L2BEAT, un outil indispensable pour mesurer l’activité des rollups

Vous avez récemment découvert L2BEAT, le site de référence sur les couches secondaires d’Ethereum. Il répertorie de manière claire et précise les nombreuses données permettant de juger de l’état de chacune de ces solutions de scalabilité.

Dans cet article, nous allons explorer les métriques qui nous permettent de juger de l’activité réelle des Layers 2 et des rollups. Tout d’abord, nous passerons en revue ce que L2BEAT nous propose en ce qui concerne les transactions exécutées sur chacun de ces réseaux. Ensuite, nous allons explorer la notion de TVL (Total Value Locked) : la valeur des fonds verrouillés au sein des smart contracts de chaque protocole.

L2BEAT : Couches secondaires et débit de transactions

Chaque solution de couche secondaire a pour but principal d’améliorer la scalabilité du réseau Ethereum. Il s’agit de sa capacité à s’adapter à la montée en charge : sa chaîne principale est limitée en termes de débit de transactions. Parmi les différentes solutions, les rollups permettent d’agréger un grand nombre de transactions hors de la chaîne principale, sur un réseau secondaire. Grâce à différents procédés cryptographiques, il est alors possible de les exécuter, puis de les finaliser sur la couche primaire, le tout pour des frais très faibles.

L2BEAT présente une section entière dédiée à l’activité autour des différents Layers 2. La métrique qui en témoigne de façon la plus parlante est sans doute le débit de chaque couche secondaire, mesuré en transactions par seconde.

Le graphique principal présente la valeur agrégée du nombre de transactions par seconde réalisées sur les différents Layers 2 répertoriés. Elle peut être facilement comparée au débit de la couche primaire, en cochant la case “ETH Mainnet Transactions”.

Le graphique peut être affiché selon différentes échelles temporelles : 30 jours, 90 jours, 180 jours, un an et période maximale. Les losanges verts permettent de dater l’apparition d’une nouvelle solution de couche secondaire.

Les différents types de L2

Vous savez probablement déjà que les couches secondaires d’Ethereum sont de différents types. Sur L2BEAT, il est possible de ne sélectionner que les rollups. Ces derniers sont également de plusieurs natures – optimistes, ou basés sur les ZKP (zero-knowledge proofs ou preuves à non-divulgation de connaissance).

La case “Rollups only” permet ainsi de n’afficher que les L2 basés sur des rollups. On peut ensuite affiner notre sélection, en choisissant entre 4 types de rollups :

  • Optimistic Rollups : les transactions sont considérées valides par défaut, d’où l’adjectif « optimiste », pour une exécution rapide. Ce sont des preuves de fraudes qui permettent de contester une transaction.
  • Optimium : il s’agit d’optimistic rollups basés sur les spécifications d’Optimism, une solution employée par de nombreux protocoles. Les données de transaction sont publiées on-chain, sur Ethereum.
  • Validium : cette solution utilise non pas des preuves de fraudes, mais des preuves de validité. Les données sont stockées hors-chaîne. Cela entraîne une scalabilité supérieure, mais un besoin de confiance supplémentaire dans la couche de stockage des données.
  • ZK Rollups : ces rollups sont basés sur les ZKP, les preuves à divulgation nulle de connaissance. Ces preuves de validité permettent d’agréger un grand nombre de transactions hors de la couche primaire, cependant, les données restent stockées sur Ethereum, ce qui leur confère une transparence maximale.

La liste déroulante suivante, “Stack”, répertorie les différentes solutions techniques utilisées par les L2. Elle est utile pour affiner votre sélection, car plusieurs couches secondaires sont basées sur les mêmes primitives.

Stage de développement des L2

L2BEAT classifie les couches secondaires selon 3 états d’avancement :

  • Stage 0 : le système de preuve est en cours de développement. Des opérateurs centralisés ont le contrôle sur les mises à jour du système et sur les fonds des utilisateurs.
  • Stage 1 : les preuves ne peuvent être soumises que par des acteurs sur liste blanche. Les utilisateurs peuvent retirer leurs fonds sans contrôle des opérateurs.
  • Stage 2 : le système de preuve est ouvert à tous les utilisateurs. La gouvernance du système n’a aucun contrôle sur les fonds des utilisateurs.

Il est à noter que la notion de stage de développement ne présage en rien le niveau de sécurité global du Layer 2 considéré.

