Project Mandala : la banque des banques (BRI) déteste les cryptos mais exploite leurs technologies
Pillage technologique. Régulièrement, la Banque des règlements internationaux (BRI) nous explique à quel point Bitcoin et les cryptomonnaies sont « risqués » et ne devraient surtout pas s’intégrer à la finance traditionnelle ni aux banques. Par contre, les banquiers supranationaux sont très friands des innovations technologiques issus de ces mêmes cryptos qu’ils critiquent systématiquement. Le Project Mandala de la BRI vise ainsi à copier le principe des blockchains et du zero-knowledge proof (ZKP) pour concevoir son propre système de paiements transfrontaliers ultra-surveillés.
Le Project Mandala de la BRI, ou comment réinventer la roue pour assurer « une conformité automatisée »
Ce 28 octobre 2024, la Bank for International Settlements (BIS) a publié le rapport final de son projet Mandala. Ce dernier a pour ambition « d’encoder les exigences politiques et réglementaires propres à chaque juridiction dans un protocole commun pour les cas d’utilisation transfrontaliers ».
La BRI a ainsi inventé le terme de « conçu pour être conforme » pour son réseau blockchain conçu pour obéir dès la conception aux lois des États, notamment « le contrôle des sanctions » (par exemple les ressortissants des nombreux pays sanctionnés par les USA), et les des mesures de lutte contre le blanchiment d’argent (AML) et le financement du terrorisme (CFT).
« Le projet Mandala utilise un principe « conçu pour être conforme » (compliance-by-design) pour rationaliser les processus de conformité transfrontaliers pour les institutions financières, et explore le contrôle en temps réel de la politique et de la conformité réglementaire pour les banques centrales et autres régulateurs. »
Extrait du rapport de la BRI sur le projet Mandala
Des échanges conçus pour être sous constante surveillance des banquiers et régulateurs
Ainsi, le projet Mandala « explore des solutions technologiques permettant d’automatiser les procédures de conformité ». Pour cela, la BIS se permet donc d’emprunter de nombreuses avancées cryptographiques amenées notamment par le secteur de Bitcoin et des « risquées » blockchains décentralisées.
L’écosystème développé par la banque des banques possède notamment un système de messagerie de gré à gré (P2P, peer-to-peer). Mais bien sûr pas entre les individus, mais entre les banques (celle du client expéditeur et celle du client destinataire).
Un « moteur de réglementations » (rules engine) entrera alors en action afin de « déterminer pour chaque transaction spécifique » les obligations de conformité de celle-ci. Ces obligations détectées devront ensuite être validées par le « moteur de preuves » (proof engine) qui est « l’élément central » du projet Mandala puisqu’il « effectue automatiquement des contrôles de conformité, et génère des preuves cryptographiques de conformité ».
En effet, le système de la BRI exploitera la technologie de la preuve à divulgation nulle de connaissance (ZKP, ou zero-knowledge proof), largement popularisée par le secteur des cryptomonnaies, pour « effectuer les contrôles de conformité des transactions en privé ».
Ainsi, si un individu figure soudainement sur une « liste de sanctions privées » (« private sanction list » dans l’image ci-dessus) d’au moins une des deux banques, ses transactions seront immédiatement annulées par la vérification en direct et automatisée du projet Mandala. Une « avancée » (pour la BRI) qui aurait été sans doute peu appréciée par exemple en février 2022, par les manifestants du Convoi de la Liberté (Freedom Convoy) qui auraient vu leurs comptes bancaires et leurs transactions encore plus rapidement et automatiquement bloqués (sans même l’intervention d’un humain) sur simple décision autoritaire (liberticide) du gouvernement. Il est pas beau le progrès selon les banquiers supranationaux ?