjeu (stake). Elle augmente donc avec la quantité de fonds mis en jeu, de telle sorte que les validateurs soient récompensés en fonction de leur stake.
Le staking en pratique
Du point de vue du simple détenteur de jeton, participer à un protocole de staking est très simple. S'il ne souhaite pas monter son nœud validateur lui-même, il lui suffit de mettre ses jetons sous séquestre, à l'adresse du validateur de son choix, via une transaction spéciale. Ces derniers sont alors verrouillés au sein du portefeuille du nœud validateur choisi. Durant toute la durée du séquestre, les récompenses associées au poids de ses jetons lui sont versées de façon périodique.

Les différentes solutions
Un validateur s’engage à respecter les règles du protocole. Dans le cas contraire, il sera pénalisé financièrement. Un détenteur de jetons a donc plusieurs options à sa disposition pour participer au staking, récapitulons :
- Monter son nœud validateur et gérer lui-même le staking de ses jetons. Il faut disposer de bonnes connaissances techniques, de la configuration matérielle requise par le protocole pour participer, et monitorer régulièrement le bon fonctionnement de son nœud. Il s’agit de l’option la plus souveraine mais aussi la plus complexe.
- Déléguer le staking de ses jetons en les plaçant dans un pool de staking. C’est l’option idéale pour ceux qui n’ont pas le minimum de fonds requis, qui n’ont pas les connaissances ou les moyens de maintenir un nœud validateur. Les pools de staking regroupent les fonds de plusieurs utilisateurs au sein d'un ou plusieurs validateurs. Les holders sont ensuite récompensés au prorata de la quantité de jetons déposés.
Les services de staking
Les services de staking permettent donc de déposer les jetons de son choix, sans avoir à configurer et maintenir un nœud, moyennant une petite commission. Il en existe deux types : custodial et non-custodial. Dans le premier cas, le fournisseur de service devient propriétaire des jetons de l'utilisateur. C'est le cas, par exemple, des plateformes de change centralisées (CEX). Dans le second cas, l'utilisateur reste maître de ses clés privées et donc de ses fonds : c'est le cas des services du Journal du Coin.
L'automatisation du staking
Il existe des services de staking avancés qui peuvent déterminer les protocoles présentant les rendements les plus intéressants pour les détenteurs de jetons. Ces plateformes reposent sur des smart contracts qui vont automatiser le staking des jetons en fonction des opportunités. De même, ils permettent de composer de façon automatique les intérêts générés, ou de restake des jetons (participer à plusieurs protocoles de staking avec les mêmes jetons).
Ces stratégies avancées reposent sur des smart contracts complexes, et présentent donc un risque plus élevé que le staking simple. En contrepartie, les intérêts générés via ces stratégies complexes seront plus élevés pour le détenteur de jeton. Plusieurs plateformes d’échange décentralisées (DEX) proposent différentes variantes de ces services :
- Pancake Swap sur la BNB Chain : il permet de composer les intérêts générés par de nombreux protocoles de staking et de lending ;
- Beefy Finance : cet optimisateur de rendement agrège les revenus du staking, différents pools de liquidité et diverses stratégies de farming. Il est multi-chaînes (Ethereum et ses couches secondaires, BNB Chain, Fantom…) ;
- Curve Finance : il permet de composer les intérêts générés par le staking dédié à la création de stablecoins sur Ethereum et autres blockchains.
Il existe de nombreuses plateformes permettant d’automatiser et d'optimiser son staking. On appelle ces techniques d’optimisation des rendements le « yield farming », la « culture de rendements ». Elles vont souvent au-delà du simple staking de jetons, en mêlant aussi le prêt (lending), l’emprunt (borrowing) et la fourniture de liquidités (liquidity providing).
L’intérêt et les avantages du staking
Vous l'aurez compris, le staking de cryptos est une option intéressante pour ceux qui possèdent les cryptos concernées. Ainsi, elles génèrent plus de revenus qu'en les holdant dans son portefeuille. On peut faire l'analogie entre compte courant et compte épargne.
Générer des revenus passifs
Le staking permet de générer des intérêts sur ses cryptomonnaies de façon passive. En effet, nul besoin de maîtriser l'analyse technique, ou d’utiliser des plateformes complexes pour obtenir un rendement récurrent en cryptos. Une fois le placement de ses jetons effectués, le staker recevra les récompenses associées de façon périodique.
On peut donc voir le staking comme une épargne en cryptomonnaies. Le staker immobilise ses jetons dans un portefeuille pour une durée arbitraire, et génère des rendements. Cependant, cela diffère de l’épargne classique, dans le sens où ses cryptomonnaies ne sont pas prêtées : elles sont mises en jeu.