Activité des différentes couches secondaires

Le tableau récapitulatif de L2BEAT comporte plusieurs colonnes, permettant de mesurer le débit de transactions de chaque solution. Il est mesuré en transactions par seconde :

Il est possible de classer les L2 en fonction de la moyenne de leur débit (en transactions par seconde) observée sur la journée précédente. On peut également utiliser :

  • Le débit maximal observé : le moyenne journalière maximale des transactions par seconde ;
  • Le nombre total de transactions effectuées sur le dernier mois ;
  • Le pourcentage de variation du débit moyen journalier, comparativement à la semaine précédente.

La source utilisée pour mesurer les débits est également spécifiée. Il peut s’agir :

  • De nœuds RPC (qui sont publics, et permettent aux dApps de communiquer avec la blockchain) ;
  • D’API blockchain privées (closed API, une interface de programmation d’application qui n’est pas publique).

Utiliser L2BEAT pour analyser la Valeur totale verrouillée ou TVL

La TVL (Total Value Locked) est une métrique très importante pour juger de l’activité autour d’une couche secondaire. Elle représente la somme totale des actifs numériques (ETH, stablecoins, jetons ERC-20, cryptomonnaies synthétiques) déposés dans les smarts contracts des protocoles DeFi déployés sur un Layer 2.

La TVL témoigne donc de l’adoption, de l’utilisation et de la liquidité d’une couche secondaire. Elle reflète également le degré de confiance témoigné par les utilisateurs du système. Elle est généralement comptabilisée en dollars, mais L2BEAT permet aussi de la visualiser graphiquement en ETH.

Une section dédiée permet d’afficher la TVL des différents protocoles. Comme nous allons le voir, on peut la décomposer plus finement.

TVL canonique

La valeur totale verrouillée canonique concerne tous les jetons qui sont verrouillés sur la couche primaire, pour être représentés sous forme d’IOU sur la couche secondaire. Il s’agit donc des jetons déployés sur Ethereum qui sont échangés sous forme de reconnaissance de dette sur le Layer 2. Pour ce faire, les jetons originels sont tout d’abord verrouillés via un smart contract, puis leur représentation est créée (minted) sur le Layer 2.

TVL externe

La valeur totale verrouillée externe agrège tous les actifs qui ne sont pas issus de la couche primaire. Ces jetons sont tout d’abord verrouillés sur leur propre blockchain (par exemple le bitcoin, ou l’AVAX d’Avalanche). Ensuite, un bridge permet de créer leur représentation sur la couche secondaire, toujours sous forme de reconnaissance de dette. Ce pont est dit non-canonique, de par l’indépendance des deux protocoles de couche primaire.

TVL native

La valeur totale verrouillée native regroupe tous les jetons qui sont créés (minted) directement sur la couche secondaire. Elle comprend également les jetons dits omnichain, dont le registre est distribué sur plusieurs blockchains, mais qui sont déployés sur la couche secondaire par un procédé de burn/mint (destruction sur les couches primaires, création sur les couches secondaires).

Utiliser la TVL pour juger de l’adoption d’un Layer 2

Vous l’aurez compris, la TVL est une métrique capitale. En effet, elle indique le degré d’adoption d’une couche secondaire. Elle concerne les fonds des utilisateurs : une TVL élevée est donc synonyme de confiance, et d’utilisation active des protocoles DeFi du L2.

La TVL est également cruciale pour juger de la liquidité des différents échangeurs décentralisés (DEX) et AMM déployés sur le L2. Bien que cela ne soit pas toujours le cas, elle témoigne également du degré de sécurité du réseau. Bien que ces solutions de scalabilité pour Ethereum en soient pour la plupart au stade expérimental, les utilisateurs disposant de fonds importants vont généralement privilégier les solutions jugées les plus sûres !

L2BEAT, le tableau de bord des couches secondaires d’Ethereum

L2BEAT est un outil désormais indispensable pour analyser les différentes solutions de L2 pour Ethereum. Il agrège désormais les métriques de 58 couches secondaires différentes. L’interface est claire et lisible, et  l’utilisateur peut obtenir une explication concise pour chaque métrique et chaque terme utilisé.

L2BEAT participe également à la gouvernance de nombreux protocoles de L2. Il est possible de déléguer son pouvoir de vote pour 6 projets de l’écosystème. Quant à son financement, L2BEAT est parfaitement transparent, et les différentes sources sont visibles sur cette page. N’hésitez pas à l’utiliser pour vous repérer dans la jungle des couches secondaires (et tertiaires) de la plateforme de smart contracts phare du crypto-univers !

Morgan Phuc

Cofounder @ 8Decimals & Partner @ Node Guardians - Making crypto great again - Journal du Coin / BitConseil