L’état argentin s’attaque aux cryptomonnaies
Face à l’hyperinflation du peso, nombre d’Argentins ont pu trouver refuge du côté de Bitcoin ou des stablecoins. Malheureusement, il semblerait que le gouvernement souhaite resserrer la vis en renforçant la surveillance concernant le trading de cryptomonnaies.
La version officielle
La nouvelle a été révélée en premier lieu par le journal local El Cronista. L’agence gouvernementale en charge des renseignements financiers (le FIU) a annoncé un durcissement des contrôles sur les échanges de cryptos.
Pour justifier le renforcement de la surveillance, la FIU point du doigt ses craintes de voir les cryptomonnaies utilisées dans le cadre du blanchiment d’argent, comme l’a expliqué Carlos Ablerto Cruz, président de la FIU :
« Récemment, nous avons constaté une augmentation des opérations effectuées par le biais d’actifs numériques […] Ces opérations pourraient être effectuées par des personnes qui ont l’intention de contourner les normes internationales et d’éviter le cadre de lutte contre le blanchiment d’argent. » a-t-il déclaré.
L’agence demande la coopération des banques, fournisseurs de cartes de crédit et les plateformes d’échanges. Celles-ci ont la tâche d’alerter la FIU en cas de « d’activités suspectes ».
La version officieuse
Le timing de ces mesures peut laisser dubitatif. Bien que la FIU prône la volonté de lutter contre le blanchiment d’argent, d’autres raisons pourraient bien avoir motivé le durcissement de la surveillance.
En effet, comme l’a souligné El Cronista, cette annonce arrive étrangement en même temps que la guerre du gouvernement contre le marché noir de la conversion de devises, par lequel les Argentins passent pour échanger leurs pesos contre des devises plus stables.
Avec la limite mensuelle de conversion fixée à 200$, il n’est pas étonnant que les Argentins cherchent de nouvelles solutions pour protéger leurs économies.
Ces mesures arrivent également en même temps que l’essor du stablecoin DAI, dans le pays. Celui-ci permet aux Argentins de convertir leur argent en dollar sans se heurter aux limites fixées par l’état. Depuis le début du confinement, les échanges en DAI dans le pays ont quadruplé, passant de 5 à 20 millions de dollars mensuels.
La situation pourrait même s’empirer, selon l’avocat Micky Sierra, pour qui il ne serait pas étonnant de voir l’état argentin tenter de saisir les cryptomonnaies qu’ils considèrent comme impliquées dans des activités illégales.
Illustration : Lukasz Stefanski/Shutterstock.com