Une activité accessible
Le staking de cryptomonnaies est une activité rémunératrice particulièrement accessible. Pour un débutant, nul besoin de connaissances techniques. S’il n’a pas le temps ou les moyens de déployer un nœud, de le configurer et de le monitorer, il lui suffit de faire appel à un service tiers. En contrepartie, le service prélève une faible commission sur ses revenus.
De nos jours, il suffit de savoir utiliser un wallet comme MetaMask ou Phantom pour « staker » ses cryptomonnaies et ses jetons. De plus, grâce aux pools de staking, il n’y a pas besoin de capital minimal pour procéder. Les fonds requis pour maintenir seul un nœud validateur peuvent en effet s’avérer très importants. Grâce à la mise en commun des fonds des stakers, de nombreux services comme ceux du Journal du Coin ou de Meria vous permettent d’accéder au staking pour des capitaux aussi minimes que l’équivalent de 20 euros.
Il existe également des réseaux, comme Mina, présentant un enjeu minimum très bas. Un simple wallet suffit à accéder au staking : l'utilisateur doit simplement choisir un validateur parmi une liste et déléguer ses cryptos.
La sécurisation des réseaux
Le staking a pour fonction d’assurer la sécurité économique :
- D’un réseau blockchain de première ou de seconde couche (comme Ethereum et ses L2, Solana, Cardano, etc.) ;
- D’une application décentralisée (protocole d’échange décentralisé, service d’indexation, émission et conservation de NFT, etc.).
Dans tous les cas, le staking permet de garantir le bon comportement des nœuds validateurs du réseau. Le degré de sécurité d’un protocole de staking dépend de nombreux facteurs, mais retenons que la décentralisation des nœuds du réseau est primordiale. C’est la multiplicité des stakers qui permet d’éviter la formation de cartels. En effet, lorsque qu’un petit nombre d’entités contrôle l’essentiel des ressources économiques dédiées à la validation des transactions d’un réseau, cela ouvre la voie à de nombreuses attaques :
- Censure de certaines transactions ;
- Double dépenses ;
- Réorganisation malicieuse de la blockchain ;
- Centralisation du pouvoir de vote.
Ce ne sont que quelques exemples. Le design d’un protocole de staking doit théoriquement éviter la formation de cartels financiers, pour garantir sa sécurité et sa neutralité. Il y a de nombreuses approches, car on peut jouer sur plusieurs paramètres : coût de la configuration matérielle requise, valeurs minimum et maximum de l’enjeu, nombre de nœuds validateurs, mécanismes de vote…

Ce qu’il faut retenir pour le détenteur de jetons, c’est que le staking est un moyen de s’engager et de participer ainsi au maintien d’un protocole. En fournissant ses ressources financières, il augmente les degrés de sécurité et de décentralisation globaux du système. En échange, sa fonction lui assure une rémunération, qui est l’avantage principal du staking de cryptomonnaies.
Les inconvénients et risques du staking
Le staking présente quelques inconvénients que nous allons énumérer ci-dessous. Cependant, ils sont facilement évitables.
Le slashing : punir la triche et les défaillances
Le mécanisme du slashing est essentiel pour garantir la sécurité des protocoles en preuve d’enjeu. Il consiste à pénaliser les nœuds validateurs qui commettent des erreurs ou se comportent de manière malveillante. Afin de garantir la sécurité crypto-économique des protocoles, les punitions sont toujours bien supérieures aux récompenses. Le slashing consiste tout d’abord à enlever tout ou partie de l’enjeu du validateur fautif. On parle de burn (brûler) les jetons : ils sont automatiquement envoyés vers une adresse dont personne ne connaît la clé privée. L’accès à ces jetons est ainsi perdu à tout jamais. En outre, le validateur fautif peut être exclu de l’ensemble des validateurs.
Le slashing permet donc non seulement de protéger le réseau contre les attaques, mais aussi d’encourager les validateurs à fournir un service de qualité, notamment en termes de latence et de disponibilité (uptime).
Typiquement, les comportements suivants sont sujets au slashing.
Double-signature
Dans ce cas, un validateur signe deux blocs conflictuels lors d’une même ronde. Il peut le faire, par exemple, pour toucher deux fois la récompense associée (attaque du nothing-at-stake), ce qui résulterait en un fork de la blockchain.

