Conférence ADAN/KPMG : les entreprises crypto entre croissance insolente et incertitudes réglementaires
Une Conférence hébergée par nos confrères de Cryptoast s’est déroulée au ministère de l’Économie, dans le cadre de la sortie du rapport de l’Adan (association représentante des entreprises de crypto actifs françaises) en partenariat avec KPMG. Le sujet : l’état du marché des cryptomonnaies en France. Durant cette conférence, différents intervenants de l’écosystème crypto ont pu s’exprimer, dont le Secrétaire d’État chargé du Numérique de la République française. Il a répondu aux questions des personnes présentent dans la salle.
2021 : une année dynamique pour les cryptomonnaies
Quatre intervenants ont pris la parole à tour de rôle durant la conférence ADAN KPMG. Nous pouvions retrouver :
Leurs interventions étaient présentées au travers du prisme de leur secteur d’activité. Mais chacune abordaient les mêmes problématiques :
- Les compétences
- La régulation
- Le financement
Selon Nicolas Louvet, la DeFi pourrait représenter 8% à 10 % de la totalité du marché de la finance traditionnelle. La compétition entre les différents pays et entreprises a déjà commencé. Et elle se montre particulièrement féroce. La France ainsi que l’Europe peuvent donc tirer leurs épingles du jeu. Mais les trois points, que nous avons évoqués ci-dessus, sont des freins pour les acteurs du secteur des cryptomonnaies.
Bien que d’importants évènements se soient déroulés en 2021 comme l’adoption de bitcoin au Salvador, ou, dernièrement la Russie, qui a changé le statut de bitcoin. Le marché des cryptomonnaies continue d’être perçu comme un marché de niche. Cependant, cela n’empêche pas ce secteur de créer des géants. Comme ce fut le cas pour Coinbase introduit en bourse au cours de l’année 2021.
L’étude de l’ADAN KPMG révèle que le secteur de niche se démocratise
En 2021, les chiffres étaient encourageants pour le développement des blockchains et des cryptomonnaies. Aussi, 13% des Américains étaient détenteurs de cryptomonnaies, ou encore 17 % de la population russe. L’année de 2022 suit cette tendance d’une adoption continue. En effet, lors de son intervention, Alexandre Stachtchenko a précisé que l’étude menée par l’ADAN avec la participation de KPMG a été effectuée sur un panel de 2000 personnes par Ipsos et KPMG eux-mêmes. Résultat :
- 8 % des français adultes (de plus de 18 ans) ont investi dans les cryptomonnaies.
À titre de comparaison, les adultes de plus de 18 ans ayant investi dans des actions en propre (c’est-à-dire, qui n’ont pas été acquises au travers d’ETFs) sont de seulement 6,8%. Ce qui peut nous donner une indication sur l’appétence des Français pour les cryptomonnaies.
- 30% des Français envisagent d’investir dans les cryptomonnaies
- 77% des Français en ont déjà entendu parler au travers des différents médias
- Et 46,7% n’ont pas investi, car ils ne connaissent pas suffisamment le fonctionnement des cryptomonnaies
Le panel de personnes n’ayant pas investi par manque de connaissances, point central dans l’adoption des cryptomonnaies, reste tout de même encore important. Nous sommes à peine sous la barre des 50%.
Selon les estimations de KPMG, le nombre d’acquéreurs de cryptomonnaies devrait doubler d’ici la fin de l’année 2022. Ce qui ferait passer le nombre d’acquéreurs de 6,8% à ~12% de la population.
Si l’on se réfère au sexe des acquéreurs de cryptomonnaies, on constate qu’ils sont majoritairement des hommes.
- 1 français sur 8 âgé de 18 à 35 ans possède des cryptomonnaies
Des chiffres encourageants, d’autant plus que lorsque l’on se penche sur le profil des acquéreurs de cryptomonnaies. Nous pouvons nous apercevoir que le profil de risque des français est plutôt modéré car :
- La majorité des français ayant investi dans les cryptomonnaies, n’y ont consacré que moins de 10% de leur épargne
- Tandis, que seulement 7% des français ont investi plus de 50% de leur capital
Mais contrairement à ce que nous pourrions imaginer, ce ne sont pas les Français les plus privilégiés qui investissent dans les cryptomonnaies. Car 37% des investisseurs (basés majoritairement en région parisienne) gagnent moins de 18 000€ par an.
Les Français et les cryptos : un enjeu pour les banques
Les enjeux sont avant tout liés au domaine des banques et de la finance, mais également de la politique.
S’il reste encore du chemin à parcourir avant que la majorité des Français n’adoptent et utilisent régulièrement des cryptomonnaies, elles commencent à devenir un élément de décision pour les Français, qui souhaitent rejoindre ou quitter une banque. Ainsi :
- 1 français sur 5 pourrait changer d’établissement bancaire si la leur ne permet pas d’investir dans les cryptomonnaies et à plus forte raison, si ladite banque les empêche d’acheter des cryptomonnaies sur des échangeurs centralisés.
- 37 % des français sont intéressés par un produit d’épargne en cryptomonnaies.
Cependant une très forte majorité des Français (65%) est hostiles aux Monnaies numériques de Banque Centrales. Mais seulement 18% des Français sondés affirment que les cryptomonnaies seront un facteur décisif pour les prochaines élections, qui auront lieu en avril 2022.
