Les plateformes crypto sous pression règlementaire en Inde
Tour de vis à New Delhi. Depuis la fin de l’année dernière et les demandes de mise en conformité par le régulateur indien d’un certain nombre de plateformes crypto étrangères, la situation ne s’est guère arrangée pour ces exchanges qui ont, pour la plupart, disparu de l’Apple Store. Le pouvoir indien a pris les choses en main et semble bien décidé à faire respecter le droit et à favoriser les crypto bourses nationales. Les nombreux utilisateurs dans le pays peuvent toujours se rabattre sur Play Store et sur Google, mais cela pourrait ne pas durer. Mais pourquoi le gouvernement de Narendra Modi tape-t-il aussi fort sur les entreprises crypto étrangères ? La réponse est notamment à chercher du côté de la fiscalité et on vous explique ça tout de suite.
L’Apple Store bloque plusieurs plateformes crypto en Inde
Le premier coup de semonce est arrivé en fin d’année, le 28 décembre 2023, quand les autorités indiennes ont émis neuf demandes de justification de conformité auprès de Binance, KuCoin, Huobi, Kraken, Gate.io, Bittrex, Bitstamp, MEXC Global et Bitfinex. La version officielle est le respect des lois sur la prévention du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme qui sont notamment supervisées par la Cellule du renseignement financier (CRF), qui dépend elle-même du ministère des Finances. La CRF avait même à ce moment-là menacé de bloquer les URL de ces crypto bourses offshore afin de les obliger à se conformer au droit local.
Le régulateur reprochait à ces entités d’opérer depuis l’étranger sans se prévaloir de leurs obligations locales. Cependant, aucun délai n’était stipulé et la marche à suivre était plutôt floue pour les entreprises concernées qui reconnaissaient ne pas savoir par où commencer. Mais les choses se sont récemment accélérées puisque ce sont maintenant sept plateformes qui sont carrément inaccessibles depuis l’Apple Store. Il n’est donc plus possible de télécharger Binance, KuCoin, Bitget, Huobi, OKX, Gate.io ou encore MEXC pour les utilisateurs présents sur le territoire indien.
Les utilisateurs indiens plébiscitent les exchanges étrangers à cause de la fiscalité
Il reste cependant possible d’accéder aux applications déjà installées et même de passer par Play Store ou par Google pour tous ceux qui voudraient rejoindre le monde des cryptomonnaies. Pour combien de temps ? Apple a-t-il fait du zèle ? Google va-t-il être obligé de suivre le mouvement ? Autant de questions pour le moment sans réponse. Mais au fait, l’argument de la lutte contre le blanchiment d’argent est-il le seul valable dans cette affaire diplomatico-financière ? Pas si sûr.
En effet, au printemps dernier, le secteur de la cryptomonnaie s’est retrouvé sous le coup d’une loi qui valait jusqu’alors pour les paris et les jeux d’argent de type loterie. Depuis le 1er avril, la détention et les transferts d’actifs numérique sont soumis à une taxation de 30 % ! Et ce n’est pas fini puisqu’une autre taxe de 1 % s’applique désormais à la source pour tout transfert de cryptomonnaie. Consécutivement à cette décision (et comme on pouvait le prévoir), les utilisateurs indiens ont massivement quitté les plateformes nationales pour rejoindre des bourses crypto offshores.
Pour ramener les clients dans le droit chemin, les pouvoirs publics ont donc en projet de bloquer les plateformes étrangères et il se murmure même à New Delhi que le gouvernement pourrait interdire l’utilisation des devises étrangères. L’Inde fait montre d’une sévérité importante sur son territoire après avoir appelé de ses vœux une règlementation plus stricte des cryptomonnaies au niveau mondial. Sale temps pour la décentralisation et la liberté financière dans le pays le plus peuplé du monde.