Crypto, scandales et trolls : Enron fait un come-back surréaliste 23 ans après sa faillite historique
Guess who’s back ? Enron. Certains noms résonnent comme des leçons d’histoire de l’économie. Oui, Enron. Le géant de l’énergie américaine tombé en disgrâce en 2001 après l’un des plus gros scandales de fraude de l’histoire. Mais, voilà que, 23 ans après sa chute fracassante, Enron renait de ses cendres… sous forme de ce qui semble être une farce post-moderne bien ficelée.
- Enron a annoncé son retour, 23 ans après son scandale historique, avec une communication énigmatique sur X.
- Ce retour pourrait être une farce orchestrée par les créateurs du mouvement parodique « Birds Aren’t Real ».
Enron organise son retour … dans la crypto
C’est sur X qu’Enron a annoncé son grand retour avec un slogan énigmatique : « Nous sommes de retour. On peut discuter ? » (que l’on retrouve également sur le site internet). Le tout accompagné d’un communiqué de presse et d’une vidéo promotionnelle savamment absurde où se mêlent ballerines sur la plage, boxeurs sur le ring, et fermiers en plein labour.
L’objet de l’annonce ? Dire au monde entier le grand retour d’Enron, cette fois en prétendant s’attaquer à rien de moins que la crise énergétique mondiale.
Les piliers de cette « nouvelle vision » ? L’adaptabilité, la transparence, le pardon et l’innovation. Dans un monde où les mots-clés comme « durabilité » et « énergie renouvelable» attirent autant les investisseurs que les cyniques, Enron s’érige en sauveur potentiel du climat.
Une performance artistique ?
Mais ne soyons pas naïfs. Si vous pensiez qu’Enron aspirait à regagner votre confiance, détrompez-vous : il semblerait que ce retour soit plus une performance artistique qu’une tentative sérieuse de relancer un business.
Les indices sont partout. La section « Nos valeurs » de leur nouveau site transforme Enron en acronyme drolatique : « Energy, Nurture, Repentant, Opportunity, Nice ». À cela s’ajoute une promesse hilarante d’« innovation décentralisée », laissant deviner que l’équipe derrière ce projet n’a pas perdu l’occasion de surfer sur la vague crypto.
Par ailleurs le thread de communication sur X termine sur cette phrase :
« Ceci est le dernier tweet de ce fil de discussion. Tous les imitateurs d’Enron ci-dessous sont des arnaqueurs. Ne cliquez sur aucun lien. Restez en sécurité. »
Le cerveau derrière Enron
Comprenons bien. Le logo d’Enron, racheté pour la modique somme de 275 $ en 2020 par un collectif nommé The College Company, est désormais propriété de Connor Gaydos et Peter McIndoe.
Ces deux trublions sont déjà connus pour leur projet Birds Aren’t Real, une conspiration parodique prétendant que les oiseaux sont des drones de surveillance gouvernementaux. Ce mouvement ironique, qui a surtout vendu des T-shirts à la pelle, a captivé la Gen Z tout en tournant en ridicule les théories complotistes. D’ailleurs du merch Enron est déjà à vendre sur leur site.
Cette fois, McIndoe et son équipe semblent donc vouloir renouveler l’exploit en jouant sur la corde sensible de la nostalgie et du scandale. Enron, synonyme de corruption et de désastre, devient leur terrain de jeu idéal pour moquer l’hypocrisie des entreprises et les promesses fumeuses des technologies émergentes.
Une farce des temps crypto ?
Bien que tout pointe vers une farce, quelques indices laissent planer le doute. Une bannière sur le site d’Enron annonce un compte à rebours d’ici six jours pour une « annonce spéciale ». Et les spéculations vont bon train : une cryptomonnaie nommée LayCoin en hommage à Kenneth Lay, l’ancien PDG déchu d’Enron ? Une campagne publicitaire pour des produits dérivés ? Les paris sont ouverts.
Quoi qu’il en soit, Enron ne fait pas semblant de revendiquer son passé sulfureux. L’une de ses nouvelles valeurs déclarées est « repentant » (repentant), et leur communiqué de presse se targue de tirer des leçons du passé pour « promouvoir des pratiques éthiques à l’avenir ».
Un empire en ruines, mais une légende toujours vivante
Pour rappel, Enron s’était effondré sous le poids de ses propres mensonges en 2001, révélant des pratiques comptables frauduleuses qui avaient coûté des milliards aux investisseurs et détruit les économies de ses employés.
Ses dirigeants, Kenneth Lay et Jeffrey Skilling, avaient été poursuivis en justice. Lay est mort avant son jugement, et Skilling a purgé 12 ans de prison.
Le scandale Enron a conduit à une refonte des régulations financières aux États-Unis, avec des lois comme le Sarbanes-Oxley Act, destiné à renforcer la transparence et la responsabilité des entreprises.
Que ce soit pour vendre des T-shirts ou lancer une véritable cryptomonnaie, Enron a réussi une chose : faire parler d’elle. Rendez-vous dans six jours pour découvrir si cette histoire est un coup de génie ou juste une blague. À suivre, sur Le Journal du Coin.