La structuration du secteur des cryptomonnaies
En ce qui concerne les professionnels du secteur, l’étude a concerné une trentaine d’entreprises françaises, avec pour principaux critères communs :
- Avoir plus de 7 salariés
- Effectuer une levée de fonds supérieure ou égale à 900 000€
- Présenter plus de 9 millions d’euros de chiffre d’affaire.
Actuellement, on estime à 1200 le nombre d’emplois créés dans le secteurs des cryptomonnaies . Dont 85% sont sur le territoire français. Le secteur des cryptomonnaies fait face à une pénurie de main d’œuvre. Ce qui n’empêche pas Alexandre Stachtchenko d’estimer que nous atteindrons environ 2500 emplois d’ici la fin de l’année 2022 soit une augmentation de 120%.
Cependant, si nous souhaitons atteindre d’autres niveaux d’adoption et de créations d’entreprises, il va falloir que la législation évolue. En effet, de nombreuses entreprises, qui n’ont pas été intégrées dans cette évaluation, sont souvent soumises à des problèmes récurrents. Comme celui des refus qu’elles essuient, lorsqu’elles souhaitent ouvrir des comptes bancaires professionnels. S’ajoute à cela l’absence de recours aux crédits.
Le Secrétaire d’État chargé du Numérique, Cedric O, a avancé les plans du gouvernement en matière de numérique et d’innovation durant la conférence ADAN-KPMG. Il tente de répondre aux questions des acteurs cryptos Français.
Conférence Adan-KPMG : Les réponses du gouvernement
Comment solutionner le manque de main-d’œuvre dans le secteur du numérique en France ?
En ce qui concerne les compétences numériques, le problème du gouvernement est double lorsqu’il s’agit de palier à la pénurie de main-d’œuvre. D’après Cédric O, seulement 3,5% de la population française est formée au numérique.
Il s’agit donc de former le plus possible les plus jeunes aux métiers du numériques, mais également de pousser les moins jeunes à la formation continue tout au long de leur carrière. Ce faisant, ils pourront se familiariser et se former aux métiers de demain.
L’une des solutions à court/moyen terme serait alors de rendre la France et l’Europe attractives pour les développeurs. Car de plus en plus d’entre eux quittent leurs emplois dans de grandes entreprises telles que Amazon, Google ou Facebook pour rejoindre des entreprises du Web3. Ce flux provenant de l‘exode des cerveaux des GAFAM peut être une opportunité pour l’hexagone et pour l’Europe.
Quelles nouvelles lois pour le secteur de l’innovation numérique en France ?
La régulation et les législateurs sont également victimes de ce manque de connaissances. En effet, le secteur des cryptomonnaies et plus largement celui de la Technologie évolue de jour en jour. Une loi peut venir à rebours d’une nouvelle innovation et donc saper cette dernière.
L’une des solutions avancée pour solutionner ce problème a été de laisser le domaine de la blockchain et des cryptomonnaies évoluer d’elles-mêmes, puis de légiférer ensuite. Ce qu’à catégoriquement refusé le Secrétaire d’Etat.
Car selon lui, ce n’est pas la régulation, qui fera s’écrouler le marché des cryptomonnaies. Mais la pénurie de compétences dans le secteur et le manque de financement des entreprises. Ce manque de formation se ressent, selon le porte-parole du gouvernement jusque dans la volatilité des jetons. En effet, les gros investisseurs (baleines) abandonnent les projets, car la logistique et le personnel humain sont trop faibles pour se déployer. Ce rapport de cause à effet affecte les courbes des cryptomonnaies et les investisseurs abandonnent. Cette analyse discutable reste l’argument principal du porte-parole du gouvernement.
Quelles solutions de financement pour les entreprises crypto ?
Enfin, la question des financements a été abordée. Il s’agissait de savoir quelles sont les solutions proposées par le gouvernement pour permettre aux entreprises du secteur des cryptomonnaies d’avoir accès à des comptes bancaires ou de ne pas se les voir clôturer brutalement.
Ce à quoi Cédric O a répondu, que des administrations comme la Banque Publique d’investissement BPI pouvaient soutenir et accompagner certaines entreprises. Mais que les banques sont soumises à des règles et réglementations notamment lorsqu’il s’agit de KYC.
Bien que certains dirigeants de banques françaises semblent intéressés par le secteur des cryptomonnaies et pensent en percevoir les opportunité, qu’ils pourraient en tirer, c’est ce contexte réglementaire qui bloque l’ascension du secteur de la blockchain et des cryptomonnaies.
Toujours d’après Cédric O. la seule chose, qui fera changer d’avis les banques traditionnelles, ce sera la pression des néo-banques comme Revolut et plus récemment la néo-banque française Lydia. Elles proposeront des services crypto-actifs et forceront la main des banques traditionnelles.
De manière générale, nous pouvons constater que les cryptomonnaies et les blockchains restent encore des secteurs de niches. Mais les chiffres présentés et les orientations politiques, du moins en France, laissent à penser que ce n’est pas non plus qu’un effet de mode. Ce mouvement en plein essor possède de plus en plus d’utilisateurs à mesure que le temps passe. Nous ne sommes qu’au début de l’année 2022, mais tout porte à croire qu’elle sera au moins aussi mouvementée que la précédente !
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