Les NFT, en passe de ravir au Bitcoin le statut de la pire monstruosité écologique supposée ?

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Il suffit de relativiser – Bitcoin n’est plus le seul acteur de la cryptosphère à être pointé du doigt par les défenseurs de l’écologie, qui voient des empreintes carbone partout. Le roi des cryptomonnaies se fait, cette fois-ci, tacler par les jetons non fongibles – ces fameux NFT.

Des détracteurs qui sortent leurs dernières cartes

C’est à la fois le nouveau et le vieux cheval de bataille des anti-cryptos : la consommation électrique de Bitcoin, plus précisément ses émissions de CO2.

Nouveau, car l’aspect technologique et économique du roi des cryptos et de moins en moins attaquable face à son succès et sa résilience. Vieux, car l’argument concernant les consommations énergétiques liées au consensus par preuve de travail (PoW) perd du terrain. Autrement dit, les anti-BTC semblent tenter de tirer leurs dernières cartouches.

Si les NFT sont dans le viseur des « zéro carbone », c’est parce qu’ils sont effectivement très gourmands en termes de transactions nécessaires sur le réseau Ethereum (ETH) – qui est pour l’instant toujours en consensus par PoW.

L’exécution des smart contracts les régissant nécessite ainsi une (ou plusieurs) transaction(s) à chaque étape de vie d’un NFT : à la création (minting), lors des mises aux enchères, à la vente et à chaque transfert de propriété.

Les NFT réellement polluants ?

C’estle site Crypto Art qui essaie de calculer quelle est l’empreinte (à ne pas confondre avec l’émission réelle) de CO2 de ces tokens numériques uniques.

Par exemple, le joli NFT ci-dessous aurait consommé 421 kWh d’électricité depuis sa création, ce qui correspondrait à l’émission de 246 kg de CO2. Cela équivaudrait à 1 mois et demi de consommation électrique moyenne d’un européen.

Supreme x Federal Reserve 02 – Quantitative Easing, source : SuperRare

Par contre, quand on sait que chaque être humain (près de 8 milliards au total) émet pas loin de 1 kg de CO2 chaque jour par sa simple respiration, il faut commencer à relativiser.

Une prise de recul indispensable

Dans la cryptosphère, personne ne prétend que le PoW est le meilleur consensus pour les NFT. En effet, le consensus par preuve d’enjeu (PoS) peut sembler bien mieux adapté, puisque beaucoup moins énergivore. Pour autant, seul le PoW a démontré pour l’heure sa capacité à assurer une véritable résistance à la censure.

Mais le PoS représente bien le consensus du futur Ethereum 2.0, ou encore des solutions dites de seconde couche (2-layer), comme le projet Flow, qui a adopté le PoS, en raison de son orientation vers les NFT : son impact écologique supposé sera donc moindre.

De plus, comme le rappelle très justement un article de l’équipe du site Super Rare, qui héberge le NFT ci-dessus :

« (…) même si tout le monde mettait en pause l’utilisation des applications Ethereum et qu’aucune transaction n’était envoyée pendant une journée entière, les émissions de carbone du réseau resteraient essentiellement les mêmes. »

Eh, oui ! Comme le signale la prestigieuse université de Cambridge (dans sa section « The energy cost per transaction »), le coût énergétique par transaction est une idée trompeuse, montrant une méconnaissance des blockchains en PoW :

« La métrique populaire du ‘coût énergétique par transaction’ est régulièrement mise en avant par les médias (…) bien qu’elle présente de nombreuses failles. Premièrement, le débit des transactions (c’est-à-dire le nombre de transactions que le système peut traiter) est indépendant de la consommation d’électricité du réseau. »

Effectivement, même quand Bitcoin ou Ethereum n’avaient que quelques mineurs – qui consommaient donc beaucoup moins d’électricité -, le même nombre de blocs (avec leur taille maximale de transactions) étaient émis chaque jour.

Le fait de remplir ces blocs de nombreuses transactions peut donc même être vu comme très utile. Plus les blocs sont remplis d’échanges utiles, et moins le gâchis d’énergie est important, ce qui est exactement à l’image du surplus d’électricité gâché d’un barrage hydro-électrique.

Ne pas utiliser les cryptos, c’est ce qui serait réellement anti-écologique dans cette logique. Qu’on veuille ou non, ces réseaux tournent en permanence, donc autant s’en servir ! En fin de compte, parmi les diverses préoccupations écologiques, les NFT devraient être tout en bas de « l’échelle de Greta Thunberg ».

Rémy R.

Issu d’une formation universitaire en Sciences, je m’intéresse aux blockchains et à Bitcoin depuis 2013 et en ai même miné à l’époque. La bulle qui s'en est suivie m'en a détourné, mais je m'y suis replongé depuis 2017 et les étudie depuis avec passion.

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