Surround voting
Ce type d’attaque (qui est une forme d'attaque éclipse) consiste à isoler et contrôler un nœud validateur ciblé, en lui présentant une vue faussée des votes reste du réseau. Les nœuds malicieux qui l’entourent lui soumettent des votes malicieux, afin de l’inciter à voter pour la majorité, et donc à donner plus de poids à l’attaque.

Inactivité ou indisponibilité
Lorsqu'un validateur ne participe pas au processus de vote ou d’attestation durant une trop longue période, il est pénalisé car cela nuit à la connectivité et à la disponibilité du réseau. Par exemple, si le nœud est hors-ligne durant un certain temps, le protocole le pénalisera en l'amputant d'une partie de son stake. Cela incite les validateurs à veiller à la disponibilité de leur nœud pour solidifier l'ensemble du réseau.
Les pénalités de slashing dépendent donc généralement de la gravité de la faute. Il peut s’agir d’une pénalité fixe (par exemple, x jetons) ou proportionnelle à la faute. Dans les cas extrêmes, la totalité du stake du validateur peut être brûlée. Sur Ethereum par exemple, la pénalité pour les double-signatures est proportionnelle au nombre de nœuds impliqués (le protocole part du principe qu’il s’agit d’une attaque coordonnée). En cas d’indisponibilité, les protocoles vont adapter la pénalité à la durée du downtime, ou à la gravité de ses conséquences sur les conditions réseau générales.
La faible liquidité des jetons
Une fois les jetons mis en jeu via le staking, ils sont verrouillés au sein d’un compte ou d'un smart contract. Leur détenteur ne peut alors plus les échanger, qu’il s’agisse d’effectuer des transactions on-chain ou de les vendre sur le marché. De plus, de nombreux protocoles imposent un délai de déverrouillage, pouvant varier de quelques heures à plusieurs semaines. Cela permet d’inciter les détenteurs à participer de façon durable à la sécurisation du réseau, et de maximiser leur engagement.
Le staking rend donc les jetons dédiés au processus de validation illiquides. Il ne sont pas cependant totalement inutilisables : on peut s’en servir pour voter, ou pour participer à la validation de protocoles externes (on parle alors de restaking). Cependant, cette illiquidité peut présenter un inconvénient majeur pour le holder en cas de chute des cours du jeton. S’il souhaite les revendre pour limiter ses pertes financières, il devra attendre !
Certains protocoles permettent toutefois de continuer à manipuler ses jetons durant leur staking : on parle de liquid staking. Cette notion sera explicitée un peu plus bas.
La volatilité des cours
Le staking ne permet pas de se protéger contre la volatilité du cours des cryptomonnaies ou des jetons immobilisés. Il y a deux raisons à cela. Tout d’abord, si le staker décide de retirer ses jetons pour les revendre en stablecoins, il devra attendre une période de déverrouillage, qui peut durer plusieurs jours. Le cours des jetons peut donc baisser drastiquement le temps de les récupérer pour aller les échanger sur le marché.

De plus, la volatilité des cours ne permet pas d’évaluer la valeur des revenus générés par le staking en dollars ou en euros. Les récompenses sont définies en jetons : par exemple, 32 ETH « stakés » durant un an génèrent un certains nombre d'ETH. Si le cours de l’ether chute durant la période de staking, la valeur en dollars des revenus accumulés diminue proportionnellement.
Enfin, les rendements du staking sont variables et soumis au poids de différents paramètres : inflation du protocole, nombre de participants, valeur totale des fonds mis en jeu par le réseau, etc. Tout comme pour le lending, les taux d’intérêts ne sont jamais garantis.
Le staking permet cependant d’assurer un revenu minimum au détenteur de cryptomonnaies, pour un risque faible. Il s’adresse donc plutôt à des investisseurs au long terme. Le trader qui aime l’action et le risque préfèrera miser ses jetons sur les marchés ou les placer dans des protocoles de finance décentralisée plus risqués.
Les risques liés au staking
Comme évoqué dans le paragraphe dédié au slashing, il existe un risque de perte de son capital pour les home-stakers.
Il existe aussi un risque de centralisation financière. Cela représente un vecteur d'attaque dangereux, dans le cas où certains nœuds validateurs possèdent un stake trop important par rapport aux autres. Cela est mitigé en choisissant de déléguer le staking de ses fonds auprès de validateurs honnêtes et consciencieux.
Dans le cas des protocoles de finance décentralisée, on retrouve les risques de failles techniques. Tout d’abord, les smart contracts des plateformes DeFi sont complexes, et donc à risque. Les vulnérabilités ou les bugs sont irrémédiablement exploités par les hackers. Les piratages entraînant la perte de jetons sont un risque non-négligeable, surtout dans le cas de protocoles nouveaux, peu audités ou éprouvés.
