Paiements crypto en entreprise : enjeux et problématiques

Le récent Baromètre Web3 réalisé par Deloitte mandaté par Coinhouse mentionne que 30% des entreprises interrogées utilisent les cryptomonnaies pour effectuer des transferts internationaux, ou encore des règlements. Est-il possible de payer en bitcoins et autre cryptomonnaie en entreprise ? quels sont les enjeux et les risques ? Vous trouverez les réponses à ces questions dans la suite de l’article.

Le paiement en cryptomonnaie et ses enjeux

Est-il possible de payer ses fournisseurs en crypto ou est-il possible d’accepter les cryptos en paiement des créances clients ?

Aucune loi n’interdit de payer ses fournisseurs en crypto ou encore d’accepter les cryptos en paiement des créances ; cependant, vous n’êtes pas dans l’obligation des les accepter comme moyen de paiement, l’euro reste la monnaie légale sur le territoire national.

Quels sont les enjeux des paiements en cryptomonnaies ?

• Coût

Si le coût est inexistant voire très bas pour des paiements nationaux, au niveau international la facture peut vite grimper.

Ainsi pour les sociétés avec des fournisseurs en Asie, ou des clients sur le continent Américain, il est plus intéressant de privilégier ce moyen de paiement.

• Délai

Le paiement en instantané existe depuis quelque temps mais en fonction d’un certain montant ou alors d’un paiement entre deux banques différentes, il devient très vite compliqué de l’utiliser. En parallèle, il est possible de réaliser des paiements en cryptomonnaie quasi instantanément quel que soit la localisation des parties prenantes et souvent pour des frais de réseau (gaz fees) dérisoire (en fonction de la congestion du réseau de la blockchain utilisée)

• Traçabilité

Une personne A en France, réalise un virement de sa banque XX au profit d’une personne B résident à Madagascar qui est dans une banque YY, non partenaire de la banque XX. Outre le coût et le délai, le virement peut passer un intermédiaire entre les deux banques et il arrive parfois que ce transfert n’arrive jamais à destination, ce qui est impossible avec les cryptos et d’autant plus sur une blockchain publique

• Customer Centric

La diversification des moyens de paiements, donner une meilleure image ou encore satisfaire le client sont des arguments parmi tant d’autres d’accepter le paiement des dettes et créances en crypto

Cependant, la nature même des cryptomonnaies nécessite de prendre des précautions pour assurer l’opération, et maîtriser les impacts au niveau de la comptabilité.

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Quelles sont les problématiques des paiements en crypto ?

• Blockchain

Une même cryptomonnaie peut exister sur plusieurs blockchain, exemple l’USDT. Il faut ainsi penser à préciser au client ou demander au fournisseur s’il ne l’a pas indiqué, sur quelle blockchain le paiement devra être effectué et communiquer la bonne adresse du wallet (exemple, paiement sur la clé 0x de XXX UDSC sur le réseau Polygon)

• Cryptomonnaies

Au même titre que l’affichage des moyens de paiement que l’on peut retrouver dans certains commerces, il faut préciser les cryptomonnaies acceptées. A défaut, le client pourra payer dans une cryptomonnaie de son choix.

• Facturation

La facture doit respecter un certain nombre de mentions légales et devra être libellée en Euro pour une société immatriculée en France. Ainsi, après avoir validé la blockchain et les cryptomonnaies, il faut figer la contre-valeur en crypto. En effet, pour une prestation de 2.000 € payée en Ether, la quantité d’ETH peut varier entre le moment ou la facture a été émise et le moment ou la facture est payée.

Exemple pratique :

• un expert-comptable émet une facture de 2.400 € TTC à son client pour la réalisation de ses états financiers. Celui-ci n’a pas figé la contre-valeur en ETH et à la date de l’émission de la facture, l’ETH vaut 1.000 €.
• Un mois après, le client procède au paiement de la facture en ETH comme convenue et lui verse 1,6 ETH car 1 ETH = 1.500 € à la date du paiement. S’il avait figé la contre-valeur, il aurait pu percevoir 2,4 ETH soit un manque à gagner de 1.200 € ((2,4 – 1,6 ETH) * 1.500 €).

Impact financier

Chaque mouvement crypto à crypto ou crypto à FIAT ou encore FIAT à crypto donne lieu à une comptabilisation, mais aussi une fiscalité. Ainsi, la comptabilisation dépendra de l’usage attendue de la cryptomonnaie dans l’entreprise. Ainsi, pour une cryptomonnaie dont l’usage attendue est « moyen de paiement », alors elle sera comptabilisée dans un compte de la classe 5. A la clôture de l’exercice, les cryptomonnaies devront faire l’objet d’une revalorisation et en cas de baisse de la valeur, une provision pour perte devra être comptabilisée.

Pour ce qui est de la fiscalité, les différences de valorisation viennent impacter le compte de résultat et les gains/pertes sur les cryptomonnaies et/ou les provisions viennent s’ajouter au résultat de l’exercice. Pour rappel, le taux d’IS de 15% s’applique jusqu’à 42.500 € de résultat, au-delà c’est le taux de 25% qui s’applique.

En conclusion, si le paiement en cryptomonnaie présente de nombreux avantages, sur les plans administratif et financier, il faut rester vigilant surtout lorsqu’un moyen « décentralisé » est utilisé car aucun service après-vente paiement ne pourra être sollicité ; par ailleurs, le département finance ou votre expert-comptable devra être à l’aise avec ces problématiques.

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