Les dons encombrants de FTX mettent les politiques US dans l’embarras
L’argent n’a pas d’odeur… ou presque – Le financement des partis politiques aux États-Unis est très différent de ce qui se fait en Europe et plus particulièrement en France. Les candidats américains aux différentes élections lèvent des fonds auprès de particuliers ou d’entreprises sans réelles limites et avec des règles de transparence très relatives. FTX a profité de ce système pour légalement tenter de peser dans le débat parlementaire sur la régulation des cryptomonnaies et a ainsi financé indifféremment démocrates et républicains. Mais au lendemain de la faillite de l’exchange et des révélations sur les pratiques douteuses de ses dirigeants, ces donations interrogent, notamment pour les politiciens concernés qui cherchent à prendre de la distance avec tout ce qui concerne FTX.
FTX faisait du lobbying auprès des politiciens de tous bords…
Pour financer des partis politiques aux Etats-Unis il existe plusieurs possibilités avec des contraintes différentes. Il est par exemple possible de faire des dons directs ou de passer par des structures appelées Comité d’Action Politique (PAC), mais ces deux systèmes ont des montants plafonnés. Mais il est également possible de créer des Super-PACs qui eux, ne le sont pas. Et c’est là qu’interviennent les dirigeants de FTX.
Sam Bankman-Fried, Ryan Salame et Nishad Singh auraient ainsi – via ces Super-PACs – distribué près de 73 millions de dollars à des personnalités politiques démocrates mais aussi républicaines dans le cadre d’un lobbying totalement assumé. Tous ces dons étaient complètement légaux et encadrés par la loi américaine mais maintenant que la société est en faillite, la justice cherche à récupérer un maximum de fonds par l’intermédiaire de l’US Trustee Program pour rembourser les créanciers de l’exchange. Et cet argent, généreusement distribué, devient subitement gênant pour tout le monde.
… qui cherchent maintenant à prendre leurs distances avec Sam Bankman-Fried
En effet, si la fraude est avérée, le remboursement des dons pourrait être exigé par la justice, même si selon des avocats spécialisés, la procédure pourrait être « longue et compliquée ». Certaines personnalités politiques citées dans le dossier ont d’ores et déjà pris les devants et ostensiblement annoncé qu’elles n’avaient pas gardé cet argent.
Bloomberg a ainsi rapporté que Hakeem Jeffries, président du groupe démocrate à la Chambre des Représentants, et Dick Durbin, membre de la direction démocrate du Sénat, ont fait don des sommes d’argent reçues à des œuvres caritatives. Même son de cloche du côté républicain, où John Hoeven, le sénateur du Dakota du nord, a versé les 11 600 dollars donnés par FTX et Ryan Salame à l’Armée du Salut.
Celui qui était hier considéré comme un ami des politiques et un interlocuteur crédible de la régulation américaine à Washington est devenu en quelques semaines un paria que plus personne ne veut avoir dans son carnet d’adresse. Les dons de FTX qui alimentaient les partis politiques deviennent subitement de l’argent sale et les politiciens, soucieux de leur image, se désolidarisent au maximum de ces liaisons devenues dangereuses. L’arrestation de Sam Bankman-Fried aux Bahamas, il y a quelques heures, va probablement accentuer ce phénomène.
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Ben Canton
Prof à la ville comme à la scène, vulgariser et expliquer c'est mon quotidien. Crypto-agnostique pratiquant, je cherche la lumière dans les ténèbres des internets en essayant d'éviter les querelles de chapelles ! En attendant la révélation, j'achète du Bitcoin pour mes enfants et je m'enthousiasme pour les projets à destination du grand public.