Dans le cas du liquidity staking (apports de liquidités et staking des jetons correspondant), il y a un risque de pertes impermanentes. Elles se produisent lorsque la valeur des jetons dévie de leur valeur initiale durant la période de staking. Ce phénomène peut avoir des conséquences néfastes.
De plus, la profitabilité du staking de jetons DeFi est également impactée par la gouvernance du protocole choisi. En cas de changement des paramètres définissant les modalités de récompense des stakers, elle peut être révisée à la baisse, rendant les rendements espérés moins intéressants.
Les différents types de protocoles de staking
On peut distinguer deux grandes familles de protocoles de staking :
- La preuve d’enjeu servant à maintenir l’état des blockchains de couche primaire, comme Ethereum, Cardano ou Solana ;
- Le staking dans les protocoles de finance décentralisée, tels Aave, Uniswap ou Curve.
Dans chaque catégorie, le staking présente des différences en termes de fonction, de mécanismes et de rémunération.
Le staking sur les réseaux blockchain de couche primaire
Nous avons passé en revue le cas classique des blockchains en preuve d’enjeu : le staking a pour but de sécuriser et d’opérer le réseau. Les validateurs (et donc les stakers déléguant leurs jetons) participent au consensus, pour valider les transactions et créer de nouveaux blocs.
Les récompenses de staking proviennent de l’inflation monétaire définie par le protocole (la création de nouveaux coins ou récompenses de bloc) et des frais de transactions. Ces récompenses sont fixées par le protocole (ses tokenomics).
Les jetons placés en staking sont verrouillés pour une certaine période (lock-up ou bonding period). Une fois cette période écoulée, il est possible de retirer ces fonds. En outre, cette action entraîne généralement une autre période où les jetons ne peuvent pas être échangés (unbonding period, délai de déverrouillage).
Le staking dans la finance décentralisée
Le staking dans les protocoles de finance décentralisée sert à inciter économiquement ses utilisateurs à apporter des liquidités. Le terme « staking » englobe ainsi d’autres activités, comme le prêt (lending), l'approvisionnement en liquidités (liquidity providing), et la gouvernance de ces protocoles et plateformes.
Les revenus du staking dans la DeFi proviennent de sources multiples :
- Émission de jetons de gouvernance (protocol incentives) ;
- Frais de trading ;
- Partage de revenus divers.
Ils sont variables et plus complexes à calculer que dans le cas d’une blockchain en PoS. Ils dépendent de la taille des réserves de liquidités du protocole, du nombre d’utilisateurs, de l’activité globale, et bien entendu des cours des jetons de gouvernance.
Généralement, les protocoles DeFi sont plus flexibles en termes de délai de verrouillage et de déverrouillage. Ces paramètres peuvent être inexistants (dans ce cas, les stakers peuvent déposer et retirer leurs fonds instantanément).
Le liquid staking
Le liquid staking permet de maintenir la liquidité des fonds placés en staking au sein d’un réseau blockchain ou dans les contrats d’un protocole DeFi. Une fois que les jetons sont « stakés », les fonds correspondant sont tokénisés (représentés par de nouveaux jetons). Ces actifs tokénisés peuvent ensuite être transférés, échangés ou utilisés au sein de protocoles DeFi externes.
Ce processus a gagné en popularité durant l’année 2024 :
- L’utilisateur dépose ses jetons au sein d’un protocole de liquid staking ;
- Il reçoit en retour un jeton dérivé (par exemple les stETH des ETH stakés sur Lido) ;
- Les jetons originaux restent verrouillés sur le réseau, générant des intérêts ;
- Les jetons dérivés peuvent être ensuite utilisés pour d’autres activités de finance décentralisée (prêt, emprunt, liquidity providing) et générer un rendement supplémentaire.
Le liquid staking présente donc des avantages certains. L’utilisateur peut retrouver la liquidité des jetons originaux en vendant ses jetons dérivés à sa guise. Ces derniers peuvent également être utilisés au sein de divers protocoles DeFi. Ils peuvent servir de collatéral pour réaliser des emprunts, ou être placés dans des pools de liquidité.
En revanche, le liquid staking accroît les risques : vulnérabilité des smart contracts dérivés, déviation de la valeur des jetons dérivés par rapport à celle des jetons originaux, slashing…
Voici quelques plateformes de Liquid Staking :
- Lido Finance (Ethereum, Solana) ;
- Rocket Pool (Ethereum) ;
- StakeWise (Ethereum) ;
- Marinade Finance (Solana) ;
- Ankr Staking (Ethereum, BNB Chain) ;
- pStake Finance (multi-chaînes).

Le liquid staking donne aux utilisateurs de la DeFi plus de flexibilité et des opportunités de rendement supplémentaires.
L’avenir du staking
La popularité croissante de la preuve d’enjeu et des protocoles de staking découle de leur bonne scalabilité et de leur coût énergétique faible. Les protocoles qui implémentent ce type de consensus présentent généralement un excellent débit. Le staking est donc omniprésent dans l’écosystème crypto. Ce procédé permet de sécuriser aussi bien de simples applications de finance décentralisée que des réseau blockchain de grande ampleur.
Dans le futur, on peut s'attendre à voir de nombreuses améliorations des systèmes existants, et au développement de nouveaux protocoles plus flexibles, plus faciles d'accès, offrant plus de possibilités à leurs utilisateurs.
Un avenir multi-chaînes
Les différents réseaux blockchain et protocoles DeFi bénéficient d’une interopérabilité croissante. On peut donc imaginer que de multiples solutions de staking inter-plateformes offriront des fonctionnalités et une liquidité accrues pour les jetons concernés. Avec l’évolution des interfaces utilisateur, le staking deviendra de plus en plus accessible. Les fournisseurs de solutions de liquid staking donneront aux utilisateurs la possibilité de « staker » tout type de jeton, un peu partout, tout en gardant l’accès à leurs liquidités. On peut imaginer l’apparition de nouveaux standards pour les jetons dérivés dédiés au liquid staking.

Le staking pour tous types d’applications
Le staking est un processus pouvant être adapté à de nombreux écosystèmes et applications ! Ainsi, les utilisateurs des solutions de couches secondaires basées sur les rollups pourront sécuriser directement ces sous-réseaux. Grâce à leurs jetons, ils s’engageront dans d’autres types d’activités économiques au sein de ces écosystèmes. Le restaking sera probablement largement utilisé. Il se diffusera sur des réseaux de validateurs comme EigenLayer, ou autres fournisseurs d’infrastructures (disponibilité des données, stockage, etc.). On peut même imaginer l’intégration du staking de NFT au sein de métavers, ou dans des jeux vidéo crypto.
Le staking dans la finance institutionnelle
Les cryptomonnaies et la DeFi ont réussi à pénétrer les acteurs institutionnels de la finance. Pour l’instant, le staking reste marginalement exploité par ces mastodontes. Cependant, à l’avenir, ces acteurs l'intègreront pleinement : tout d’abord en participant à la gouvernance des différents protocoles décentralisés, mais aussi en fournissant des plateformes de staking de grade institutionnel à leurs clients. Il faudra bien entendu surveiller le développement des régulations concernant ce secteur ! Elles concerneront notamment la fiscalité des gains issus du staking de crypto-actifs.
Le staking et l’intelligence artificielle
L’intelligence artificielle sera intégrée aux différents protocoles de staking, notamment pour améliorer la sécurité crypto-économique des réseaux. Par exemple, on peut imaginer des mécanismes de slashing basés sur l’IA, pour détecter les fraudes ou adapter les pénalités à la qualité technique des validateurs.
Pour les stakers, l’intelligence artificielle permettra d’optimiser les rendements du staking, en créant et en appliquant de nouvelles stratégies.
Les protocoles à suivre de près en 2025
Tout d’abord, celui qui s’intéresse au staking doit s’intéresser attentivement à l’évolution d’Ethereum et de ses différentes couches secondaires. C’est ici que les innovations sont multiples (restaking, liquid staking, staking de NFT, etc.). Viennent ensuite les leaders de l’interopérabilité entre les chaînes, comme Cosmos ou Polkadot et ses parachains.
N'oublions pas les différentes plateformes de smart contracts alternatives à Ethereum que sont Solana et Cardano. Elle présentent des mécanismes de preuve d’enjeu différents, et les solutions de staking continueront de se développer.
Si vous souhaitez faire travailler vos cryptomonnaies pour vous en testant différentes solutions de staking, n’hésitez pas à visiter notre onglet dédié pour soutenir le Journal du Coin. Nous avons déjà intégré plusieurs cryptomonnaies et jetons phare de l’écosystème. Vous y trouverez également plusieurs tutoriels concernant le staking pour différentes cryptomonnaies.
Maintenant que le staking est une notion claire, découvrons ensemble le lending dans le prochain article de cette Encyclopédie.
